Nadine Angerer, nouvel entraîneur des gardiens de l’équipe nationale suisse, a constaté un choc culturel après son arrivée. Elle vise à développer un esprit de compétition chez ses gardiennes, en mettant particulièrement l’accent sur Elvira Herzog, désignée comme la gardienne numéro 1 pour l’Euro. Angerer travaille sur le leadership et la préparation mentale des joueuses, tout en collaborant avec les entraîneurs de clubs pour améliorer leurs compétences. Les défis spécifiques aux gardiennes féminines sont également évoqués, soulignant l’importance de leur développement.
Lorsque Nadine Angerer a pris ses fonctions en mars en tant qu’entraîneuse des gardiens de l’équipe nationale suisse, elle a ressenti un choc culturel inattendu. Ancienne championne du monde et meilleure footballeuse, l’Allemande avait passé une décennie à entraîner aux États-Unis, où ses gardiennes aspiraient à devenir non seulement des numéros 1 de leur équipe, mais aussi des leaders mondiaux. En Suisse, cependant, elle a souvent entendu des commentaires tels que : « Voyons d’abord comment cela se passe. »
Angerer s’est alors engagée à insuffler un esprit de compétitivité aux joueuses suisses. Trois jeunes gardiennes prometteuses, encore peu expérimentées sur la scène internationale, sont devenues ses principales préoccupations. Avec moins d’un an et demi avant l’Euro à domicile, le poste de gardien était en pleine mutation, suite à la retraite de Gaëlle Thalmann, qui avait honoré 109 sélections pour la Suisse.
Elvira Herzog : La nouvelle étoile montante de la Suisse
Huit mois après le début de son mandat, les bases sont désormais solidement établies. Angerer a désigné Elvira Herzog comme la gardienne numéro 1 pour mener la Suisse à l’Euro. À seulement 24 ans, la Zurichoise, qui joue pour le RB Leipzig en Bundesliga, exprime que cette nomination représente le plus grand honneur de sa carrière.
Mais comment transformer une joueuse à fort potentiel en pilier d’équipe ? Angerer déclare : « Je souhaite que la gardienne devienne l’âme du jeu. Elle doit être proactive, donner des instructions claires et avoir la confiance nécessaire pour diriger l’équipe. » Angerer, elle-même connue pour son caractère fort, encourage les gardiennes à s’affirmer sur le terrain.
Ce type de leadership ne se développe pas instantanément. Selon Angerer, les joueuses suisses doivent parfois se montrer moins timides. Pourtant, elle est impressionnée par l’évolution d’Elvira Herzog. « Sa présence et son influence lors des derniers matchs, en plus de ses compétences, ont été déterminantes pour sa nomination en tant que numéro 1 », souligne Angerer.
Un enjeu de mentalité et de préparation
Pia Sundhage, la cheffe entraîneuse, a souhaité clarifier la hiérarchie dans les gardiens bien avant l’Euro, permettant ainsi à Herzog et à ses coéquipières de développer une complicité et de former une défense solide. Cela donne également l’opportunité à la jeune Livia Peng, joueuse à Werder Brême, de s’acclimater à son rôle de remplaçante.
Il est fascinant de constater qu’Elvira Herzog, malgré quelques erreurs ayant alimenté les discussions, s’est imposée avec assurance comme la numéro 1. Angerer, qui n’avait pas de connaissances préalables sur la situation, a été surprise par l’impact que cela pouvait avoir sur une joueuse aussi jeune. « Cela m’a touchée. Une telle pression peut vraiment influencer son développement », dit-elle. Angerer note également une culture de l’évitement des erreurs dans le football suisse, se demandant pourquoi il y a cette peur de l’échec.
Pour surmonter cela, Herzog utilise des techniques de préparation mentale, apprenant à se détacher du passé et à se concentrer sur l’instant présent. Après avoir manqué la sélection pour la Coupe du monde 2023, elle a pris cette pause comme une opportunité de se renforcer, tant physiquement que mentalement.
Angerer, qui excellait dans la gestion du stress lorsqu’elle était joueuse, utilise son expérience pour aider les gardiennes à maintenir leur confiance, même après des défaites difficiles. Pour cela, elle les expose à des situations d’entraînement stressantes afin qu’elles puissent s’y habituer et automatiser leur réponse.
En travaillant en étroite collaboration avec les entraîneurs de clubs, Angerer et sa collègue Patricia Gsell s’assurent d’avoir une vision complète de leurs joueuses, tant sur le terrain qu’en dehors. Ensemble, elles visent à renforcer les compétences et à adresser les faiblesses des gardiennes.
Pour Elvira Herzog et le RB Leipzig, Michael Gurski collabore activement avec le responsable mondial des gardiens de Red Bull pour établir un programme d’entraînement novateur. Le développement de la position de gardien est crucial, car elle a longtemps été sous-estimée dans le football féminin, même si le jeu de champ a rapidement évolué.
En moyenne, les gardiennes féminines mesurent près de 20 centimètres de moins que leurs homologues masculins. Cela pose des défis uniques, car elles doivent lire le jeu avec une acuité supérieure, anticipant les actions des adversaires. « C’est un processus mentalement exigeant, nécessitant une rapidité de pensée », conclut l’entraîneur des gardiens.