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Le Premier ministre du Burkina Faso a exclu mardi les négociations avec les insurgés djihadistes qui contrôlent des pans entiers du pays, tout en suggérant que les risques sécuritaires pourraient retarder le retour du pays à un régime civil.
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Ses commentaires aux législateurs sont intervenus alors que les responsables ont signalé la mort d’environ 40 personnes lors d’attaques du week-end attribuées à des combattants islamistes.
« Nous ne négocierons jamais, ni sur l’intégrité territoriale du Burkina Faso, ni sur sa souveraineté », a déclaré Apollinaire Kyelem de Tambela à l’Assemblée législative de transition.
Le Burkina Faso est dirigé depuis 2022 par une junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, qui a promis un retour à la démocratie avec des élections présidentielles d’ici juillet 2024.
Mais de Tambela a suggéré que les attaques pourraient voir ce délai repoussé.
« Nous ne pouvons pas organiser d’élections sans sécurité. Si vous avez une baguette magique pour nous assurer que nous pouvons organiser des élections dès que possible, nous le ferons », a déclaré de Tambela aux représentants.
« Si nous organisons des élections maintenant, alors qu’une partie de notre territoire est inaccessible, ils diront que celui qui est élu a été mal élu », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que le gouvernement visait à doubler le nombre de volontaires pour la milice de défense civile VDP à 100 000 dans le cadre de l’engagement de Traoré de reprendre les 40 % du territoire du pays saisis depuis 2015 par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
« Les seules négociations qui comptent avec ces bandits armés sont celles qui se déroulent sur le champ de bataille », a déclaré de Tambela à l’Assemblée législative de transition.
Mardi également, des responsables régionaux ont déclaré qu’un convoi armé avait été pris pour cible samedi près de Bourasso près de la frontière malienne, une autre source locale affirmant que la plupart des victimes étaient des membres du VDP.
« L’attaque a causé la mort d’une vingtaine de personnes, principalement des VDP », a indiqué la source sous couvert d’anonymat.
Le gouvernement régional n’a pas donné de bilan, mais a affirmé que 18 insurgés avaient été blessés et capturés.
Une source sécuritaire a confirmé l’attaque du convoi, ajoutant que les appuis aériens appelés par la suite avaient « neutralisé » une trentaine d’insurgés.
La source a également indiqué qu’une vingtaine de personnes ont été tuées dans la même région dimanche, lorsque des djihadistes présumés ont attaqué Ouakara, un village à environ 100 kilomètres (60 miles) de Bourasso.
Un habitant a indiqué à l’AFP que le bilan pourrait s’alourdir.
« Beaucoup de gens ont quitté le village pour Nouna ou Dédougou, car les terroristes leur ont donné un délai de 72 heures pour quitter le village », a déclaré l’habitant.
« Peu importe le prix »
Depuis qu’il a pris le pouvoir, Traoré a évincé la force militaire française déployée pour aider à combattre les djihadistes dans plusieurs pays du Sahel, et est soupçonné au lieu d’envisager l’aide militaire russe.
Après une série d’attentats sanglants depuis le début de cette année, la junte a annoncé en avril une mobilisation générale des forces armées.
Depuis 2015, les violences ont fait plus de 10 000 morts, civils et militaires, selon les ONG, et déplacé quelque deux millions de personnes.
De Tambela a indiqué mardi que « grâce à nos efforts » plus de 20.000 ménages, représentant plus de 125.000 personnes, « sont retournés dans leurs régions », sans donner plus de détails.
« Nous défendrons notre territoire et nos populations coûte que coûte », a-t-il déclaré.
Le VDP – Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) – est composé de volontaires civils qui reçoivent une formation militaire de deux semaines.
Ils travaillent ensuite aux côtés de l’armée, exerçant généralement des fonctions de surveillance, de collecte d’informations ou d’escorte.
La force est l’une des pierres angulaires de la stratégie anti-djihadiste de Traoré.
Mais depuis sa création en décembre 2019, le VDP a subi des centaines de victimes, notamment dans des embuscades ou des bombardements en bordure de route.
Malgré les pertes élevées, les autorités ont lancé l’année dernière une campagne de recrutement réussie pour la force.
Environ 90 000 personnes se sont inscrites en réponse à un appel au patriotisme, dépassant de loin l’objectif de 50 000.
(AFP)