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jetalo Calvino, romancier, essayiste, critique, éditeur, éditeur, a vécu une vie qui semblait faite de mots. Comme son baron dans les arbres, l’aristocrate légendaire qui s’est échappé dans l’enfance vers la canopée supérieure d’une forêt, il a souvent semblé réticent à s’enraciner sur la terre ferme, préférant de loin les envolées de l’imagination.
Dans l’essai de titre ici, la pièce qui donne à cette collection sa philosophie directrice, il explique quelque chose de cette habitude d’esprit. Dans sa jeunesse, suggère-t-il, il croyait que les mondes fictifs pouvaient éclairer le monde réel et vice versa. En vieillissant, cependant, il a été tourmenté par le sentiment que si « dans les livres, l’expérience est toujours possible… sa portée ne s’étend pas au-delà de la marge blanche de la page ». Le monde extérieur, quant à lui, restait pour lui un mystère tenace et imprévisible, qui ne cessait de « me surprendre, de m’effrayer, de me désorienter ». Cette situation, selon Calvino, était particulièrement difficile pour un Italien. C’était un pays qui, dans sa politique, refusait les débuts, les milieux et les fins, un lieu « où se produisent de nombreuses choses mystérieuses, qui sont chaque jour largement discutées et commentées mais jamais résolues ; où chaque événement cache un complot secret ».
Tout au long de sa carrière d’écrivain, Calvino a trouvé des moyens brillants, comiques et tristes de dramatiser cette dislocation. Dans son roman de 1972 Villes invisibles, il demanda à Marco Polo de donner au Grand Khan un plan pour de nombreuses villes possibles, chacune Venise et non Venise. Dans Si sur un L’hiver Nuit un voyageur (1979), il a créé l’ultime histoire de chien hirsute sur l’expérience de la lecture d’histoires de chiens hirsutes. Et dans les croquis de son alter ego Monsieur Paloma (1983), il décrit la manière dont les cinq sens nous informent sur le monde et nous maintiennent enfermés dans notre propre tête : lorsqu’il observe les étoiles, confronté à l’infinité de la création, M. Palomar s’inquiète surtout de savoir s’il doit mettre ou enlever ses lunettes lors de l’utilisation d’un télescope.
Ces essais, qui reprennent les réflexions de Calvino sur la position assise et la procrastination, ainsi que certaines de ses préoccupations les plus familières avec les contes populaires et les limites de la science, ne sont pas seulement la trame de fond de sa méthode fictive, mais souvent une autre expression de celle-ci. Plusieurs viennent en réponse aux demandes des journaux. La réponse éventuelle de Calvino à un Libération spécial sur « pourquoi écrivez-vous? » devient une méditation non seulement sur ses doutes agités (« j’écris parce que je suis insatisfait de ce que j’ai déjà écrit et voudrais en quelque sorte le corriger et le compléter, proposer une alternative ») mais aussi une sorte de déconstruction de l’inconscient stratégies du processus créatif : « J’ai la pensée : Ah ! Comme j’aimerais écrire comme X ! Dommage que ce soit complètement au-delà de mes capacités ! Alors j’essaie d’imaginer cette entreprise impossible, je pense au livre que je n’écrirai jamais mais que j’aimerais lire, à mettre à côté d’autres livres bien-aimés sur une étagère idéale. Et soudain des mots, des phrases surgissent dans ma tête… »
Calvino a toujours apprécié la légèreté, une sorte d’écriture et de lecture qui était à l’opposé d’un dur labeur. Dans les critiques rassemblées ici, il invite souvent les lecteurs à sauter certains passages ou chapitres des livres en question. Dans son essai électrique sur Freeman Dyson Perturber l’univers, par exemple, il conseille aux lecteurs pressés de commencer par le chapitre trois, puis de s’assurer de descendre au chapitre 16 et ainsi de suite. Peu d’écrivains ou de lecteurs ont été plus conscients de la bataille entre l’absorption et la distraction face aux mots sur une page.
Il y a une sorte de comédie là-dedans, mais aussi une déclaration d’intention. Certains des essais ici abordent la théorie critique des post-structuralistes français, le nouveau roman d’Alain Robbe-Grillet. À certains égards, Calvino était un compagnon de route dans ce projet de refaire le roman, de trouver des moyens révolutionnaires pour retirer l’auteur de la pratique de l’écriture et de la lecture. Mais il était également conscient du fait qu’il y avait un orgueil inné dans les manifestes artistiques. Sa propre pratique était plus proche de celle de Beckett : essayez encore, échouez mieux.
Inévitablement, dans une collection comme celle-ci, il y a des pièces qui semblent un peu dépassées ou obscures. Mais il y a suffisamment de joyaux pour que les excursions en valent la peine. Il serait conseillé au lecteur pressé de s’arrêter au petit essai qui commence à la page 264, récit d’un jeu de société entre Montezuma et Cortés dans lequel les enjeux sont immenses – « pour les Mexicains la fin du monde… pour les Espagnols le début d’une nouvelle ère ». Ce qui suit est une courte histoire de l’impérialisme et de l’assujettissement, et un examen inspiré et ludique des visions du monde humaines rivales. C’est aussi un petit monde exquis fait de langage, celui dont Calvino se délectait, donc nous aussi.
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