Castration du chien : Les enjeux à considérer avant de prendre une décision

Castration du chien : Les enjeux à considérer avant de prendre une décision

Rowohlt, un chihuahua de deux ans, cohabite avec trois femelles sans intention de reproduction. Sa propriétaire, Sophie Strodtbeck, vétérinaire spécialisée, s’oppose à la castration systématique. Elle met en garde contre les dangers des castrations précoces, qui peuvent entraîner des problèmes de santé et de comportement. Les effets de la castration sur le comportement canin ne sont pas toujours positifs, et une approche individuelle est essentielle pour évaluer les risques et bénéfices.

Que penserait Rowohlt ? Ce chihuahua mâle de deux ans partage son foyer avec trois femelles, mais la reproduction n’est pas à l’ordre du jour. Comment se comporte-t-il au sein de sa petite meute ? Ressent-il du stress lorsque l’une de ses compagnes est en chaleur ? Est-il frustré par son état ? Pourtant, Rowohlt reste silencieux, paisiblement endormi sous le bureau.

Comme les chiens ne peuvent pas exprimer leurs sentiments, c’est à sa propriétaire, Sophie Strodtbeck, vétérinaire spécialisée, de s’exprimer. Elle possède une expertise dans le comportement sexuel et l’équilibre hormonal des chiens et a écrit plusieurs ouvrages sur la castration. « Je ne suis pas contre la castration en soi, mais je m’oppose à une pratique systématique », affirme-t-elle. Autrefois critiquée pour cette position, elle est aujourd’hui reconnue grâce à de nombreuses études récentes qui ont suscité un changement de mentalité dans les centres de formation canine et les cliniques vétérinaires. « Il reste néanmoins beaucoup d’efforts à fournir en matière de sensibilisation », ajoute-t-elle.

Les dangers des castrations précoces

Le sujet de la santé est crucial. Pendant longtemps, la castration des femelles était considérée comme une mesure préventive pour réduire le risque de cancer du sein et d’infections utérines. Bien que des études des années 1970 aient soutenu cette idée, elles sont désormais dépassées. En fait, ces effets sont surtout notables pour les castrations effectuées avant la première chaleur.

Les interventions précoces peuvent entraîner d’autres risques significatifs. Selon Strodtbeck, « les hormones sexuelles sont essentielles au développement. Leur absence peut provoquer des troubles de croissance et des anomalies articulaires. » Le risque d’obésité, de diabète, d’hypothyroïdie, de démence et de certains types de tumeurs augmente également, en particulier chez les grandes femelles qui deviennent souvent incontinentes. Cela doit être soigneusement pris en compte lors de la décision de castration.

Sebastian Arlt, responsable du département de reproduction des petits animaux à l’hôpital vétérinaire universitaire de Zurich, met en garde contre une approche hâtive. « Nous savons aujourd’hui que la castration peut avoir des effets secondaires. Il est donc essentiel d’évaluer les bénéfices et les risques pour chaque chien de manière individuelle », explique-t-il.

Les effets sur le comportement canin

Au-delà de la santé, la castration influence également le comportement des chiens, et ce n’est pas toujours de manière bénéfique. « Beaucoup pensent à tort qu’une castration peut transformer un chien difficile en un animal docile et sociable », affirme Barbara Ofer, dresseuse de chiens en Rhénanie-Palatinat. Selon elle, les propriétaires envisagent souvent cette opération lors de phases de développement compliquées ou en réponse à des problèmes d’éducation.

« Il est indéniable qu’avoir un chien en pleine puberté peut être éprouvant », confie Ofer. Mais, elle ajoute : « Les propriétaires qui abordent cette période avec patience et bienveillance, tout en maintenant une éducation cohérente, sont souvent récompensés par un chien mature, capable de contrôler ses impulsions et de gérer la frustration. » Interrompre le développement naturel d’un chien peut le rendre non seulement adorable et joueur, mais aussi souvent impulsif et difficile à gérer.

« Les jeunes chiens méritent d’avoir l’opportunité de se développer pleinement », insiste-t-elle. Cela ne se limite pas à la première année de vie, mais s’étend idéalement aux trois premières années. Elle partage même son expérience personnelle, ayant deux mâles non castrés qui cohabitent harmonieusement grâce à une éducation claire.

Quant aux problèmes de comportement, ceux-ci sont souvent à tort attribués aux hormones sexuelles. Par exemple, le chevauchement ne résulte pas toujours d’un désir sexuel, mais peut être un jeu ou une réaction au stress. Même dans le cas d’un comportement agressif, il est important d’examiner la situation de près. « Si un chien se montre agressif en raison de l’insécurité ou du stress, la castration peut aggraver la situation », prévient Ofer.

La vétérinaire Sophie Strodtbeck abonde dans ce sens : « La testostérone agit comme un antagoniste du cortisol, l’hormone du stress, et peut favoriser la confiance. Son absence peut avoir des conséquences négatives. » Les dresseurs expérimentés ou les vétérinaires spécialisés dans le comportement sont souvent en mesure d’identifier rapidement les causes sous-jacentes des comportements problématiques.

En cas de doute, une castration chimique peut être envisagée comme test chez les mâles. « Un implant est utilisé pour inhiber la fonction des glandes reproductrices, pratiquement en éteignant les hormones sexuelles », conclut le vétérinaire.