En Ukraine, les résonances de Nuremberg

Comment la Russie accusée d’enlever des enfants est mise en cause devant la CPI

La Russie est accusée de kidnapper des milliers d’enfants ukrainiens pour les transformer en citoyens russes patriotes, selon la commissaire russe aux droits de l’enfant, Maria Alekseyevna Lvova-Belova. Toutefois, ces accusations ont été rejetées par le Kremlin et le président Vladimir Poutine a récemment effectué une visite dans un centre pour enfants en Crimée pour souligner son mépris pour les allégations. Néanmoins, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre Poutine et la commissaire russe pour les charges de déportation massive d’enfants ukrainiens. Ces accusations sont comparables à celles du procès Race and Settlement à Nuremberg en 1949, où des responsables de différentes organisations SS ont été accusés de kidnapping d’enfants polonais et d’autres enfants de leur pays d’origine pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cas des enfants déportés d’Ukraine, Lvova-Belova a déclaré qu’au début, ils ont montré de la « négativité », y compris un groupe de 30 enfants de Marioupol qui ont chanté l’hymne national ukrainien et scandé « Gloire à l’Ukraine ». Lvova-Belova a également noté avec satisfaction que l’attitude des enfants s’est « transformée en un amour pour la Russie ».

Les procureurs de la CPI prévoient d’inculper Poutine pour un crime de guerre – celui de la « déportation illégale » d’enfants ukrainiens. La CPI a également la possibilité d’inculper Poutine pour d’autres crimes de guerre, tels que les viols et les «attaques contre des écoles ou des hôpitaux». Bien que la Russie n’ait pas ratifié le Statut de Rome régissant la CPI, l’Ukraine, quant à elle, accepte la compétence de la cour, permettant à la CPI de poursuivre les crimes de guerre commis dans ce pays. Certains avocats internationaux ainsi que des responsables du Kremlin affirment toutefois que la CPI est sur un terrain juridique fragile avec les mandats d’arrêt contre Poutine et Lvova-Belova.

Cette situation rappelle le procès Race and Settlement à Nuremberg, qui avait pour but de montrer clairement au monde les horreurs nazies, de délégitimer les nazis aux yeux des Allemands et d’établir le crime d’agression en droit international. Pour les procureurs de Nuremberg, le but des procès n’était pas seulement d’obtenir des condamnations et le châtiment des criminels de guerre, mais aussi de montrer au monde les horreurs nazies. Charles Wyzanski, un célèbre juriste américain, considérait les procès de Nuremberg comme «de la haute politique déguisée en droit», mais les dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, que le procès Race and Settlement a contribué à façonner, sont largement considérées comme contraignantes pour toutes les nations, qu’elles soient parties à la convention ou non.

Aujourd’hui, le procureur en chef de la CPI, Karim Khan, dit être encouragé par l’empressement de tous les acteurs à tenir la Russie responsable. Cependant, certains craignent qu’un tribunal spécial ne rencontre les mêmes doutes et obstacles que les procès de Nuremberg. À la CPI, Khan estime qu’il a une cour bien établie et compétente pour juger de cette affaire, qui est avant tout une question de normes de comportement de base qui garantissent la responsabilité et la sécurité.

En conclusion, les accusations portées contre la Russie devant la CPI rappellent les procès de Nuremberg. Alors que les réserves juridiques et politiques subsistent quant à la validité des mandats d’arrêt contre Poutine et Lvova-Belova, la CPI estime avoir la compétence pour poursuivre la Russie en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La CPI prévoit d’inculper Poutine pour le crime de déportation illégale d’enfants ukrainiens, mais d’autres charges pourraient être ajoutées. Cette affaire souligne également l’importance du droit international dans le maintien de la paix et de la sécurité et met en lumière les normes de comportement de base qui garantissent la responsabilité et la sécurité des populations.

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