La présidente moldave Maia Sandu dénonce une ingérence « sans précédent » alors que le référendum sur l’UE arrive à son terme.

La présidente moldave Maia Sandu dénonce une ingérence "sans précédent" alors que le référendum sur l'UE arrive à son terme.

Un référendum en Moldavie a révélé que 50,17 % des votants soutenaient l’adhésion à l’Union européenne, malgré des allégations d’ingérence extérieure. Le président Maia Sandu a dénoncé une fraude massive, tandis que son rival, Alexandr Stoianoglo, a boycotté le scrutin, qualifiant le processus de manœuvre politique. La Moldavie aspire à rejoindre l’UE d’ici 2030, un objectif compliqué par des tensions croissantes avec la Russie, exacerbées par l’invasion de l’Ukraine.

Lors du référendum critique en Moldavie sur l’adhésion à l’Union européenne, une majorité de 50,17% des votants ont choisi le « oui », selon des résultats presque définitifs publiés lundi. Cette décision a été entachée par les accusations de la présidente Maia Sandu, qui a parlé d’une « ingérence extérieure sans précédent » lors de ce vote jumelé de dimanche.

Le résultat est très serré, avec moins de 1,5% des votes encore à dépouiller, ce qui ne représente pas un soutien éclatant à la direction pro-européenne que Sandu a promue durant ses quatre années de mandat. Parallèlement, l’élection présidentielle a vu Maia Sandu obtenir 42 % des voix, tandis que son principal adversaire, l’ancien procureur général Alexandr Stoianoglo, a recueilli 26 %, ouvrant la voie à un second tour très disputé prévu pour le 3 novembre.

La Moldavie a franchi une étape importante en juin dernier en entamant les négociations formelles pour son adhésion à l’UE, avec l’objectif de rejoindre l’union d’ici 2030 sous la direction de Sandu. Depuis que cette dernière a dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les relations avec Moscou se sont nettement détériorées, la Moldavie diversifiant également son approvisionnement énergétique loin de la Russie.

Une politique étrangère équilibrée

Stoianoglo, s’il accède au pouvoir, envisage de développer une politique étrangère « équilibrée », établissant des liens avec l’UE, la Russie, les États-Unis et la Chine. Il a boycotté le référendum, le qualifiant de manœuvre destinée à favoriser la victoire de Sandu aux élections.

Des accusations sévères

Dès les premières heures de lundi, Maia Sandu a affirmé qu’il existait des « preuves évidentes » d’une tentative d’achat de 300 000 voix par des groupes criminels associés à des « forces étrangères hostiles ». Elle a qualifié ces actions de « fraude d’une ampleur sans précédent ».

Sandu a déclaré : « Des groupes criminels […] ont attaqué notre pays avec des dizaines de millions d’euros, des mensonges et de la propagande, usant des moyens les plus honteux pour maintenir nos citoyens dans l’incertitude et l’instabilité. »

Avant le vote, les autorités avaient exprimé à plusieurs reprises des inquiétudes concernant l’ingérence orchestrée par le magnat Ilan Shor, qui vit en Russie. La Russie, accusée par le gouvernement de Sandu de « russophobie », a rejeté ces allégations, tandis que Shor a nié toute implication illégale.

La police a incriminé Shor, condamné par contumace pour fraude, affirmant qu’il avait tenté de rémunérer au moins 130 000 électeurs pour qu’ils votent « non » et soutiennent « notre candidat ». Sur les réseaux sociaux, Shor a publiquement proposé de payer des Moldaves pour influencer le vote, qualifiant cela d’utilisation légitime de ses fonds.

Lundi matin, il a déclaré que les Moldaves avaient voté majoritairement contre le référendum. Avant le scrutin, les autorités ont éliminé les sites web diffusant de fausses informations et ont mis en lumière des initiatives en Russie visant à former les Moldaves pour créer des troubles. En parallèle, des procédures judiciaires ont été lancées contre certains alliés de Shor.

D’après les premiers résultats de dimanche, environ 57% des Moldaves semblaient avoir voté « non » au référendum. L’analyste politique Valeriu Pasha a mis en avant que le soutien au « oui » était principalement le fait d’une participation élevée de la diaspora, qui soutient en majorité l’intégration à l’UE. « Nous devons apprendre à faire face à ce phénomène », a-t-il conclu.