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Ouagadougou (AFP)- Dans Le Proces, ou « Le Procès », un bar de Ouagadougou, l’artiste et co-fondateur Patrick Kabre travaille la foule, faisant rire aux éclats avec ses observations sur le Burkina Faso d’aujourd’hui.
« Nous débattons de l’état de la nation. Nous avons besoin d’un juge pour rendre la décision – et nous en avons un ici! », dit-il.
Micro en main, Kabre ne manque pas de matière absurde ou sombre dans un pays où la frontière du chaos semble se rapprocher de plus en plus.
En moins de neuf mois, l’État appauvri et enclavé du Sahel a connu deux coups d’État militaires, chacun motivé par l’incapacité du régime renversé à lutter contre les attaques djihadistes meurtrières.
Devant le maître de cérémonie, un personnage colossal vêtu d’une robe de juge noire et rouge se déhanche doucement en musique, entouré d’une vingtaine de badauds souriants.
Il s’agit du barman Dao Moumine, qui a délaissé son comptoir quelques instants.
« Vous êtes au ‘Procès’, je suis le juge », a déclaré à l’AFP le géant en toge.
« Je sers la justice », a-t-il dit, faisant référence à la bière, « et la Cour pénale internationale », le rhum spécial de la maison.
Ce lieu insolite de débat libre, de musique et de poésie slam a ouvert ses portes en 2019.
Après une pause de la saison des pluies, il a rouvert samedi une semaine seulement après le dernier coup d’État du pays.
Le cliquetis des bouteilles et les coups de rhum donnent au décor un air de normalité lors de l’une des premières soirées musicales depuis le coup d’État militaire. Tout le monde partage les derniers potins et rumeurs militaires.
L’unité par la culture
Pour certains Européens présents, c’est leur première soirée. Il y a eu une recrudescence de slogans contre l’ancienne puissance coloniale française, et un certain nombre d’entreprises ont exhorté leur personnel expatrié à rester chez eux.
L’idée du bar, ouvert tous les week-ends dans le quartier de Goughin, est née entre amis qui voulaient « discuter des problèmes qui ont causé le chaos dans ce pays : la justice, l’impunité », a déclaré Kabre.
Théâtre d’une insurrection populaire pour mettre fin au long règne de Blaise Compaoré en 2014, le Burkina Faso a été durement touché l’année suivante par des attaques de groupes jihadistes qui se sont propagés depuis le Mali voisin.
La violence et l’instabilité politique ont donné lieu aux deux coups d’État de 2022. Le dernier a placé au pouvoir un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré.
« La solution à tout cela n’est ni militaire ni politique », a déclaré à l’AFP Ali Kiswinsida Ouedraogo, alias Doueslik, un slameur de 36 ans. « La solution est sociale… et elle passe par la culture. »
Le service se fait uniquement au comptoir, ce qui permet au juge Moumine, spécialiste de la comédie poétique, de prononcer des édits avant de servir l’ordonnance.
Il y a un côté sérieux au clown, dit-il : Le procès est à la fois une soupape de sécurité et un forum, qui, espérons-le, sensibilise les gens à la situation plus large du Burkina Faso et à ses problèmes.
« Les artistes doivent se produire. Des lieux comme celui-ci sont importants », a déclaré Ouedraogo.
Kabre veut que The Trial soit un lieu « arc-en-ciel » où toutes les nationalités peuvent se rassembler et « se parler, s’écouter ».
Tout le monde est le bienvenu, dit Kabre, qui joue ce soir-là avec un DJ allemand.
Il énumère des clients prestigieux qui sont venus dans son établissement : des officiers de l’armée, des ambassadeurs, voire des ministres du gouvernement – et, bien sûr, des magistrats.
© 2022 AFP
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