Facteurs multiples rendant les aéroports allemands moins séduisants

Facteurs multiples rendant les aéroports allemands moins séduisants

Le trafic aérien en Allemagne connaît une reprise lente post-COVID, en raison de l’augmentation des taxes et des coûts d’exploitation. Plusieurs compagnies aériennes, dont Condor et Eurowings, réduisent leurs vols, citant des tarifs élevés et de nouvelles obligations environnementales comme raisons. Alors que la capacité de sièges est en hausse par rapport à l’année précédente, elle reste 13 % inférieure aux niveaux d’avant la pandémie. Les compagnies aériennes demandent des réductions de taxes pour stimuler l’offre.

Le secteur aérien en Allemagne reprend son essor après la crise de la COVID-19, mais à un rythme plus lent que dans de nombreux autres pays européens. Plusieurs facteurs poussent les compagnies aériennes à réduire leurs opérations dans les aéroports allemands.

Le mouvement de réduction des vols se poursuit dans les aéroports allemands. Après Ryanair et Eurowings, Condor a également annoncé une diminution de ses liaisons depuis Hambourg. Parallèlement, le directeur de Lufthansa, Carsten Spohr, avertit des possibles nouvelles restrictions sur les horaires de vol. Les impôts et taxes élevés imposés par l’État sont souvent cités comme raisons majeures de la stagnation du trafic aérien en Allemagne. Cette situation entraîne une hausse des prix des billets et l’imposition de nouvelles obligations financières.

Quelle est la situation actuelle des vols en Allemagne ?

Selon la Fédération allemande du transport aérien (BDL), entre septembre 2024 et février 2025, un total de 115,7 millions de sièges sera disponible pour les déplacements au départ, en direction et à l’intérieur de l’Allemagne. Cela représente une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente, mais demeure 13 % inférieur au volume de trafic d’avant la pandémie. En comparaison avec d’autres pays européens, l’Allemagne, avec un taux de récupération de 87 %, reste en retrait. En Europe, l’offre atteint 106 % de son niveau d’avant la crise. Les aéroports de taille intermédiaire, tels que Stuttgart (66 %), Düsseldorf (74 %), Cologne (75 %) et Berlin (76 %), affichent des horaires de vol particulièrement limités, tandis que Hambourg conserve une situation relative avec 86 % de ses horaires.

Quels sont les coûts qui préoccupent les compagnies aériennes ?

Les compagnies aériennes signalent plusieurs coûts importantes, notamment : la taxe sur le transport aérien, qui a été augmentée de 25 % depuis le 1er mai (passant de 15,53 à 70,83 euros en fonction de la distance), les redevances de navigation aérienne, ainsi que la taxe de sûreté pour le contrôle des passagers et des bagages à main. Actuellement, cette dernière pourra atteindre un montant maximum de 15 euros par passager l’année prochaine.

En plus de ces coûts, il y a les taxes de décollage et d’atterrissage, ainsi que de nouvelles exigences environnementales imposées par l’Union européenne. À partir de l’année prochaine, un pourcentage croissant de carburant durable (SAF) devra être incorporé, commençant par 2 %. Ce SAF, souvent fabriqué à partir de résidus d’huiles alimentaires, coûte environ quatre fois plus cher que le kérosène traditionnel.

À partir de 2030, un quota de carburant produit synthétiquement à partir de l’électricité verte devra également être respecté. Cependant, il n’existe pas encore de factory en Europe capable de le produire selon le procédé ‘Power-to-Liquid’ (PtL). L’Allemagne impose un sous-quota de PtL de 0,5 % dès 2026, une charge que Lufthansa estime impossible à atteindre, en raison de l’absence d’approvisionnement adéquat.

Dans l’ensemble, les frais d’exploitation dans les aéroports allemands s’avèrent nettement plus élevés que dans les pays européens voisins, comme l’indique l’association professionnelle ADV. Le coût moyen du décollage d’un Airbus A320 est d’environ 3500 euros en Allemagne, contre 1300 euros chez les pays voisins. Pour les vols long-courriers, les frais sont même jusqu’à quatre fois plus élevés que chez les concurrents européens.

Quelles liaisons ont été annulées ?

Le marché intérieur allemand a subi des pertes significatives. Selon la BDL, seulement un quart des sièges disponibles avant la pandémie sont enregistrés pour des vols intérieurs, sauf pour ceux desservant Francfort ou Munich. La décision d’Eurowings de supprimer la liaison entre Hambourg et Cologne illustre la tendance croissante des voyages d’affaires passant vers d’autres modes de transport comme le train ou la vidéoconférence.

À l’échelle internationale, les compagnies à services directs ont réduit leurs offres jusqu’à 78 % de leurs niveaux d’avant-crise. Le nombre de destinations accessibles directement depuis l’Allemagne diminue également, comme le souligne le Centre allemand pour l’aéronautique et l’aérospatiale (