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Le président français Emmanuel Macron a cherché à se faire aimer des Européens de l’Est mercredi 31 mai, mais a répété les avertissements selon lesquels le bloc était trop dépendant de Washington en matière de défense et restait ambigu quant aux garanties de sécurité que l’Occident pourrait offrir à l’Ukraine.
S’exprimant lors de la conférence annuelle du groupe de réflexion GLOBSEC à Bratislava, Macron a réitéré son appel à une « défense européenne » plus commune et à un « pilier européen dans l’OTAN ».
Les deux sont indispensables pour que l’Europe « soit légitime, qu’on le veuille ou non », a-t-il déclaré dans un discours qu’une source de l’Elysée a décrit comme un mouvement vers l’Europe centrale et orientale.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Macron avait inventé le terme « d’autonomie stratégique européenne », décrivant un État où les membres du bloc s’émanciperaient des autres puissances mondiales dans la prise de décision et gagneraient en autonomie.
Le président français a été vivement critiqué pour avoir qualifié l’alliance militaire de l’OTAN de « mort cérébrale », provoquant une réaction violente de tout le continent, en particulier de l’Est, où la menace de la Russie fait partie intégrante de la politique.
« J’ai eu un mot dur pour l’OTAN en décembre 2019 », a déclaré Macron dans son discours à GLOBSEC, « mais aujourd’hui, je peux dire que Poutine l’a réveillé avec le pire type d’électrochoc ».
Après avoir cherché à rassurer les Européens de l’Est et du Centre sur les menaces russes et l’engagement de Paris envers l’OTAN, Macron s’est ensuite concentré sur le rôle de l’UE dans le soutien à l’Ukraine.
Quelles garanties de sécurité ?
Son allocution intervient alors que les alliés occidentaux de l’Ukraine se préparent pour un sommet crucial de l’OTAN à Vilnius à la mi-juillet, où ils espèrent trouver une feuille de route pour soutenir la candidature de l’Ukraine à l’adhésion et promettre une assistance à long terme, ainsi que réorganiser les plans de défense et de dissuasion et augmenter les dépenses.
À Bratislava, Macron a souligné que Paris serait « favorable à donner à l’Ukraine des garanties de sécurité tangibles et crédibles », sans entrer dans les détails de ce à quoi elles pourraient ressembler exactement.
« Si nous voulons une paix crédible et durable, si nous voulons avoir du poids face à la Russie, si nous voulons être crédibles auprès des Ukrainiens, nous devons donner à l’Ukraine des garanties pour empêcher toute nouvelle agression et inclure l’Ukraine dans une architecture de sécurité crédible, pour nous-mêmes », a-t-il ajouté.
Pressé par une question du public si cela inclurait le soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, Macron a répondu :
« Nous devons construire quelque chose entre la sécurité fournie à Israël et l’adhésion à part entière à l’OTAN. Il n’est pas sûr qu’il y ait un consensus sur l’adhésion à part entière.
Macron a précédemment appelé activement à une nouvelle « architecture de sécurité européenne », ce qui a attiré les critiques des pays bellicistes d’Europe centrale et orientale, qui ont soutenu que le temps de guerre n’est pas le moment de remodeler le système mondial et d’exhorter d’abord à trouver un usage pour la paix dans la guerre pays déchiré, et y voyant une offrande de paix au Kremlin.
A Bratislava, Macron n’a pas manqué de souligner l’attachement de la France à l’article 5 de l’Otan, à la clause de défense mutuelle et à la « garantie de sécurité intérieure » de l’alliance militaire, réservée aux membres.
Paris a envoyé environ 300 hommes en Estonie et plus de 1 200 soldats en Roumanie dans le cadre du renforcement de la présence avancée de l’OTAN à l’Est pour dissuader l’agression de la Russie contre l’alliance. Il est également impliqué dans la police de l’air au-dessus des États baltes.
L’UE est « numéro un »
« L’administration américaine sera-t-elle toujours la même ? Nous ne pouvons pas déléguer notre sécurité collective aux électeurs américains », a déclaré Macron. « C’est aussi ce que nous demandent les Etats-Unis, mieux partager le fardeau ».
Le commentaire faisait écho à sa récente interview sur la Chine, où il appelait à une politique européenne indépendante sur Taïwan, pour éviter d’être entraîné dans un conflit par les États-Unis, ce qui a de nouveau provoqué un retour de bâton contre Paris.
En matière de défense, l’Europe « doit harmoniser les normes, développer une base industrielle et technologique européenne, diminuer les dépendances », a-t-il dit.
« Il faut s’appuyer sur l’interopérabilité de l’OTAN mais aussi construire des capacités entre Européens, en sachant engager ensemble des forces conjointes, dans les domaines du voisinage, du cyber, de l’espace et du maritime », a également plaidé Macron dans son discours de 45 minutes.
« C’est à nous, Européens, d’avoir notre propre capacité à nous défendre et à gérer notre voisinage, et pas seulement sur le flanc Est. »
L’UE est actuellement en train de mettre en place une force de 5 000 hommes pour aider en temps de crise dans le voisinage des États membres.
Paris accueillera également une conférence sur la défense aérienne le 19 juin, réunissant tous les ministres européens de la défense, a annoncé le président, suite à sa proposition faite lors de la conférence de Munich sur la sécurité en février.
[Edited by Alexandra Brzozowski/Zoran Radosavljevic]