La police allemande s’apprête à évacuer les manifestants d’une mine de charbon dans un village brûlant

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La police allemande a poursuivi mercredi le nettoyage d’un camp d’activistes anti-charbon dans une ville abandonnée qui est devenue emblématique de la lutte du pays pour s’éloigner des combustibles fossiles au milieu d’une crise énergétique.

Autrefois au nombre de 2 000, environ 200 militants anti-charbon restent dans le village de Luetzerath, dans l’ouest de l’Allemagne, qui doit être démoli pour permettre l’expansion de la mine de charbon voisine de Garzweiler.

Tôt mercredi, des centaines de policiers ont resserré un périmètre autour du camp de protestation avant le lever du soleil pour empêcher quiconque d’entrer, avant d’emménager à 08h00 (07h00 GMT) au son des alarmes déclenchées par les manifestants, qui ont averti que la prochaine étape de l’évacuation forcée avait commencé.

« Ils ont fait sortir de force l’équipe de premiers secours du camp », a déclaré à l’AFP Mara Sauer, porte-parole des militants. « Seuls certains ont pu rester cachés. »

Drapés dans des couvertures d’urgence pour conjurer le froid, certains de ceux qui restaient se sont accrochés à des arbres et à d’autres structures construites en hauteur loin de la police.

D’autres ont grimpé au sommet de bâtiments et de granges abandonnés, où ils ont utilisé des haut-parleurs pour lancer des chants contre la police ainsi que des chants d’encouragement pour leurs camarades militants.

Dans des scènes parfois surréalistes, la police a cherché à amadouer plusieurs militants ligotés dans des tonneaux en béton pour qu’ils renoncent à leur résistance, alors qu’un violoniste donnait un concert impromptu depuis le toit d’une maison abandonnée.

« On ne peut pas les détacher, pas aujourd’hui en tout cas. Pour ça, il faut des cisailles spéciales », a expliqué à l’AFP un policier.

« Nous avons d’autres choses à faire en ce moment, une chose à la fois », a déclaré un autre.

L’opération de déblayage peut durer des semaines

A Berlin, un porte-parole du gouvernement allemand a reconnu le débat « très émouvant » sur le sort de Luetzerath, mais a souligné qu’il existe une « situation juridique claire » permettant de déterrer le village pour le charbon qui « doit être respectée ».

« Cela fait partie de notre compréhension démocratique, cela fait partie d’un accord et c’est la loi en vigueur. Le gouvernement s’attend donc à ce que la loi soit respectée et la police est là pour faire respecter la loi », a-t-il déclaré.

Il a également mis en garde les manifestants contre toute violence, affirmant que le gouvernement n’avait « aucune sympathie » pour une telle action.

Malgré un tweet de la police exhortant les manifestants à « cesser et à s’abstenir de lancer des cocktails Molotov », la résistance des militants a été largement pacifique, les journalistes et les témoins sur le terrain n’ayant signalé que des échauffourées mineures.

Erle, une étudiante d’une vingtaine d’années, a déclaré à l’AFP qu’elle n’avait vu aucune violence de la part des manifestants ou de la police, dont beaucoup semblent avoir le même âge qu’elle.

« Tout s’est passé calmement, nous chantions des chants de Noël, puis un de mes camarades a été interpellé et j’ai été entraînée avec lui », a-t-elle déclaré.

La police a promis que les personnes détenues ne seraient pas arrêtées mais qu’elles seraient expulsées du camp et empêchées d’y retourner.

Un porte-parole de la police a déclaré mercredi que l’opération « pourrait durer plusieurs semaines » avec une autre manifestation prévue samedi.

Des personnalités de premier plan, dont Greta Thunberg et d’autres éminents militants pour le climat, sont attendues à la manifestation, prêtant des renforts aux manifestants.

RWE, la société énergétique propriétaire de la mine voisine, a tweeté mercredi que l’agrandissement du site était nécessaire en raison de la crise énergétique allemande, déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine.

Le « charbon de Luetzerath est nécessaire… pendant la crise énergétique et utilise donc moins de gaz pour la production d’électricité », a écrit la société, affirmant que la démolition avait passé un examen indépendant.

Bien qu’elle ait de nouveau recours au charbon pour alléger la pression sur les centrales au gaz alors que le pays s’est sevré de l’énergie russe, l’Allemagne affirme qu’elle ne déroge pas à son objectif de sortir du charbon en 2030.

(AFP)

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