Les économistes suisses penchent à gauche : impact sur leurs recherches et analyses

Les économistes suisses penchent à gauche : impact sur leurs recherches et analyses

Une étude révèle que 76 % des journalistes suisses se définissent à gauche, avec une prédominance chez les jeunes et les femmes. En parallèle, une enquête sur les économistes montre également une majorité de tendances à gauche, influençant leurs jugements sur des questions économiques. Les opinions divergent fortement sur des sujets clés, rendant complexe la recherche d’une vérité objective en économie. La surreprésentation des idées de gauche n’est pas nouvelle dans le milieu scientifique.

Au sein des médias suisses, une tendance claire émerge : les journalistes, représentant le quatrième pouvoir, adoptent majoritairement une perspective de gauche vis-à-vis des autres institutions. Cette constatation repose sur une étude récente menée par la Haute école zurichoise des sciences appliquées, révélant que 76 % des journalistes se définissent à gauche, qu’ils œuvrent dans des médias privés ou publics.

Une inclinaison à gauche chez les jeunes et les femmes

La question se pose également pour les experts souvent cités par les journalistes, tels que les économistes. Plusieurs indicateurs suggèrent que les économistes de gauche sont plus nombreux que ceux de droite. Ce constat découle d’une enquête réalisée avec le Centre de recherche conjoncturelle (KOF), dans laquelle les économistes ont été interrogés sur des concepts économiques fondamentaux, tout en examinant l’influence de leur orientation politique sur leurs opinions.

Un total de 854 économistes issus d’institutions publiques ou d’universités ont été contactés, avec 177 réponses obtenues. Notamment, plus de 80 % des réponses proviennent d’hommes, soulignant la prédominance masculine dans le domaine économique. La moitié des répondants ont moins de 45 ans, tandis que l’autre moitié est plus âgée, le groupe d’âge le plus représenté étant celui des 36 à 45 ans, suivi par les plus de 56 ans.

Concernant leur orientation politique, il est peu surprenant que 44 % des économistes se situent au centre, une position jugée la moins contestable sur le plan académique. En revanche, 7 % se positionnent à gauche et 29 % plutôt à gauche, alors que 1 % se déclare à droite et 19 % plutôt à droite. Les femmes et les jeunes économistes affichent une tendance plus marquée vers des opinions de gauche.

Un « camp de gauche » représentant 36 % se dresse ainsi contre un « camp de droite » qui ne compte que 20 %. Cette disparité soulève-t-elle des inquiétudes dans le domaine scientifique ? Pas nécessairement, tant que l’intégrité du travail académique n’est pas compromise. Un physicien ayant des tendances socialistes ou libertaires peut calculer l’orbite de la Terre sans que cela n’affecte le résultat, qui reste le même, peu importe les croyances personnelles.

L’influence de l’orientation politique sur les opinions économiques

Cependant, l’économie se distingue des sciences naturelles en tant que science sociale, explorant le comportement humain, souvent imprévisible et influencé culturellement. Ainsi, la recherche peut être affectée par les valeurs des chercheurs. L’orientation politique, qu’elle soit à droite ou à gauche, a un impact significatif sur les jugements économiques, comme le révèle l’enquête.

Les économistes ont été invités à donner leur avis sur 19 déclarations économiques clés, portant sur des thèmes tels que les droits de douane, l’inégalité, l’endettement, la politique climatique, et bien d’autres. Les analyses statistiques ont révélé que pour 13 de ces 19 questions, l’orientation politique influençait fortement les réponses fournies.

Pour plus des deux tiers des questions, il est donc évident que l’attitude politique joue un rôle crucial. Peu de sujets semblent générer des consensus au sein des différentes idéologies. Parmi les thèmes considérés comme « apolitiques », on trouve les règles de fonds propres pour les banques suisses, la réglementation « trop grand pour faire faillite », et la relation entre inflation et chômage.

Les divergences majeures dans le débat économique

Quelles questions économiques révèlent donc un fossé significatif entre les économistes de gauche et de droite ? L’enquête met en lumière que la recherche d’une vérité objective en économie est complexe. Les recommandations des économistes reflètent souvent leurs valeurs personnelles et leurs croyances. Les politiciens en sont conscients et privilégient les expertises d’économistes et d’instituts partageant leur orientation politique, engendrant ainsi un débat où chaque argument en faveur d’une position a son contre-argument.

L’économie perd-elle de sa valeur si elle ne parvient pas à fournir des réponses claires sur des enjeux fondamentaux ? Pas nécessairement, car la diversité d’opinions fait partie intégrante des sociétés libres, et la concurrence des idées enrichit la recherche. La surreprésentation des idées de gauche dans le monde scientifique n’est pas un phénomène récent : une étude de 1982 avait déjà conclu que les économistes suisses étaient souvent considérés comme des keynésiens modérés, illustrant ainsi une constance dans cette tendance politique.