Les discussions au sein de l’ÖVP s’intensifient suite à l’évaluation de Karl Nehammer sur les chances d’une coalition noir-rouge-rose. Trois scénarios émergent : le maintien de Nehammer comme chancelier avec une coalition, une alliance bleu-noir avec Kickl en chancelier et Hattmannsdorfer comme vice-chancelier, ou la possibilité de nouvelles élections avec un retour de Kurz. Les résultats des élections régionales en Styrie pourraient influencer ces options et déterminer l’avenir du parti.
Suite à l’interview du chancelier fédéral de l’ÖVP, Karl Nehammer, où il a évalué à « 50-50 » les chances d’une coalition noir-rouge-rose, les discussions au sein de l’ÖVP sur les options A, B et C se sont intensifiées. Il existe en fait trois scénarios distincts pour l’avenir du parti, émanant de factions diverses au sein de l’ÖVP.
Scénario 1 : Nehammer maintient son rôle de chancelier
La majorité des membres de l’ÖVP espèrent que l’évaluation de 50 % faite par Nehammer débouchera sur un gouvernement formé par l’ÖVP, le SPÖ et les Neos. Dans cette configuration, l’ÖVP occuperait le poste de chancelier. Les membres traditionnels de l’ÖVP se montrent particulièrement fiers de Karl Nehammer, affirmant qu’il a démontré l’importance de leurs valeurs. De nombreux soutiens influents, dont l’ancien leader du parti Erwin Pröll, sont également en faveur de Nehammer, plaidant même pour une coalition avec l’ancien maire de Vienne, Michael Häupl.
Cependant, les élections régionales en Styrie prévues dimanche pourraient affaiblir cette alliance si les négociations pour former le gouvernement n’aboutissent pas rapidement, selon des sources internes. Un bilan intermédiaire est prévu d’ici le 6 décembre pour évaluer la viabilité de cette coalition. Si la prévision d’un fort soutien pour les Bleus se réalise, atteignant plus de 32 %, un autre groupe au sein de l’ÖVP pourrait alors activer son scénario B.
Scénario 2 : Hattmannsdorfer comme vice-chancelier aux côtés de Kickl
Au sein de l’ÖVP, des factions principalement situées en Haute-Autriche, en Basse-Autriche, ainsi que dans certaines zones de l’Union économique et de l’Union des agriculteurs, travaillent discrètement à la formation d’une coalition bleu-noir au niveau national. Ils n’hésitent pas à envisager Herbert Kickl, le chancelier de la FPÖ, tout en ayant déjà un candidat au poste de vice-chancelier en la personne de Wolfgang Hattmannsdorfer, un politicien ÖVP de Haute-Autriche. Ancien conseiller régional, Hattmannsdorfer est considéré comme un intermédiaire avec la FPÖ et nourrit de grandes ambitions. De nombreuses sources à l’ÖVP affirment qu’il est « prêt pour cela ».
Johanna Mikl-Leitner, présidente de l’ÖVP en Basse-Autriche, exprime ses craintes concernant les élections municipales de 2025, convaincue qu’un chancelier bleu donnerait un coup de fouet à l’ÖVP. Cependant, des voix au sein de la Basse-Autriche mettent en garde : « Kickl comme chancelier ne profiterait qu’aux Bleus lors des élections municipales. Si l’ÖVP entre en coalition comme junior, nous risquons de nous retrouver en difficulté, » déclare un poids lourd de l’ÖVP de la région.
Scénario 3 : Appel aux nouvelles élections et retour de Kurz
Un autre groupe au sein de l’ÖVP anticipe un échec des négociations de coalition entre Nehammer, le leader du SPÖ Andreas Babler et la cheffe des Neos Beate Meinl-Reisinger, envisagent alors de nouvelles élections comme unique possibilité. Dans cette éventualité, Sebastian Kurz pourrait faire son retour en tant que figure emblématique de l’ÖVP. Selon des membres du parti, même certains fonctionnaires intermédiaires partagent cette vision, non pas par enthousiasme pour Kurz, mais parce qu’ils estiment qu’il représente les meilleures chances de succès.
L’ancien chancelier, malgré les controverses, semble prêt à revenir sur le devant de la scène. Un initié rapporte que Kurz « désire revenir, peu importe ses succès dans le secteur privé ; son histoire n’est pas encore terminée ». Il exprime le souhait d’être « invité » à revenir. En cas de nouvelles élections, il est probable que des membres de l’ÖVP lui demanderont de reprendre le flambeau. Malgré les procédures judiciaires en cours, un stratège de l’ÖVP pense que cela ne le freinera pas, tout en notant que Hattmannsdorfer pourrait également se positionner comme le « candidat vedette » lors de ces élections.
Cependant, il est également possible que l’ÖVP, le SPÖ et les Neos parviennent à un consensus. Dans ce cas, Hattmannsdorfer pourrait espérer un rôle ministériel et mettre en suspens ses ambitions personnelles…