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Les procureurs ont qualifié l’incident survenu à la frontière biélorusse de « malheureux accident ».
Un Syrien a été abattu près de la frontière avec la Biélorussie après qu’un soldat polonais aurait « trébuché ».
Annonçant que la police militaire enquêtait, Radoslaw Wiszenko, adjoint aux affaires militaires du procureur du district de Bialystok-Polnoc, a déclaré dimanche à l’agence de presse polonaise (PAP) que « le malheureux accident » était dû à un « trébuchement d’un soldat ».
Le demandeur d’asile signalé a été transporté vers un hôpital à Hajnówka, une ville du nord-est de la Pologne, près de la frontière biélorusse.
Par ailleurs, le corps d’un autre homme – qui serait lui aussi originaire de Syrie – a été découvert à proximité. Rien n’indique que les deux incidents soient liés.
Lundi, l’ONG Grupa Granica (Groupe Frontalier) – qui vient en aide aux réfugiés et migrants en Pologne – a déclaré qu’elle soutenait le Syrien de 22 ans hospitalisé, en lui apportant une assistance juridique et psychologique.
Il serait dans un état stable, en attente d’une intervention chirurgicale, mais il risque de paralysie.
Grupa Granica affirme que l’homme a été abattu d’une balle dans le dos après avoir traversé quelques kilomètres vers la Pologne avec un groupe d’autres Syriens.
« Il a entendu un seul cri incompréhensible venant de derrière lui, suivi immédiatement d’un coup de feu, le projetant au sol », ont-ils écrit sur Facebook.
L’homme aurait entendu trois autres coups de feu après s’être effondré.
« Au moment de l’incident, il faisait clair, bien avant le coucher du soleil, donc les soldats ont dû les voir clairement », a écrit Grupa Granica.
On ne sait pas ce qui est arrivé aux autres membres du groupe avec lequel il se trouvait.
Des soldats sont ensuite arrivés et ont appelé une ambulance pour l’homme, qui souhaite désormais demander une protection internationale en Pologne.
Piotr Czaban, un militant humanitaire polonais, a rapporté pour la première fois samedi qu’un Syrien avait été abattu, « la balle étant restée coincée dans sa colonne vertébrale ».
Le soldat anonyme risque jusqu’à trois ans de prison, pouvant aller jusqu’à huit s’il est grièvement blessé ou décède, pour manipulation imprudente d’armes et blessure involontaire d’autrui, rapporte PAP – une agence de presse publique polonaise.
La crise migratoire oubliée de l’Europe
Pologne – aux côtés la Lituanie voisine – est aux prises avec une crise des migrants, qui, selon eux, est facilitée par la Biélorussie comme une forme de « guerre hybride ».
Les responsables biélorusses ont été accusés d’avoir percé les barrières frontalières et de faire passer de grands groupes de migrants, ainsi que de les guider vers des points faibles, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
Des dizaines de milliers de migrants ont tenté de traverser la frontière vers cet État d’Europe de l’Est depuis 2021, faisant de nombreux blessés ou tués à la frontière.
Les gardes-frontières polonais ont été accusés à plusieurs reprises de repousser violemment les migrants vers la Biélorussie – une pratique illégale au regard du droit international.
Même si la Biélorussie instrumentalise la migration, les observateurs affirment que les États devraient respecter les droits de l’homme et respecter leurs obligations internationales.
Les militants affirment que le corps de l’homme retrouvé à la frontière biélorusse est le 55e décès confirmé au cours de ce que l’on appelle la crise migratoire oubliée de l’Europe.
La police et les procureurs ont déclaré à PAP qu’ils tentaient actuellement de confirmer son identité et les circonstances de la mort de l’homme.
Mais il semblerait qu’il s’agisse d’un Syrien que les militants et les autorités recherchaient auparavant.
Selon les estimations des gardes-frontières polonais, il y a déjà eu 24 000 tentatives de franchissement illégal cette année.