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Les envoyés des principaux pays se réuniront lundi 11 mars dans les Caraïbes pour aborder la situation qui ne cesse de s’aggraver en Haïti, alors que la violence des gangs a paralysé la capitale pauvre de cette nation insulaire et forcé les diplomates étrangers à fuir ce week-end.
Les groupes criminels, qui contrôlent déjà une grande partie de Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du pays, ont semé le chaos ces derniers jours en tentant de renverser le Premier ministre Ariel Henry à la tête du pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental.
La CARICOM, une alliance de nations des Caraïbes, a convoqué des envoyés des États-Unis, de la France, du Canada et des Nations Unies à une réunion en Jamaïque pour discuter de la violence et des moyens de fournir une assistance à Haïti.
Dimanche, le vice-président du Guyana, Bharrat Jagdeo, a déclaré que les pays « chercheraient à rétablir l’ordre et à restaurer une certaine confiance dans le peuple haïtien ».
« Les criminels ont désormais pris le contrôle du pays. Il n’y a pas de gouvernement, c’est une société en faillite », a-t-il ajouté.
Avec un dysfonctionnement croissant, des corps ont été vus gisant dans les rues de Port-au-Prince et les troubles ont provoqué le déplacement de 362 000 Haïtiens, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Dimanche, les États-Unis ont annoncé avoir évacué par avion le personnel américain non essentiel de leur ambassade à Port-au-Prince.
L’armée américaine a en outre déclaré avoir « mené une opération visant à renforcer la sécurité de l’ambassade américaine à Port-au-Prince, à permettre la poursuite des opérations de notre mission et à permettre au personnel non essentiel de partir ».
Un porte-parole du Département d’État a déclaré que l’ambassade « reste néanmoins ouverte, avec des opérations limitées » avec un personnel réduit.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a par ailleurs déclaré que son ambassadeur s’était joint à d’autres représentants de l’Union européenne pour partir dimanche vers la République dominicaine.
« En raison de la situation sécuritaire très tendue en Haïti, l’ambassadeur d’Allemagne et le représentant permanent à Port-au-Prince sont partis aujourd’hui pour la République dominicaine avec des représentants de la délégation de l’UE », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère, ajoutant qu’ils travailleraient à partir de là « jusqu’à nouvel ordre ».
Attaques de gangs
Samedi, des dizaines d’habitants ont cherché refuge dans des bâtiments publics, certains ayant réussi à s’introduire dans un établissement, selon un correspondant de l’AFP.
Et la police a repoussé vendredi soir les attaques des gangs, notamment contre le palais présidentiel, et plusieurs « bandits » ont été tués, a déclaré Lionel Lazarre du syndicat de la police haïtienne.
Les gangs bien armés ont récemment attaqué des infrastructures critiques, dont deux prisons, permettant à la plupart de leurs 3 800 détenus de s’échapper.
Aux côtés de quelques Haïtiens ordinaires, les gangs cherchent à obtenir la démission du Premier ministre Henry, qui devait quitter ses fonctions en février mais a plutôt accepté un accord de partage du pouvoir avec l’opposition jusqu’à la tenue de nouvelles élections.
Washington a demandé à Henry de mettre en œuvre des réformes politiques urgentes. Il se trouvait au Kenya lorsque les violences ont éclaté et serait désormais bloqué sur le territoire américain de Porto Rico.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert en octobre à une mission multinationale de police dirigée par le Kenya, mais ce déploiement a été bloqué par les tribunaux kenyans.
Sans abri et « en fuite »
Port-au-Prince et l’ouest d’Haïti sont soumis à l’état d’urgence depuis un mois et un couvre-feu nocturne est en vigueur jusqu’à lundi, même s’il est peu probable que la police, surchargée, puisse le faire respecter.
A Port-au-Prince, Filienne Setoute a raconté à l’AFP avoir travaillé pendant plus de 20 ans au ministère des Affaires sociales et du Travail.
Ce travail lui a permis de « construire ma propre maison », a-t-elle déclaré. «Mais maintenant, me voilà, sans abri. Je m’enfuis sans savoir où aller, c’est un abus.»
L’aéroport d’Haïti est resté fermé tandis que le port principal – un point clé pour les importations alimentaires – a signalé des pillages depuis la suspension des services jeudi.
Signe d’espoir, une paroisse catholique a déclaré dimanche que quatre missionnaires et un associé avaient été libérés après avoir été kidnappés le mois dernier à Port-au-Prince, où les enlèvements sont devenus monnaie courante.
Agitant le drapeau russe, ces militants de #Haïti disent qu’ils veulent mettre fin aux relations abusives avec l’Amérique et former une union avec la Russie, la Chine, le Venezuela et Cuba. Ils disent qu’ils ne demandent pas une occupation étrangère, mais une coopération pour aider Haïti à avancer. pic.twitter.com/XZwxX5cyGF
— Madame Boukman – Justice 4 Haïti 🇭🇹 (@madanboukman) 23 mars 2021