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Téhéran (AFP) – L’Iran a condamné jeudi un appel du Parlement européen à mettre sur liste noire le Corps des gardiens de la révolution islamique en tant que groupe terroriste, ce qui ouvrirait la voie à des sanctions contre la puissante force militaire.
Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian « a vivement critiqué l’approche émotionnelle du Parlement européen et qualifié cette décision d’inappropriée et d’incorrecte », lors d’un appel téléphonique avec le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell.
Amir-Abdollahian a qualifié la résolution de mercredi de « dure et non professionnelle » et a averti que l’UE devait « réfléchir aux conséquences négatives de ce comportement émotionnel ».
L’état-major général des forces armées, l’organe militaire le plus élevé d’Iran qui supervise à la fois les gardes et l’armée régulière, a averti que cette décision « affectera la sécurité, la tranquillité et la paix régionales et mondiales, et le Parlement européen devrait faire attention à ses conséquences ».
Le président iranien Ebrahim Raisi est également intervenu, qualifiant la décision du Parlement européen d’acte de « désespoir ».
Le parlement avait exhorté mercredi « l’UE et ses États membres à inclure le CGRI sur la liste terroriste de l’UE au vu de son activité terroriste, de la répression des manifestants et de sa fourniture de drones à la Russie ».
Le vote n’est pas contraignant mais intervient alors que les ministres des Affaires étrangères de l’UE doivent déjà discuter du renforcement des sanctions contre Téhéran lors d’une réunion à Bruxelles la semaine prochaine.
Les gardes supervisent la force paramilitaire volontaire Basij, qui a été déployée contre les manifestations depuis la mi-septembre déclenchées par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation pour avoir prétendument violé le code vestimentaire iranien pour les femmes.
Les autorités affirment que des centaines de personnes, dont des membres des forces de sécurité iraniennes, ont été tuées et des milliers arrêtées au cours des plus de quatre mois de troubles civils.
La justice iranienne a confirmé 18 condamnations à mort en lien avec les « émeutes », selon un décompte de l’AFP. Quatre des condamnés ont été exécutés.
Détenus européens
Les Gardiens, formés peu après la révolution islamique de 1979, répondent au chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, et disposent de leurs propres forces terrestres, navales et aériennes.
Les États-Unis ont déjà placé à la fois le CGRI et sa Force Al-Qods, en charge des activités à l’étranger, sur sa liste des « organisations terroristes étrangères ».
Le président américain de l’époque, Donald Trump, a ordonné une frappe de drones en janvier 2020 en Irak qui a tué le commandant de la Force Al-Qods, le général Qasem Soleimani.
Le chef de la diplomatie iranienne a souligné lors de l’appel téléphonique avec Borrell que le CGRI est une « institution souveraine qui joue un rôle important et vital pour assurer la sécurité nationale de l’Iran et la sécurité de la région ».
Kyiv et ses alliés occidentaux accusent l’Iran de livrer des drones de combat à la Russie spécifiquement pour une utilisation dans la guerre en Ukraine, une allégation que Téhéran nie.
Un autre problème majeur entre Téhéran et l’Occident est la détention d’un certain nombre de ressortissants européens ces dernières années, notamment pour espionnage.
Les puissances occidentales affirment qu’ils sont détenus comme monnaie d’échange.
L’Iran a déclaré samedi avoir exécuté Alireza Akbari, un double ressortissant anglo-iranien, un ancien ministre de la Défense reconnu coupable d’espionnage pour le compte du Royaume-Uni.
Mardi, l’Iran a arrêté un ressortissant allemand pour avoir prétendument photographié des installations pétrolières dans le sud-ouest du pays, a rapporté un journal iranien.
L’Iran et les puissances occidentales ont également engagé des pourparlers intermittents depuis avril 2021 pour relancer l’accord nucléaire historique de 2015 qui a accordé un allégement des sanctions à l’Iran en échange de restrictions sur son programme nucléaire.
L’accord ne tient qu’à un fil depuis 2018, lorsque Trump a unilatéralement retiré les États-Unis et réimposé des sanctions économiques mordantes, incitant l’Iran à commencer à revenir sur ses propres engagements.
© 2023 AFP
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