Titre : Augmentation des émissions de CO2 : enjeux du budget carbone mondial

Titre : Augmentation des émissions de CO2 : enjeux du budget carbone mondial

La conférence des Nations Unies sur le climat aborde la question cruciale de la réduction des émissions de CO2, qui devraient continuer à augmenter en 2024, malgré les efforts pour contrer le changement climatique. Les émissions fossiles mondiales devraient atteindre 37,4 gigatonnes, avec une forte hausse en Inde. Bien que l’Europe et les États-Unis affichent des baisses, la nécessité d’atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050 demeure pressante pour préserver l’environnement.

Comment réduire les émissions de CO2 à l’échelle mondiale ? C’est la question centrale de la conférence actuelle des Nations Unies sur le climat. Cependant, les données récentes des scientifiques révèlent qu’un changement significatif des émissions de combustibles fossiles ne semble pas imminent.

Les émissions mondiales de CO2 issues de l’utilisation de combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz devraient continuer à croître en 2024. C’est ce qui ressort du dernier rapport sur les projets mondiaux de carbone, auquel contribuent des chercheurs de l’Institut Alfred-Wegener, du Centre Helmholtz pour la recherche polaire et marine (AWI), ainsi que des universités de Brême et de Munich (LMU).

Chaque année, les chercheurs évaluent les émissions mondiales de gaz à effet de serre et leurs origines. Pour 2024, ils prévoient une augmentation des émissions fossiles de 0,8 %, atteignant ainsi 37,4 gigatonnes de CO2, malgré les efforts mondiaux pour protéger le climat et la croissance des énergies renouvelables.

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Évolution des émissions : hausse en Inde, baisse en Europe

La combustion de charbon demeure la principale source d’énergie fossile. Toutefois, les émissions générées par le charbon (+0,2 %) ont récemment augmenté moins que celles du pétrole (+0,9 %) et du gaz (+2,4 %). À l’échelle mondiale, l’Inde connaît une forte hausse de ses émissions de CO2 en 2024 (+4,6 %), toutes sources d’énergie confondues.

Judith Hauck, chercheuse en environnement à l’AWI, explique que la demande énergétique en Inde a crû bien plus rapidement que l’expansion des énergies renouvelables. En Chine, les émissions de CO2 n’augmentent plus que légèrement en 2024 (+0,2 %), tandis que celles liées au pétrole sont en déclin. Selon Hauck, cela indique que la transition vers la mobilité électrique progresse, et les émissions de pétrole en Chine pourraient avoir atteint leur pic.

Dans l’UE, on observe une réduction significative des émissions de CO2 (-3,8 %), bien que ce chiffre soit moins marqué que l’année précédente. Les émissions provenant du charbon et du gaz diminuent également. Aux États-Unis, une légère baisse des émissions est également constatée (-0,6 %).

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Impact des déforestations et des terres brûlées

Le changement d’utilisation des terres contribue également aux émissions, notamment lorsque des forêts sont défrichées pour l’agriculture ou que des tourbières sont incendiées. En revanche, la reforestation joue un rôle essentiel en absorbant le CO2 de l’atmosphère. Pour 2024, il reste encore des émissions de 4,2 gigatonnes de CO2.

Julia Pongratz, géographe à la LMU, souligne que bien que ce chiffre reste élevé, une tendance à la baisse est observable au cours des dernières décennies, avec moins de déforestation et plus de reforestation. Cependant, elle insiste sur l’importance de mettre fin complètement à la déforestation pour réduire les émissions.

Les pays doivent s’accorder sur de nouveaux objectifs de financement climatique, car les objectifs climatiques nationaux sont également cruciaux.

Le pic des émissions n’est toujours pas atteint

La tendance des dernières décennies se maintient. Bien que des événements tels que les crises pétrolières des années 1970 et 1980, l’effondrement soviétique, la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19 aient temporairement freiné les émissions mondiales, celles-ci continuent d’augmenter. L’objectif de la politique climatique internationale est de diminuer les émissions au cours des 25 prochaines années, mais les chiffres actuels montrent que le pic des émissions mondiales n’a pas encore été atteint.

Plus ce moment est repoussé, plus les réductions nécessaires deviennent drastiques pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. D’ici le milieu du siècle, il sera impératif d’atteindre des « émissions nettes nulles », ce qui signifie que les émissions de CO2 restantes devront être compensées par des mécanismes naturels ou techniques d’absorption de CO2.

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Solutions technologiques encore marginales

Actuellement, les solutions techniques représentent une faible part de l’absorption de CO2. Selon la chercheuse Pongratz, la reforestation permet d’absorber environ 1,9 gigatonnes de CO2 par an, soit environ 5 % des émissions annuelles de CO2 fossile. En revanche, les techniques comme la « filtration directe de l’air » compensent à peine un millionième des émissions fossiles.

« D’où l’importance d’entretenir et d’améliorer ces puits de carbone tout en développant de nouvelles méthodes d’extraction de CO2 », conclut Pongratz.

Concentration de CO2 déjà préoccupante

Depuis 1750, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 52 % selon les données du Global Carbon Project, et cette tendance se poursuit. En 2024, les chercheurs prévoient que la concentration atteindra 422,5 ppm (parties par million).

Pour inverser le changement climatique, il est crucial d’atteindre des « émissions nettes nulles » afin que la concentration de CO2 ne continue pas d’augmenter, préservant ainsi notre planète pour les générations futures.