Sommet de l’UE à Budapest : Les stratégies pour revitaliser l’Europe

Sommet de l'UE à Budapest : Les stratégies pour revitaliser l'Europe

Lors du sommet de l’Union européenne à Budapest, les dirigeants ont discuté de l’autonomie et de la compétitivité de l’Europe, tout en faisant face à des divergences sur le soutien à l’Ukraine. Viktor Orban a évoqué des questions de défense et de développement économique, mais a également bloqué des initiatives de sanctions contre la Russie. Les tensions persistent concernant les élections en Géorgie, et un consensus sur les investissements dans la recherche et le développement a émergé parmi les États membres.

Lors du sommet de l’Union européenne à Budapest, les dirigeants européens cherchent des solutions pour renforcer la compétitivité et l’autonomie de l’Europe. Bien que tous s’accordent sur cet objectif, des divergences émergent quant aux stratégies à adopter.

Le champagne est resté scellé. Un mois auparavant, l’hôte de la rencontre, Viktor Orban, avait promis d’ouvrir quelques bouteilles en cas de victoire de Donald Trump, ce qui a été interprété par certains à Bruxelles comme une provocation.

Orban a finalement porté un toast avec de la vodka, étant donné qu’il était en Kirghizistan lors de l’annonce des résultats, une tradition là-bas. De plus, la redoutée vidéoconférence avec le vainqueur des élections américaines pendant le dîner d’ouverture du sommet n’a pas eu lieu, dissipant les craintes qu’Orban transforme cet événement en un spectacle trumpiste et cherche à se positionner comme l’interlocuteur de Trump en Europe.

Anna Tillack, ARD Vienne, sur la réunion des dirigeants de l’UE à Budapest

La majorité des ministres ont choisi de boycotter la réunion, laissant des représentants à leur place. Néanmoins, plusieurs sujets cruciaux nécessitent des discussions.

Une Europe autonome

Au cours de la soirée, Orban a exprimé des idées que d’autres participants, tels que le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et le président du Conseil Charles Michel, avaient également soulevées : l’Europe doit avancer de manière autonome et intensifier ses efforts pour sa défense. Selon Rutte, les dépenses de 2 % du PIB par les États membres européens de l’OTAN sont largement insuffisantes.

Cependant, des divisions persistent concernant le soutien à l’Ukraine face à l’agression russe. Orban reste vague sur la nature de la paix qu’il envisage, évitant de se prononcer sur la présence des troupes russes en Ukraine. Il appelle à un cessez-le-feu indéfini, une demande rejetée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Des sources au sein de l’UE indiquent que les questions relatives à l’Ukraine seront abordées à nouveau en janvier.

Les blocages de Budapest

Depuis le début de la guerre d’agression russe il y a deux ans et demi, le gouvernement hongrois a régulièrement entravé ou retardé les initiatives de l’UE visant à imposer des sanctions contre Moscou et à soutenir Kiev. Le veto de Budapest empêche ainsi le déblocage d’un fonds permettant aux États membres de récupérer une aide militaire pour l’Ukraine. Par ailleurs, la Hongrie a compliqué les négociations sur le dernier paquet d’aide du G7 et de l’UE, qui comprend des prêts d’environ 45 milliards d’euros, financés par les intérêts des actifs russes gelés en Europe.

L’incertitude persiste quant à la contribution américaine à ce paquet, Budapest s’opposant à l’utilisation à long terme des gains d’intérêts, conditionnée par Washington pour sa participation. Orban a évité de prendre des engagements avant les élections américaines, conscient que son ‘ami’ Trump pourrait radicalement diminuer l’aide américaine à l’Ukraine en cas de victoire. La question des implications de cette situation plane également sur le sommet à Budapest.

Élections contestées en Géorgie

Orban établit des liens plus étroits avec Trump et le président russe Vladimir Poutine qu’avec ses homologues européens. Fin octobre, il s’est rendu en Géorgie après que la victoire électorale contestée du gouvernement pro-Moscou a été annoncée, un gouvernement ayant mis en place une loi s’inspirant du modèle russe, exigeant que les organisations recevant plus de 20 % de leurs fonds de l’étranger s’enregistrent. En conséquence, l’UE a suspendu le processus d’adhésion de la Géorgie.

Lors du dîner, les dirigeants européens ont échangé sur d’éventuelles irrégularités lors des élections en Géorgie. Bruxelles conditionne l’adhésion de ce pays à une rupture avec la Russie. Le chancelier allemand Olaf Scholz a rejoint le dîner plus tard dans la soirée, en raison de la défaillance de la coalition semafore.

Le Premier ministre hongrois Orban a célébré cette victoire électorale contestée avec le gouvernement géorgien.

Renforcement de l’économie européenne

Sur la question de l’économie européenne, Orban et ses invités semblent trouver un terrain d’accord. Pour pouvoir rivaliser avec les États-Unis et la Chine, l’UE doit impérativement prendre des mesures efficaces, comme cela a déjà été souligné lors du sommet d’octobre. À Budapest, les 27 États membres visent à adopter une déclaration sur la compétitivité, stipulant qu’ils doivent investir 3 % de leur PIB dans la recherche et le développement d’ici 2030 et réduire les entraves bureaucratiques.

La Commission européenne se voit également chargée de faire des propositions concrètes pour diminuer les obligations de rapport d’au moins un quart dans le premier semestre de l’année prochaine. Le projet de déclaration finale souligne qu’une continuité dans les pratiques actuelles n’est plus envisageable.

Le débat s’appuie sur un rapport de Mario Draghi, ancien président de la BCE, qu’il a de nouveau présenté lors du sommet à Budapest. Pour Orban, ce sujet confirme sa position sur la compétitivité. Jamais le slogan de campagne de Trump n’a paru aussi pertinent pour la présidence hongroise du Conseil de l’UE : ‘Rendre l’Europe grande à nouveau’.

Ce sujet a été relayé par Deutschlandfunk le 08 novembre 2024 à 06h00.