La Syrie, après la chute du régime d’Assad, envisage une stabilité relative, avec un appel aux réfugiés pour revenir. Cependant, la société, marquée par des traumatismes profonds, doit surmonter des défis majeurs pour la réconciliation. Vivienne Matthies-Boon souligne l’importance de la justice transitionnelle et de la responsabilité des coupables. Des initiatives locales pourraient favoriser la coexistence, tandis que le soutien international est crucial pour apaiser les souffrances et garantir que le processus de transition soit dirigé par les Syriens.
La Situation Actuelle en Syrie : Un Nouveau Départ ?
Suite à la chute du régime de Bashar al-Assad, la Syrie semble connaître une période de stabilité relative. Le Premier ministre du gouvernement de transition, Mohammed al-Bashir, incite les réfugiés syriens à revenir dans leur pays.
Cependant, après 13 années de conflit et cinq décennies de dictature, la société syrienne est profondément marquée par des traumatismes. Vivienne Matthies-Boon, professeure d’éthique philosophique et de philosophie politique à l’Université Radboud à Nimègue, aux Pays-Bas, explore dans une interview comment un redémarrage est envisageable dans un tel contexte.
Le Chemin Vers la Réconciliation : Les Défis à Surmonter
Selon Mme Matthies-Boon, le processus de « justice transitionnelle », qui implique la réconciliation et la transition vers un nouvel ordre, sera long et ardu. Elle espère que le nouveau gouvernement représentera toutes les catégories de la population syrienne, car des procès équitables sont essentiels pour briser le cycle de la violence.
Elle souligne que les actes de vengeance des victimes peuvent perpétuer les injustices et alimenter la violence, ce qui souligne l’importance de tenir les coupables responsables. En se basant sur des exemples historiques, elle met en garde contre la diffusion médiatique des procès, comme cela a été fait en Tunisie, car cela risque d’aggraver les divisions au sein de la société.
Les traumatismes vécus par les Syriens sont divers et complexes, allant de la terreur quotidienne à la brutalité des prisons d’Assad, sans oublier les souffrances des millions de personnes contraintes de fuir. Pour établir un chemin vers la justice, il est crucial que les responsables, qu’ils soient militaires ou membres de groupes rebelles, soient tenus pour responsables.
La réconciliation sera un processus délicat, car il faudra distinguer entre ceux qui ont été forcés de servir et ceux qui ont commis des crimes. Des initiatives locales, telles que des conseils d’anciens, pourraient faciliter cette réconciliation et aider les communautés à coexister pacifiquement.
Enfin, le soutien des organisations internationales sera vital pour faire avancer ces processus, tout en veillant à ce que la transition émane des Syriens eux-mêmes. La communauté internationale doit également travailler à des solutions pratiques pour atténuer la souffrance actuelle de la population, car les conditions de vie jouent un rôle crucial dans la réussite de la transition.