La Russie déjoue les sanctions pétrolières : l’impérialisme maritime de Poutine en action

La Russie déjoue les sanctions pétrolières : l'impérialisme maritime de Poutine en action

Les sanctions occidentales impactent négativement l’économie russe, incitant le Kremlin à adopter des solutions innovantes, notamment par le biais de la flotte fantôme pour exporter du pétrole. Malgré les restrictions sur l’assurance des cargaisons et les nouvelles sanctions ciblant des producteurs, la Russie cherche à contourner ces obstacles. Cependant, les conséquences pourraient être significatives pour le budget russe, exacerbant l’inflation et réduisant la diversité des produits, tout en freinant le potentiel économique futur et les progrès technologiques.

Les Effets des Sanctions sur l’Économie Russe

À long terme, les sanctions ont un impact négatif sur l’économie russe. Toutefois, pour naviguer autour du nouvel embargo pétrolier des États-Unis, le Kremlin cherchera des solutions innovantes à court terme, selon Alexandra Prokopenko, ancienne conseillère de la Banque centrale russe et actuelle membre du Carnegie Russia Eurasia Center. Prokopenko a démissionné en raison de son opposition à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le Rôle de la Flotte Fantôme dans l’Exportation de Pétrole

La Russie exporte son pétrole brut principalement par deux voies : d’abord via des pipelines, surtout à destination de la Chine, et ensuite par pétroliers, dont bon nombre appartiennent à la flotte fantôme. Cette flotte a émergé pour aider la Russie à contourner les sanctions occidentales, prospérant dans un environnement économique difficile. Auparavant, les opérations de la flotte fantôme étaient limitées, mais maintenant, ces navires transportent d’importantes quantités de pétrole à travers les mers, principalement vers des clients comme l’Inde et la Chine.

Les sanctions imposées par l’Occident interdisent l’assurance des cargaisons de pétrole russe. Les nouvelles sanctions américaines ciblent des producteurs comme Gazprom Neft et Surgutneftegaz, ainsi que 183 navires. Cela soulève la question de savoir si la flotte fantôme pourra continuer à opérer sans être affectée.

Les récentes sanctions touchent environ un tiers de la flotte fantôme. À court terme, cela pourrait engendrer des conséquences significatives pour le budget russe, interrompant l’exportation de 1,3 million de barils de pétrole par jour. Cette situation pourrait réduire les marges bénéficiaires à long terme, alors que les coûts d’exploitation augmentent et que la Chine et l’Inde exercent une pression pour obtenir des prix avantageux.

Face à cette situation, le Kremlin a deux options : diminuer les volumes d’exportation et accepter le prix plafond de 60 dollars par baril fixé par le G7, ce qui semble peu probable, ou mobiliser des navires alternatifs pour créer une nouvelle flotte fantôme. Cette dernière option nécessitera des ajustements dans l’industrie, y compris la mise en place de nouveaux systèmes d’assurance, ce qui pourrait entraîner une baisse des profits à court terme. Cependant, il est probable que la flotte fantôme continuera à s’adapter aux nouvelles sanctions.

Concernant le respect du prix plafond, ce serait politiquement inacceptable pour le Kremlin, car cela signifierait reconnaître l’efficacité des sanctions. En outre, en trouvant des navires alternatifs, la Russie pourrait prolonger son temps d’opération tout en continuant à générer des bénéfices.

Le récit selon lequel les sanctions sont inefficaces, soutenu par certains populistes en Allemagne et ailleurs, est erroné. L’économie russe et la politique économique du Kremlin ont été profondément affectées. Les Russes ressentent déjà les effets des sanctions à travers une inflation élevée et une diminution de la diversité des produits disponibles. Les attentes irréalistes concernant l’impact immédiat des sanctions sur l’économie russe sont également problématiques. Il est important de comprendre que l’économie russe est complexe et difficile à déstabiliser rapidement.

Finalement, bien que l’économie russe ne montre pas de signes d’effondrement imminent, elle est en crise. Le secteur militaire continuera d’absorber des ressources, tandis que les sanctions nuisent au potentiel économique futur de la Russie, notamment en matière de progrès technologique et de dépenses sociales.