Hans Kammerlander, alpiniste italien légendaire, est reconnu pour ses exploits, notamment la descente en ski du mont Everest en 1996. À 68 ans, il continue de gravir des sommets, notamment au Népal, où il apprécie la culture locale. Ses réflexions sur l’alpinisme révèlent une passion devenue addiction, avec des regrets liés à la perte d’amis en montagne. Kammerlander évoque également l’influence de Reinhold Messner sur sa carrière et les défis extrêmes rencontrés lors de ses expéditions.
Hans Kammerlander : Un Alpiniste Légendaire
L’Italien Hans Kammerlander est considéré comme l’un des alpinistes les plus accomplis de l’histoire. Parmi ses réalisations les plus remarquables figure la descente en ski du mont Everest en mai 1996, un exploit noté dans les annales de l’alpinisme himalayen. Originaire d’Ahornach en Südtirol, il a gravi treize sommets dépassant les 8000 mètres d’altitude et continue d’explorer les montagnes à l’âge de 68 ans.
Une Passion pour le Népal
Monsieur Kammerlander, vous avez récemment été au Népal en novembre, puis vous y êtes retourné plus tard dans l’année. Qu’est-ce qui vous attire tant dans ce pays ?
Le Népal occupe une place spéciale dans mon cœur. J’ai voyagé à travers le monde, mais rien ne se compare à ce que j’ai trouvé au Népal. J’apprécie profondément les gens et leur culture, ce qui m’incite à y retourner trois ou quatre fois par an.
Durant votre séjour à l’automne et en hiver, que faisiez-vous ?
J’ai participé à un trek avec un groupe. Nous avons commencé dans la région hindoue de Gurkha, puis nous avons exploré la vallée de Tsum, riche en culture bouddhiste, avant d’atteindre le camp de base du Manaslu. C’était une randonnée magnifique que je rêve de refaire. Pour le Nouvel An, nous avons gravi le Pikey Peak, un sommet de 4000 mètres, d’où l’on peut apercevoir sept sommets de plus de 8000 mètres.
À partir de quelle altitude considérez-vous qu’une montagne est haute ?
Je dirais qu’une montagne est haute à partir de 7000 mètres. Cependant, il y a un grand écart entre un sommet de 7000 mètres et un autre de plus de 8000 mètres. Au-delà de 8500 mètres, l’alpinisme cesse d’être un plaisir. Se retrouver au sommet de la plus haute montagne du monde sans oxygène, c’est entrer dans un autre monde.
Vous avez dédié de nombreuses années de votre vie à l’ascension des plus hauts sommets. Pourquoi cela ?
Je me le demande souvent. Je suis entré dans cette passion presque par accident. Après avoir atteint un sommet élevé, je pensais déjà au suivant. C’était une obsession, et cela s’est passé très rapidement, au point que je n’avais plus de temps pour mes amis. Un jour, ma femme a appris dans le journal que je partais pour une autre expédition.
Vous avez évoqué une « addiction à la montagne ». Pensez-vous que c’était sain ?
Avec le temps, l’alpinisme est devenu une véritable addiction pour moi. J’étais fanatique de la nature, ce qui est préférable à d’autres formes d’addiction, mais cela reste une addiction, et aucune addiction n’est bénéfique.
Les athlètes professionnels, comme les skieurs, dépassent souvent leurs limites. Avez-vous des regrets sur votre parcours ?
Non, je ne regrette rien. Rester assis sans rien faire n’est pas pour moi. J’ai ressenti la vie de manière intense dans des situations extrêmes, mais aujourd’hui, je réalise que le prix à payer était très élevé. J’ai perdu de nombreux amis en montagne, et parmi ceux qui ont gravi des sommets de plus de 8000 mètres avec moi, il n’en reste que trois.
Ces pertes sont-elles dues à des risques pris en montagne ?
Le risque est inhérent à l’alpinisme, et ceux qui veulent atteindre les sommets de plus de 8000 mètres doivent accepter un certain niveau de danger. Les avalanches, les chutes de pierres, et les changements climatiques sont quelques-uns des dangers que nous avons affrontés. J’ai également commis des erreurs et vécu des moments critiques où j’avais besoin d’une chance inouïe.
Votre parcours alpiniste a-t-il été une aventure en soi ?
Je pense que le terme « aventure » est souvent mal utilisé. Les organisateurs d’expéditions promettent des aventures sans risques, mais cela n’existe pas. Lors d’une traversée des Gasherbrums avec Reinhold Messner, nous avons été confrontés à des conditions extrêmes, et chaque pas était un saut dans l’inconnu.
Concernant le Manaslu, ce sommet a-t-il également été un moment tragique pour vous ?
C’était bien plus qu’une simple aventure. J’avais planifié cette expédition avec des amis et des guides de montagne, souhaitant leur offrir la chance de gravir un sommet de plus de 8000 mètres. Malheureusement, cela s’est terminé en tragédie. En 2017, lors d’un retour au Manaslu pour un film, les conditions étaient trop difficiles, et je n’ai jamais atteint le sommet.
Reinhold Messner a-t-il joué un rôle clé dans votre ascension vers les hautes montagnes ?
Absolument. En 1983, à l’âge de 26 ans, il m’a ouvert la porte vers l’alpinisme. Il a été un mentor inestimable. À l’époque, je n’avais aucune expérience en altitude, ni connaissances linguistiques, ni ressources financières. Ensemble, nous avons réalisé l’ascension du Cho Oyu, la sixième plus haute montagne du monde.
Cette expédition a-t-elle marqué le début de votre passion pour l’alpinisme ?
Oui, c’était la quatrième expédition réussie depuis la première ascension en 1954. Après avoir atteint le sommet, je me suis demandé si je voulais continuer à me soumettre à de tels défis. Mais finalement, cela ne s’est pas passé comme prévu, et j’ai continué à gravir mes sept premiers sommets de plus de 8000 mètres avec Reinhold Messner.