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Ofaîtes le tour de la nouvelle exposition Re:Imagining Musicals au V&A de Londres et découvrez un contraste fascinant. Parmi les 100 objets exposés figurent des costumes, des accessoires, des affiches et une vidéo kaléidoscopique des 30 comédies musicales enregistrées par le service des archives du musée. Mais les observateurs attentifs remarqueront à la fin un minuscule panneau en médaillon montrant un gars solitaire écoutant de vieux disques sur son gramophone. Parmi les pochettes d’albums que j’ai repérées, il y avait Valmouth: une comédie musicale de Sandy Wilson de 1958 qui a un culte dédié.
C’est un rappel frappant que si les comédies musicales ont un attrait pour le marché de masse, elles attirent également les obsessionnels qui peuvent vous dire quels numéros ont été coupés de la mise en scène de 1964 de Tout le monde peut siffler de Sondheim. Ce qui est bien dans cette exposition, c’est qu’elle est susceptible de séduire à la fois les publics : ceux pour qui la comédie musicale est la forme ultime d’évasion du showbiz et les collectionneurs d’arcanes théâtraux. Les deux catégories ne s’excluent pas mutuellement et j’avoue qu’à des moments différents, j’aurais pu m’inscrire dans l’un ou l’autre groupe.
Les premiers trouveront de quoi se régaler dans l’exposition qui se divise en gros en trois sections : les comédies musicales inspirées de la littérature et du cinéma, celles qui prennent pour point de départ l’histoire et celles qui découlent de la vie des gens. Comme le souligne le commissaire de l’exposition, Simon Sladen, tout est couvert « du premier folio à la Reine des neiges », mais je soupçonne que beaucoup de gens seront attirés au départ par les costumes exposés : voici la robe perlée de Cecil Beaton portée par Julie Andrews dans My Fair Lady , la tenue sertie de diamants portée par Satine au Moulin Rouge ! La comédie musicale et même un casque à plumes qui ornait le gros bonce de Danny La Rue lorsqu’il jouait le rôle principal dans Hello Dolly!
Mais le geek en moi était intrigué par les émissions représentées dont j’ai peu ou pas de souvenir. Si j’ai vu une comédie musicale de Leslie Bricusse de 1977, Kings and Clowns, sur la vie privée d’Henry VIII, elle a été bannie de ma mémoire. Il en va de même pour Abbacadabra, un spectacle de Noël de 1983 au Lyric Hammersmith produit par Cameron Mackintosh et mettant en vedette Elaine Paige, qui a déployé des chansons à succès d’Abba bien avant Mamma Mia! Mais je sais avec certitude que je n’ai jamais vu – ni beaucoup d’autres – une comédie musicale de 1977 intitulée Nefertiti qui est morte sur la route de Chicago sans jamais se rendre à Broadway.
L’errance dans l’exposition a provoqué une crise d’énumération. Quelqu’un a clairement pensé une fois qu’une comédie musicale sur une reine égyptienne du XIVe siècle avant JC serait un bon sujet pour une comédie musicale, mais qu’en est-il de tous les autres choix malheureux? Le haut de ma liste serait The Lieutenant, une comédie musicale de Broadway de 1975 sur le massacre de civils à My Lai au Vietnam en 1968 : sans surprise, elle s’est terminée après neuf représentations. Puis de nouveau à Londres en 1971, il y avait une comédie musicale, avec des paroles de Don Black, intitulée Maybe That’s Your Problem, qui traitait de l’éjaculation précoce : comme Michael Coveney l’a souligné, c’est parti rapidement. Dans mes premières années en tant que critique, j’ai vu des comédies musicales sur Bernadette de Lourdes et Thomas Becket et Henri II qui ont fait halluciner et une adaptation de Tom Brown’s Schooldays qui comportait inexplicablement un spectacle de flamenco par un groupe de danseurs du Warwickshire.
Mais l’exposition m’a aussi fait penser à des comédies musicales que j’aimerais revoir. Mon premier choix serait une comédie musicale de Frank Loesser de 1956, The Most Happy Fella, qui éclate de grands airs : j’en ai parlé à plusieurs producteurs qui sont tous d’accord sur la partition mais disent que le livre, qui traite d’un viticulteur californien et une mariée par correspondance, devrait être réécrite. Si présenté comme une pièce d’époque des années 1950, je pense toujours que cela pourrait fonctionner.
Un autre spectacle négligé de la fin des années 50 est Make Me An Offer qui a commencé sa vie à Stratford East puis a déménagé, sous la direction de Joan Littlewood, dans le West End. Avec la musique et les paroles de Monty Norman et David Heneker et un livre de Wolf Mankowitz, il s’agissait des aspirations d’un humble antiquaire. À ce jour, je me souviens encore de Daniel Massey chantant de manière poignante « Je veux un enfermement sur la route de Portobello », une jeune Sheila Hancock arrêtant le spectacle avec un numéro intitulé Isn’t It Romantic et un Roy Kinnear en sueur se tournant vers le public et gémissant: « Dix ans de représentant et me voilà en train de remuer des meubles pour Joan Littlewood. »
La comédie musicale, je m’en rends compte, a évolué. C’est l’âge de Hamilton, Wicked et Everybody’s Talking About Jamie. Bien que tout cela soit reconnu au V&A, l’exposition donne une licence pour rêver. En fait, je peux facilement m’identifier à ce vieillard grisonnant aperçu à la toute fin habitant son propre monde de fantaisie musicale.
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