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Exclusif
Statut : 01/03/2023 12h58
Les enquêteurs de l’Office fédéral de la police criminelle ont jusqu’à présent interrogé plus de 70 témoins d’éventuels crimes de guerre en Ukraine. Il faudra peut-être des années avant que les responsables puissent être tenus pour responsables.
Ce ne sont pas seulement des armes, des munitions et des fournitures humanitaires avec lesquelles l’Allemagne soutient l’Ukraine. Les criminalistes ukrainiens reçoivent également de l’aide, par exemple pour enquêter sur des crimes de guerre. Ce n’est qu’au cours des dernières semaines que l’Office fédéral de la police criminelle (BKA) a de nouveau envoyé plusieurs camions d’appareils pour les tests ADN, des pipettes, du matériel de centrifugation, des liquides réactifs et d’autres équipements de laboratoire médico-légal aux autorités ukrainiennes partenaires.
Le nombre d’enquêtes sur les crimes de guerre en Ukraine augmente presque quotidiennement. Les autorités ukrainiennes ont documenté plus de 60 000 cas à ce jour, comme l’a récemment annoncé le procureur général de Kiev. Il s’agit notamment d’attaques ciblées de l’armée russe contre des infrastructures civiles, de meurtres de civils, comme à Bucha l’année dernière, de tortures, de violences sexuelles et d’enlèvements d’enfants et de jeunes ukrainiens.
En Allemagne aussi, le pouvoir judiciaire enquête sur les atrocités qui ont été et sont commises en Ukraine. Peu de temps après le début de l’attaque russe en mars 2022, le procureur fédéral Peter Frank a ouvert de vastes enquêtes dites structurelles. Entre-temps, un nouveau département a été créé au sein de l’autorité de Karlsruhe, au sein duquel des experts en droit pénal international examinent de plus près le conflit.
Témoignages de victimes et de témoins
Le code pénal international local et le soi-disant principe de compétence universelle permettent à la justice allemande de punir de tels crimes même s’ils n’ont pas lieu en Allemagne et que ni l’auteur ni la victime ne sont des ressortissants allemands. Par exemple, des tortionnaires du régime syrien d’Assad en Allemagne ont déjà été reconnus coupables de crimes contre l’humanité.
Depuis environ un an maintenant, le BKA recueille des preuves de crimes de guerre en Ukraine au nom du procureur général, y compris du matériel photo et vidéo provenant de réseaux sociaux et d’autres sources librement accessibles. Mais aussi des images satellites de la Bundeswehr et des informations du Service fédéral de renseignement (BND) sont évaluées. Cependant, les déclarations des victimes et des témoins oculaires sont considérées comme particulièrement importantes.
Après WDRLe BKA a maintenant entendu 74 témoins de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité présumés en Ukraine. « Soixante-neuf témoins sont des personnes qui ont fui en Allemagne à cause de la guerre en Ukraine », a déclaré une porte-parole du ministère fédéral de l’Intérieur interrogée. Les autres auditions de témoins concernaient des ressortissants allemands qui se trouvaient en Ukraine pour diverses raisons.
Plus de 300 indices
Utilisant divers canaux, par exemple des questionnaires à l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) ou des informations sur Internet, le BKA a appelé les réfugiés ukrainiens à se manifester s’ils avaient subi de tels crimes ou en avaient entendu parler. Les enquêteurs ont déjà reçu plus de 300 conseils de cette manière. Il existe également plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) qui collectent également des informations et sont en contact avec les procureurs.
Jusqu’à présent, cependant, le BKA n’aurait identifié aucun suspect spécifique. Selon les autorités de sécurité, on peut supposer que les enquêtes se poursuivront très longtemps et que les mandats d’arrêt contre certaines personnes pourraient ne pas être effectivement disponibles avant quelques années.
Il est concevable que des soldats individuels ainsi que des commandants de haut rang des forces armées russes ou des dirigeants politiques du Kremlin puissent être accusés s’il peut être prouvé qu’ils ont ordonné les atrocités correspondantes. Toutefois, pour mettre la main sur ces personnes, il faudrait soit qu’elles soient faites prisonnières de guerre en Ukraine, soit qu’elles se rendent dans un pays dont les autorités mettent également en œuvre une demande internationale d’arrestation.
renforcer les droits des victimes
En novembre, le ministre fédéral de la Justice, Marco Buschmann, a invité les ministres de la Justice des pays du G7 à une conférence à Berlin pour discuter de la manière dont les crimes de guerre pourraient être poursuivis plus efficacement à l’avenir.
L’homme politique du FDP a récemment présenté un document d’orientation pour une réforme du droit pénal international et du code de procédure pénale. Entre autres choses, les lacunes en matière de responsabilité pénale doivent être comblées et les droits des victimes renforcés. Par exemple, l’esclavage sexuel doit être enregistré comme un nouvel élément du crime, et le ministre de la Justice souhaite que les victimes de crimes de guerre soient à l’avenir admises comme co-demandeurs dans les procédures allemandes.
Enquêtes internationales
Le gouvernement ukrainien a récemment appelé à un tribunal spécial pour poursuivre les crimes de guerre, par exemple commis par les Nations Unies. Au sein du gouvernement fédéral, cependant, cette proposition est considérée d’un œil plutôt critique, on craint fort qu’elle n’affaiblisse la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas, en tant qu’institution créée spécifiquement pour punir de tels crimes. Plus de 120 États reconnaissent la légitimité du tribunal pénal, sans compter la Russie, les États-Unis et la Chine.
Le procureur en chef de la Cour pénale internationale, le Britannique Karim Ahmad Khan, a annoncé des enquêtes approfondies sur la guerre en Ukraine en 2022 et envoyé ses procureurs dans le pays. En outre, les autorités judiciaires de plusieurs pays européens, dont l’Ukraine, la Pologne, la Lituanie, l’Estonie, la Slovaquie et la Lettonie, ont formé une équipe d’enquête conjointe (ECE) et ont annoncé qu’elles échangeraient leurs conclusions.
La justice américaine enquête désormais également sur les crimes de guerre dans la guerre en Ukraine.Le vice-président Kamala Harris a récemment déclaré dans un discours à la Conférence de Munich sur la sécurité que les autorités américaines avaient désormais officiellement accusé la Russie de crimes contre l’humanité.
En Ukraine, en mai 2022, un soldat de char russe a été condamné à la réclusion à perpétuité lors d’un premier procès pour avoir tué des civils. En deuxième instance, la peine a alors été réduite à quinze ans.
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