La fin de l’année précédente a révélé que 2024 est l’année la plus chaude depuis 1850, rendant les objectifs de l’accord de Paris plus difficiles à atteindre. Les émissions mondiales continuent d’augmenter, tandis que la pression sur les gouvernements s’intensifie pour réduire ces émissions. Les principaux pollueurs, comme la Chine et l’Inde, sont au centre des préoccupations, alors que la consommation de charbon atteint des niveaux record malgré des investissements dans les énergies renouvelables.
La fin de l’année précédente a marqué un tournant alarmant pour ceux qui se préoccupent de l’évolution climatique : 2024 s’est révélée être l’année la plus chaude depuis le début des relevés en 1850. Parallèlement, les événements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents et intenses à cause du changement climatique, ont causé des ravages dans de nombreuses zones. Cette situation a un impact significatif non seulement sur notre planète, mais également sur les discussions politiques en cours.
Les températures record des années passées rendent les promesses de nombreux responsables politiques, qui espèrent limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré, de plus en plus difficiles à tenir. D’après les données fournies par le programme d’observation de la Terre et du climat Copernicus, 2024 est la première année où le seuil de 1,5 degré a été franchi.
Le seuil critique de l’accord de Paris est compromis
Le but de température fixé par l’accord de Paris vise un réchauffement à long terme, et non des températures annuelles. Les experts estiment que cet objectif concerne généralement une période de deux à trois décennies. Cependant, ces nuances semblent avoir peu d’effet sur le débat public entourant cet accord.
Ce qui est important, c’est que l’objectif de 1,5 degré de l’accord de Paris semble désormais compromis. « Nous avons simplement attendu trop longtemps pour agir », déclare Zeke Hausfather, chercheur en climatologie chez Stripe et à Berkeley Earth, dans une interview. « Nous dépassons la limite de 1,5 degré de plus en plus rapidement, et cela continuera tant que les émissions mondiales ne seront pas stabilisées. »
La pression pour atteindre la neutralité carbone augmente
Les perspectives pour atteindre la neutralité carbone demeurent incertaines. Les principaux pays pollueurs mondiaux ont promis que d’ici 2050 ou 2060, leurs émissions devraient atteindre zéro net. Cela implique que toute émission résiduelle serait compensée par des puits de carbone tels que les forêts, les océans et des technologies spécifiques. Pourtant, les émissions continuent d’augmenter. Selon les prévisions du Global Carbon Project, les émissions de CO2 liées à la combustion de combustibles fossiles ont crû d’environ 0,8 % l’année dernière.
Cette année, la pression sur les gouvernements s’intensifie. Ils sont appelés à élaborer de nouveaux plans climatiques afin de réduire les émissions plus rapidement, conformément au calendrier établi par l’accord de Paris. Ce sujet sera au cœur des prochaines négociations climatiques prévues en novembre à Belém, au Brésil. Les militants et les chercheurs observeront de près les nouvelles promesses ainsi que les performances passées des principaux pollueurs, et n’hésiteront pas à les critiquer publiquement.
Cependant, des obstacles se dressent déjà sur la route de l’objectif zéro net. Ce défi est amplifié par la montée des partis populistes de droite qui ont récemment remporté des succès électoraux en Europe et ailleurs. De plus, le monde des affaires, notamment aux États-Unis, s’ajuste déjà à une politique climatosceptique influencée par Donald Trump.
Après des années où les institutions financières et les entreprises industrielles ont rivalisé d’ardeur pour faire des promesses et s’engager dans des alliances climatiques, l’engagement envers la durabilité semble maintenant en déclin. Par exemple, le mois dernier, les six plus grandes banques américaines ont quitté la Net-Zero Banking Alliance. Les entreprises semblent réticentes à prendre des engagements contraignants vers l’objectif zéro net, bien qu’elles affirment continuer à respecter certaines normes de durabilité.
Les principaux pollueurs en ligne de mire
Pour les défenseurs de l’environnement, l’attention se portera sur les grands émetteurs mondiaux : les États-Unis, la Chine, l’UE, l’Inde et les pays à économies émergentes, allant du Brésil à l’Indonésie et aux États du Golfe.
Leurs performances en matière d’émissions pourraient engendrer des tensions sur la scène géopolitique mondiale. Les données du Global Carbon Project indiquent que les émissions de CO2 en Chine ont légèrement augmenté l’année dernière, tandis qu’elles ont bondi de 4,6 % en Inde. En revanche, elles ont diminué en Europe et aux États-Unis.
Cela explique pourquoi les pays industrialisés exigent de plus en plus que les nouvelles puissances économiques prennent des initiatives significatives en matière de réduction des émissions. Ce pouvoir de négociation a été particulièrement évident lors de la dernière conférence climatique à Bakou, et cette lutte d’intérêts continuera d’affecter les relations entre anciennes et nouvelles puissances l’année prochaine.
La raison de cette augmentation des émissions réside dans la dynamique économique. En Inde, la forte croissance économique a entraîné une demande accrue d’électricité, comme l’explique Robbie Andrew, chercheur à l’institut norvégien Cicero. Le problème est que « la majorité de cette nouvelle demande est satisfaite par une augmentation de l’utilisation des centrales à charbon, tandis qu’une part plus modeste provient des énergies renouvelables ».
Simultanément, la production d’électricité à partir du charbon a également augmenté en Chine, malgré des progrès records dans les énergies renouvelables. Selon Cicero, cela est dû à la hausse rapide de la demande d’électricité, alimentée par l’industrie technologique et la consommation domestique.
Transitional énergétique : le rôle des combustibles fossiles
Une transition loin du charbon semble encore lointaine. Au contraire, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prédit en décembre que la consommation de charbon atteindrait un nouveau sommet de 8,74 milliards de tonnes en 2024, principalement en raison des évolutions en Chine et en Inde. « Le charbon est souvent perçu comme un carburant du passé, mais sa consommation mondiale a doublé au cours des trois dernières décennies », souligne l’AIE.
Le charbon n’est pas le seul combustible fossile à résister, malgré des investissements records dans les énergies renouvelables et un regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire face à la demande croissante des centres de données.