Les sans-papiers dénoncent « l’exploitation » sur les sites des JO de Paris

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Gaye Sarambounou a l’habitude de travailler de longues journées pour une bouchée de pain. C’est un Malien vivant en France sans papiers de travail, mais c’est une situation qui se produit partout dans le monde.

La différence ici est que Sarambounou fait partie d’une armée d’ouvriers du bâtiment qui préparent les Jeux olympiques de l’année prochaine à Paris.

Le fait que la prochaine vitrine sportive de la France soit construite avec l’aide de travailleurs illégaux devient une source de tension politique et sociale.

Pendant trois mois, Sarambounou, 41 ans, a travaillé entre huit et onze heures pour 80 euros par jour.

De toute évidence, « les heures supplémentaires n’étaient jamais payées », a-t-il déclaré avec regret.

« J’ai accepté parce que je connais ma situation. Si vous n’avez pas de papiers, vous faites tout le travail dur, tous les boulots de merde. Vous n’avez pas le choix », a-t-il déclaré en faisant bouillir de l’eau sur une cuisinière posée sur le sol du minuscule chambre qu’il partage avec quatre compatriotes.

« Tout le monde sait ce qui se passe, mais personne n’en parle », a déclaré en souriant Sarambounou, expulsé d’un chantier olympique l’année dernière après une descente des inspecteurs du travail.

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Pour le syndicaliste Bernard Thibault, qui co-préside le Comité de suivi de la Charte sociale Paris 2024, il y a « beaucoup d’hypocrisie de la part des autorités politiques ».

Signe de l’inquiétude, l’inspection du travail a créé une cellule spécialisée qui contrôle près d’un site par jour depuis deux ans.

En juin, neuf travailleurs irréguliers ont été identifiés sur un chantier géré par Solideo, l’entreprise publique chargée de la construction d’installations et d’infrastructures pour les JO.

Parallèlement, un parquet local a ouvert une enquête préliminaire pour « emploi d’étrangers sans titre en bande organisée ».

Solideo a rapidement « pris les mesures nécessaires » en résiliant le contrat du sous-traitant fautif mais aussi du géant du BTP qui l’utilisait, a indiqué Antoine du Souich, directeur de la stratégie de l’entreprise.

Depuis, les procédures se sont durcies, a-t-il assuré, tout en admettant qu’il est impossible de mettre en place un système « entièrement étanche » à de telles fraudes.


Travailleurs migrants au Qatar. © FRANCE 24 / Chloé Domat

« Tous ces beaux stades sont construits par des pauvres… qui sont exploités », a déclaré un autre ouvrier malien, qui a requis l’anonymat.

« C’est toujours à 80 % des immigrés qui font le boulot. On voit des Maliens, des Portugais, des Turcs. Et des Français… dans les bureaux ! il ajouta.

Les travailleurs maliens ne demandent rien d’autre que d’être régularisés pour ne pas avoir à vivre dans la peur d’un contrôle d’identité.

Le syndicat de gauche CGT s’apprête à déposer une candidature pour que Sarambounou reçoive ses documents de travail.

S’il les obtient dans les 18 mois, les difficultés récentes ne ressembleront qu’à un mauvais rêve, dit-il.

« Je serai légal pour les Jeux ! »

(AFP)

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