Donald Trump abandonne ses discours sur la démocratie, selon un expert chinois sur son deuxième mandat

Donald Trump abandonne ses discours sur la démocratie, selon un expert chinois sur son deuxième mandat

Wang Zichen, depuis Bruxelles, a fondé Pekingnology, une newsletter sur la Chine qui attire plus de 17 000 abonnés. Ancien journaliste et maintenant analyste au Center for China and Globalization, il examine les relations sino-américaines. Wang souligne que la Chine se prépare à une guerre commerciale, tout en notant l’importance des dialogues entre Trump et Xi Jinping. Il réfute l’idée que la Chine cherche à supplanter les États-Unis, insistant sur sa volonté de coopération.

Wang Zichen et sa newsletter sur la Chine

Depuis son modeste bureau d’études à Bruxelles, Wang Zichen a lancé il y a cinq ans une initiative sans précédent : une newsletter dédiée à la Chine, rédigée par un Chinois. En traduisant des perspectives issues du monde académique, du gouvernement et des médias d’État, il a réussi à créer Pekingnology, qui rassemble aujourd’hui plus de 17 000 abonnés et est devenu une référence incontournable pour les observateurs de la Chine.

Une analyse pragmatique des relations sino-américaines

Ancien journaliste de l’agence de presse Xinhua, Wang a intégré en 2022 le think tank Center for China and Globalization à Pékin, où il se penche sur les relations bilatérales entre la Chine et les États-Unis, tout en poursuivant ses études en politique à Princeton University, une prestigieuse université américaine située dans le New Jersey.

Dans une récente interview, Wang a clarifié sa position : il ne travaille pas pour le gouvernement chinois et partage uniquement ses réflexions personnelles.

Concernant la question de savoir si la victoire de Trump est bénéfique ou défavorable pour la Chine, Wang répond que la victoire est un fait établi. Bien que Trump ait annoncé son intention d’imposer des droits de douane élevés sur les importations chinoises, il a également exprimé son respect pour le dirigeant chinois, reconnaissant l’importance de la Chine sur la scène mondiale. Les Chinois voient la situation de manière constructive, pensant que Trump agira de manière pragmatique pour défendre les intérêts américains, sans remettre en question le pouvoir du Parti communiste.

Wang souligne que Trump ne cherche pas à prêcher la démocratie, mais qu’il engage le dialogue avec divers chefs d’État, y compris Xi Jinping, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.

Concernant les craintes de la Chine face à une nouvelle présidence Trump, Wang précise que « peur » est un terme inapproprié, car la Chine est désormais une grande puissance. Toutefois, le pire scénario pour elle serait que Trump envoie des signaux perturbateurs à Taïwan, comme il l’a fait en contactant l’ancienne présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en 2016.

Sur la question d’une éventuelle guerre commerciale, Wang assure que la Chine s’y est préparée. De nombreuses entreprises chinoises ont déjà ouvert des sites de production au Mexique, au Vietnam ou en Europe pour atténuer les impacts des droits de douane. Cependant, l’imposition de droits de douane supérieurs à 60 % serait un choc immense pour les entreprises et les consommateurs des deux côtés.

Les espoirs en Chine quant à un assouplissement des contrôles à l’exportation sur les technologies de pointe sont minimes, mais il existe des attentes concernant les voitures électriques. Actuellement, des droits de douane de 100 % s’appliquent aux voitures électriques chinoises, mais Trump a mentionné qu’il pourrait accueillir celles produites aux États-Unis, ce qui suscite l’intérêt des entreprises chinoises.

Elon Musk pourrait-il jouer un rôle dans l’amélioration des relations sino-américaines ? Wang pense que c’est possible, car Musk entretient une relation de travail étroite avec Trump et possède une gigafactory Tesla à Shanghai. Il a déjà visité la Chine à plusieurs reprises, renforçant ainsi les liens entre les deux nations.

Lorsque Xi Jinping a félicité Trump pour sa victoire, il a exprimé l’attente d’une collaboration constructive entre les deux pays. Wang ne considère pas cela comme un avertissement, mais plutôt comme une aspiration sincère de la part du gouvernement chinois.

En vue de 2049, date marquant le centenaire de la République populaire, la Chine souhaite être ouverte aux États-Unis dans tous les domaines. Certaines analyses suggèrent que la Chine vise à supplanter les États-Unis, mais Wang réfute cette idée, affirmant que les objectifs de la Chine visent à devenir l’un des pays les plus avancés au monde, sans chercher à défier l’ordre international.

Cependant, certains politologues à Pékin soutiennent que « l’Est est en plein essor, tandis que l’Ouest est en déclin ». Wang admet que bien que cette opinion ait été répandue par le gouvernement chinois, elle ne reflète pas la réalité complète. Si la part de production économique de ces pays augmente, l’Occident conserve un avantage significatif en matière de discours intellectuel et de soft power.

Il est indéniable que la Chine gagne en puissance et en influence sur la scène mondiale. La méfiance des États-Unis à l’égard des assurances chinoises est compréhensible, surtout après des décennies de domination américaine, particulièrement depuis la guerre froide. Dans ce contexte, la Chine doit assumer ses responsabilités en tant que grande puissance.