La publication de l’indice des pays pour les entreprises familiales, en période d’élections fédérales anticipées, souligne la nécessité d’une révision des politiques économiques en Allemagne. Le rapport révèle un déclin persistant du pays, désormais classé 17e, avec des défis en matière de fiscalité, de coûts du travail et d’infrastructures. En revanche, le Danemark et la Suède se distinguent par des conditions favorables, démontrant qu’une approche de marché moins bureaucratique peut coexister avec des modèles responsables.
La publication récente de l’« indice des pays pour les entreprises familiales » coïncide avec l’approche des élections fédérales anticipées. Cette étude, qui se déroule tous les deux ans et est commandée par une fondation allemande, examine les conditions d’implantation des grandes entreprises familiales dans 21 pays industrialisés. Bien que cette coïncidence soit fortuite, elle met en lumière le besoin urgent d’une révision des politiques économiques que devra aborder le futur gouvernement allemand.
Un déclin constaté avant l’« Ampel »
Le dernier rapport, qui sera rendu public ce lundi, confirme le recul observé dans le groupe des pays les moins performants. Ce déclin était déjà amorcé avant l’arrivée du gouvernement de l’Ampel, mais celui-ci n’a pas réussi à inverser la tendance, a indiqué Friedrich Heinemann de l’institut ZEW de Mannheim lors d’une conférence de presse. L’Allemagne se classe désormais au 17e rang, juste devant la Hongrie, la France et l’Espagne, avec l’Italie à un peu plus de distance.
Le Danemark se distingue en remportant la première place, grimpant de la 8e à la 1ère position par rapport à l’édition 2022. Avec la Suède, il a surpassé les États-Unis et le Canada. Les six premiers pays affichent des scores similaires, tous supérieurs à 60, tandis que les pays en queue de peloton se situent sous la barre des 50. Malgré une légère baisse, la Suisse reste parmi les leaders, suivie par l’Irlande en sixième position.
Analyse des entreprises familiales
Comment cet indice est-il établi ? Le ZEW, pour le compte de la fondation susmentionnée, collecte une multitude d’indicateurs qui sont ensuite intégrés dans six sous-indices, dont un sur les impôts. Ces sous-indices sont pondérés et combinés pour former un indice global, où un score élevé indique une attractivité accrue de l’emplacement.
L’étude met un accent particulier sur les grandes entreprises familiales, prenant en compte des facteurs essentiels comme la taxation des successions, qui revêtent une importance particulière pour ce type d’entreprise.
La légère amélioration de l’Allemagne dans le classement est en partie due au déclin de la Hongrie. De plus, l’évaluation de l’Allemagne en matière d’énergie a grimpé de la 18e à la 8e place. Cette surprise s’explique par le fait que les livraisons d’énergie russes sont rapidement remplacées par des sources plus sûres, et que les prix de l’énergie ont dépassé leur apogée. La sécurité d’approvisionnement en électricité, mesurée par le nombre annuel moyen de pannes, joue également un rôle positif.
Un paysage fiscal difficile en Allemagne
En ce qui concerne la fiscalité, l’Allemagne se situe juste au-dessus du Japon, qui présente les pires conditions. Trois pays d’Europe de l’Est se distinguent en tête, tandis que la Suisse arrive en 6e position.
Au bas du classement, juste devant l’Italie, l’Allemagne se trouve presque dernière dans les sous-indices concernant les coûts du travail, la productivité et le capital humain. Les coûts élevés du travail, associés à une productivité moyenne et à des investissements insuffisants dans l’éducation, pèsent sur cette évaluation. Les États anglo-saxons, avec l’Irlande en tête, affichent les meilleures performances, tandis que la Suisse se positionne à une modeste 15e place.
Dans le domaine de la réglementation, l’Allemagne obtient le 17e rang, alors que la Suisse est en 9e position. Heinemann souligne le lien entre la lourdeur bureaucratique et une productivité insuffisante. Les nouvelles recrues dédiées aux obligations de conformité augmentent les coûts sans générer de valeur ajoutée significative. Ce domaine est dominé par les États-Unis et d’autres pays anglo-saxons.
Concernant les infrastructures et les investissements, le Danemark, la Suisse et les Pays-Bas forment un groupe de tête, tandis que l’Allemagne se place au 10e rang. Elle obtient de bons résultats en matière de lutte contre la corruption, mais souffre de faiblesses dans la criminalité, la stabilité politique et surtout dans ses infrastructures de transport, notamment ferroviaires.
Les petits pays à l’avant-garde
Le seul sous-indice où l’Allemagne brille et se classe même première est le financement. Cela découle de la situation financière solide des entreprises et de l’État par rapport à d’autres nations. La Suisse, quant à elle, se trouve à la 6e position en raison d’un endettement relativement élevé des ménages.
La montée en puissance du Danemark et de la Suède démontre, selon l’étude, qu’il est possible au sein de l’UE d’offrir des conditions d’implantation favorables tout en adoptant des modèles commerciaux socialement responsables. Ces pays privilégient une approche de marché avec moins de bureaucratie, notamment en matière de politique climatique, en se concentrant sur une tarification complète du CO2 plutôt que sur une réglementation détaillée.
Les petits États européens continuent de prouver leur adaptabilité face aux défis mondiaux, surpassant souvent les plus grands États membres de l’UE, comme le souligne le rapport.