L’article examine les pluies dévastatrices dans le sud-est de l’Espagne, attribuées à un phénomène météorologique appelé Gota Fría, caractérisé par l’interaction d’air froid et d’air chaud sur la Méditerranée. Récemment, des pluies records ont été mesurées, notamment à Chiva avec 491 litres. Le texte aborde aussi l’impact du changement climatique sur l’intensité de ces événements extrêmes ainsi que les défis de prévision météorologique liés aux dépressions d’altitude.
Causes des pluies catastrophiques dans le sud-est de l’Espagne.
Entre mardi et mercredi, la région ouest de Valence a enregistré des niveaux de pluie variant de 150 à plus de 300 litres par mètre carré, avec des mesures record atteignant 491 litres à Chiva, dont 343 litres en seulement quatre heures ! Pour mettre cela en perspective, la moyenne annuelle des précipitations à Valence est de 475 litres.
Ce phénomène météorologique, connu sous le nom de Gota Fría ou « goutte froide », se produit fréquemment en Espagne, notamment durant l’automne. Il résulte de l’arrivée d’air froid à haute altitude, en provenance des latitudes nord, qui provoque des pluies torrentielles sur les eaux méditerranéennes encore chaudes en cette saison. Un événement similaire a eu lieu en 1996, entraînant la perte de 87 vies dans les Pyrénées.
Mais qu’est-ce qui déclenche ces pluies intenses et atypiques ? À une altitude comprise entre 5 et 10 km, le front polaire sépare généralement les masses d’air subtropical plus chaudes de l’air froid polaire. Pour équilibrer les températures entre les zones équatoriales et polaires, le soleil, plus haut dans le ciel aux basses latitudes, crée un surplus d’énergie. Sans le mélange permis par le front polaire, il ferait toujours plus froid aux pôles et plus chaud près de l’équateur.
La Terre, en rotation, exerce une force de déviation sur les particules d’air en mouvement, connue sous le nom de force de Coriolis. Plus on s’approche des pôles, plus cette force est intense. La force de Coriolis modifie le courant d’altitude, créant des ondulations qui, vues d’en haut, ressemblent à des courbes sinueuses. Ces ondulations, appelées ondes de Rossby, sont à l’origine des dépressions qui entraînent des variations météorologiques.
Il arrive parfois qu’un renflement du front polaire se détache pour devenir une entité indépendante, un processus connu sous le nom de « cut-off ». Ce phénomène donne naissance à des gouttes d’air froid. Ces dépressions, souvent invisibles au niveau du sol, engendrent des instabilités atmosphériques dues à l’air très froid, provoquant ainsi de fortes pluies et des orages.
De plus, les gouttes d’air froid ne sont souvent pas reliées aux courants d’altitude, rendant leur déplacement plus réactif aux vents proches du sol. Ces dépressions d’altitude agissent parfois de manière autonome, rendant les prévisions météorologiques incertaines, même à court terme.
Dans le contexte du changement climatique, de tels événements extrêmes pourraient devenir encore plus fréquents et intenses. En effet, non seulement l’atmosphère se réchauffe, mais aussi les mers. Au cours des 40 dernières années, la température de l’eau de mer en surface a augmenté d’environ 1,5 degré, entraînant une évaporation accrue de l’humidité et, par conséquent, des précipitations plus importantes dans les conditions appropriées.
Les caractéristiques géographiques locales ont également contribué à la gravité des inondations : la majorité des pluies sont tombées dans les montagnes à l’arrière-pays de Valence, où l’eau n’a pas eu le temps de s’infiltrer dans le sol, provoquant ainsi des crues soudaines.
La recherche sur l’attribution des catastrophes climatiques se penche sur la manière dont ces événements extrêmes pourraient avoir été moins dévastateurs sans le changement climatique, tout en évaluant l’accroissement des risques de catastrophes similaires à l’avenir. À travers des modèles climatiques et des données d’observation, elle cherche à quantifier l’impact du changement climatique sur des événements météorologiques spécifiques.