Quatre chanceliers face à la question de confiance : une analyse historique

Quatre chanceliers face à la question de confiance : une analyse historique

Olaf Scholz envisage de poser une question de confiance au Bundestag, suite au départ du FDP de la coalition Ampel, avec des élections potentielles fin mars. Dans l’histoire allemande, cette démarche a parfois précédé de nouvelles élections, comme lors des cas de Willy Brandt et Helmut Kohl, où des délais similaires ont été observés entre l’annonce et les élections. Les leaders de l’opposition incitent Scholz à accélérer ce processus, malgré les critiques persistantes.

Dans l’histoire politique allemande, plusieurs chanceliers ont posé la question de confiance, ce qui a souvent conduit à l’organisation de nouvelles élections. Quel a été le délai à chaque fois pour l’élection d’un nouveau Bundestag ?

Le chancelier Olaf Scholz envisage de nouvelles élections à la suite du départ du FDP de la coalition Ampel. Le 6 novembre, Scholz a déclaré son intention de soumettre une question de confiance au début de l’année prochaine, permettant ainsi au Bundestag de voter le 15 janvier, avec des élections prévues pour fin mars. Initialement, cela aurait impliqué un délai de plus de deux mois entre l’annonce et la question de confiance, suivi d’environ deux mois jusqu’aux élections. Cependant, à la suite des critiques émanant de l’opposition et de l’ancien partenaire de coalition FDP, Scholz a finalement décidé de revoir sa stratégie. Il est désormais ouvert à un accord avec l’opposition pour accélérer le processus de la question de confiance. Toutefois, les critiques continuent d’affluer.

Scholz associe la question de confiance à la collaboration législative

Dans l’histoire de la République fédérale, la question de confiance a été posée par les chanceliers à cinq reprises. Dans deux de ces cas, les chanceliers social-démocrates de l’époque, Helmut Schmidt (le 5 février 1982) et Gerhard Schröder (le 16 novembre 2001), ont posé cette question sans que cela n’entraîne de nouvelles élections, bénéficiant chacun du soutien d’une majorité parlementaire.

En revanche, dans trois autres occasions, les chanceliers – Willy Brandt, Helmut Kohl, et encore Gerhard Schröder – ont demandé la confiance dans le but d’initier de nouvelles élections. Tout comme Scholz, ces chanceliers ont également dû patienter plusieurs mois entre l’annonce de la question de confiance et les élections. Cependant, dans aucun de ces cas, la coalition ne s’est effondrée avant les élections ; Kohl et Schröder maintenaient même des majorités de coalition jusqu’à leur scrutin.

Les leaders de l’opposition, Merz et Söder, pressent Scholz de poser la question de confiance rapidement au Bundestag.

Willy Brandt (SPD) 1972

Willy Brandt est le premier chancelier de la République fédérale à avoir recours à la question de confiance. Entre son annonce et la soumission de la question au Bundestag, presque trois mois se sont écoulés, suivis d’un délai de près de deux mois avant les nouvelles élections.

La question de confiance et les élections qui ont suivi en 1972 ont été précédées d’une crise liée à la politique est-allemande de Brandt, qui a conduit à une véritable crise de coalition. Après le départ de plusieurs factions de la coalition SPD/FDP, un député a changé de camp le 23 avril, provoquant une impasse entre les partis de la coalition et l’opposition. Cette dernière a tenté d’exploiter la situation en proposant un vote de défiance constructif contre Brandt, avec Rainer Barzel (CDU) comme candidat. Le vote du 27 avril a échoué de justesse.

Le 28 avril, Brandt a finalement annoncé son intention de convoquer de nouvelles élections, n’ayant pas réussi à rassembler une majorité pour son budget au Bundestag. Le 24 juin, il a déclaré son souhait de poser la question de confiance pour clarifier la situation. Les critiques ont soutenu qu’une dissolution délibérée du Bundestag était contraire à la constitution.

Le 20 septembre, Brandt a posé la question de confiance, visant à ne pas obtenir la majorité et à permettre ainsi la tenue de nouvelles élections. Le 22 septembre, le vote a eu lieu au Bundestag. Bien que la coalition n’ait plus de majorité, presque tous les membres du gouvernement se sont abstenus pour garantir la défaite prévue par Brandt. Le président fédéral Gustav Heinemann a dissous le Bundestag, et lors des élections législatives du 19 novembre, la coalition SPD/FDP de Brandt a remporté une majorité claire.

Helmut Kohl (CDU) 1982/1983

Helmut Kohl a également eu recours à la question de confiance pour faciliter de nouvelles élections. Deux mois se sont écoulés entre l’annonce des élections et la question de confiance, et les élections ont eu lieu presque trois mois plus tard.

Le 17 septembre 1982, la coalition socio-libérale dirigée par Helmut Schmidt s’est effondrée en raison de désaccords sur la politique économique. Les ministres du FDP ont démissionné, et Schmidt a formé un gouvernement minoritaire du SPD. L’Union et le FDP ont finalement renversé Schmidt le 1er octobre par un vote de défiance constructif, élisant Helmut Kohl comme chancelier.

Dans sa déclaration gouvernementale du 13 octobre 1982, Kohl a annoncé son intention de poser une question de confiance pour initier de nouvelles élections. Comme pour Brandt, cette démarche a été controversée. Kohl a justifié sa décision en affirmant qu’il cherchait une légitimation électorale pour le changement de gouvernement. Le 13 décembre, il a effectivement posé la question de confiance, visant à perdre délibérément la majorité pour provoquer de nouvelles élections. Comme prévu, les députés de la coalition CDU/FDP ont retiré leur confiance à Kohl le 17 décembre. En conséquence, le président fédéral Karl Carstens a dissous le Bundestag le 6 janvier 1983.

Plusieurs députés ont contesté la décision de Kohl devant la Cour constitutionnelle fédérale, mais le 16 février, les juges ont statué en faveur du chancelier. Toutefois, la cour a précisé qu’une telle démarche n’était justifiée que dans une véritable crise. Le 6 mars, l’Union a remporté les élections législatives de manière décisive, permettant à Kohl de maintenir sa coalition noir-jaune.

Le chancelier Scholz a annoncé son intention de poser la question de confiance. Que signifie cette démarche et comment se déroule le processus ?

Gerhard Schröder (SPD)