62 personnes sont mortes au large de l’Italie. Combien d’autres les politiques anti-migrants tueront-elles ? | Laurent Marsili

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Ja photographie du corps d’Alan Kurdi, deux ans, gisant sur les côtes turques a fait la une des journaux en 2015. « Plus jamais ça », a crié une presse internationale indignée, après que Kurdi et sa famille syrienne se soient noyés en tentant de se mettre en sécurité en Europe.

La dernière tragédie en Méditerranée, qui a coûté la vie à au moins 62 personnes, dont des enfants, rappelle brutalement que rien n’a changé. Le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, a exprimé sa « profonde tristesse ». Le président italien, Sergio Mattarella, a averti que la tragédie ne devrait laisser « personne indifférent » et a lancé un appel à l’Union européenne. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis de « redoubler d’efforts ».

Il n’y a aucun doute sur leur sincérité personnelle. Et pourtant, les institutions qu’ils président portent la responsabilité de la perte continue de vies humaines en mer Méditerranée. La politique migratoire européenne continue de condamner chaque année plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à mort en Méditerranée.

Le gouvernement de Meloni a activement saboté les missions de recherche et de sauvetage dirigées par des ONG qui tentent de sauver des vies en mer. En vertu de la nouvelle législation de son gouvernement, les bateaux qui ont secouru des migrants à bord ne peuvent pas rester en mer pour poursuivre leur mission. Ils doivent se rendre dans des ports assignés basés dans le nord de l’Italie par les autorités italiennes, à des jours de navigation loin du principal théâtre d’opérations. Cela a entraîné une réduction drastique du temps que les navires peuvent consacrer à sauver des vies, et certainement une augmentation correspondante du taux de mortalité.

Des enfants parmi des dizaines tués dans le naufrage d’un voilier au large des côtes italiennes – vidéo

L’Europe, cependant, a une responsabilité plus profonde dans la perte de vies humaines en mer Méditerranée. Le bateau qui a chaviré au large de la Calabre venait de la lointaine Turquie. Pourquoi n’a-t-il pas essayé d’accoster dans une Grèce beaucoup plus proche ? La raison est double. En 2016, le gouvernement allemand, alors présidé par Angela Merkel, a conclu un accord de migration avec la Turquie qui, à ce jour, inonde le régime illibéral de Recep Tayyip Erdoğan d’argent européen en échange de l’autorisation d’envoyer tout réfugié arrivant en Grèce de manière irrégulière depuis la Turquie. là-bas.

En outre, l’Union européenne s’est employée à aider les pays des Balkans à investir dans le maintien de l’ordre et la gestion des frontières. Dans l’ensemble, les routes vers l’Europe via la Turquie, la Grèce ou les Balkans ont été bouclées, encourageant les migrants à voyager plus à l’ouest vers l’Italie.

Meloni, astucieusement, prétend qu’elle souhaite simplement reproduire en Afrique du Nord ce que l’Europe a déjà convenu avec la Turquie et les Balkans. L’Europe, dit-elle, devrait conclure des accords pour enfermer les migrants avant qu’ils ne fassent leur voyage.

Ce système est en partie déjà en place : des centaines de milliers de migrants sont illégalement détenus dans des camps de concentration de fortune en Libye dirigés par des milices, où la torture et le viol sont bien documentés. Cette mesure a été approuvée en 2017 par le gouvernement social-démocrate italien de Paolo Gentiloni, actuellement commissaire européen aux affaires économiques. Aussi immorales que puissent être les politiques de Meloni, leur immoralité est partagée par les institutions italiennes et européennes.

Les choses pourraient-elles être différentes ? Oui. Des centaines d’ONG, de plateformes civiles et de municipalités rassemblent depuis des années des propositions pour une approche européenne différente de la migration. Une mission européenne de recherche et de sauvetage devrait prendre les choses en mains publiques et mener des opérations régulières en mer Méditerranée.

Les migrants sauvés en mer devraient être redistribués dans l’UE et les accords entre États devraient s’accompagner d’un rôle accru pour les municipalités. Pourquoi la France devrait-elle empêcher, disons, Montpellier d’accueillir des migrants secourus ?

Comme l’affirme la mission italienne de recherche et de sauvetage Mediterranea, le trafic illégal d’êtres humains n’existe que parce qu’il n’existe pas de voies légales de migration vers l’Europe. L’UE doit définir des quotas annuels pour les visas de recherche d’emploi et faire en sorte que les formalités administratives soient traitées par ses consulats à travers le monde. L’Allemagne, avec ses récentes mesures visant à étendre les visas de travail directement au Ghana, montre la voie. Beaucoup préféreront une liste d’attente, aussi longue soit-elle, à une traversée de deux ans du désert et de la mer mettant leur vie en danger.

Enfin, les programmes de migration circulaire doivent être considérablement augmentés. La migration n’est jamais une bonne solution pour les pays d’origine, conduisant à une fuite des cerveaux et à l’éclatement des communautés. La circularité du travail permet aux migrants de venir régulièrement dans l’UE pour une période limitée. L’Espagne, par exemple, prévoit de former et d’employer un groupe de camionneurs marocains, en développant des programmes éprouvés dans le secteur agricole.

La dernière tragédie migratoire cause du chagrin et de la colère à tout être humain et représente une autre tache sur la conscience de tout Européen. Nous devons cependant regarder avec méfiance tout politicien offrant de l’empathie en guise de réponse. Nous n’avons plus besoin de larmes. Nous avons besoin que les politiques changent.

  • Lorenzo Marsili est philosophe, activiste et fondateur d’European Alternatives et de la Fondazione Studio Rizoma. Il est l’auteur de Planetary Politics: a Manifesto

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