Bennu : un astéroïde riche en acides aminés, bases nucléiques et sels, essentiel à la vie

Bennu : un astéroïde riche en acides aminés, bases nucléiques et sels, essentiel à la vie

En septembre 2023, la sonde Osiris-Rex a rapporté 120 grammes d’échantillons de l’astéroïde Bennu, révélant des milliers de molécules organiques essentielles à la vie. Les recherches montrent que la chimie prébiotique pourrait être répandue dans le système solaire, augmentant les chances de trouver la vie ailleurs. Des acides aminés et d’autres biomolécules ont été identifiés, suscitant des questions sur leur origine et leur diversité, notamment concernant la présence équilibrée d’acides aminés gauchers et droitiers dans ces échantillons.

En septembre 2023, la sonde Osiris-Rex a ramené seulement 120 grammes de poussière et de roche de l’astéroïde Bennu. Cependant, ces échantillons contiennent une richesse incroyable. Lors d’une récente conférence de presse, la NASA a révélé que ces 120 grammes renferment des milliers de molécules organiques à base de carbone, y compris des éléments essentiels pour les protéines et l’ADN.

Selon l’astrophysicienne Kathrin Altwegg de l’Université de Berne, qui n’a pas participé à cette étude, ces résultats montrent que la chimie prébiotique pourrait être omniprésente dans notre système solaire. Cela augmente les probabilités de découvrir des formes de vie ailleurs dans l’univers.

La mission Osiris-Rex et l’astéroïde Bennu

La mission Osiris-Rex a été lancée en septembre 2016 et a atteint l’astéroïde Bennu, un corps d’environ 500 mètres de diamètre qui croise régulièrement l’orbite terrestre, deux ans plus tard. Après une analyse approfondie de Bennu à distance, la phase critique de la mission a débuté le 20 octobre 2020.

La sonde s’est approchée à quelques mètres de la surface de l’astéroïde, et un bras robotisé a prélevé des échantillons jusqu’à 50 centimètres de profondeur. Ces échantillons ont ensuite été scellés dans une capsule et relâchés au-dessus de la Terre en septembre 2023.

Actuellement, ces précieuses poussières sont analysées par diverses institutions scientifiques. Les premiers résultats ont été publiés cette semaine dans les revues « Nature » et « Nature Astronomy ».

Un groupe de chercheurs, dirigé par Daniel Glavin du Goddard Space Flight Center de la NASA, s’est penché sur les molécules organiques présentes dans Bennu. Bien qu’ils sachent déjà que les astéroïdes contiennent de nombreux composés organiques, la diversité trouvée ici a pris les chercheurs par surprise.

Bien qu’aucune preuve de vie fossile n’ait été détectée, ils ont réussi à identifier 14 des 20 acides aminés qui forment les protéines dans nos cellules. Des éléments constitutifs de notre ADN et ARN ont également été découverts, ainsi que 19 autres acides aminés sans utilisation connue sur Terre.

Une explication possible de cette diversité pourrait être la présence élevée d’ammoniac, dont la concentration sur Bennu est cent fois supérieure à celle de la Terre, ce qui favoriserait la synthèse des acides aminés et d’autres molécules organiques.

Les implications des découvertes de Bennu

Les études des deux groupes de chercheurs corroborent les résultats précédents des recherches sur les météorites. Il semble que la formation des molécules précurseurs de la vie ne nécessite pas de conditions identiques à celles de la Terre primitive, mais il est probable que l’étape décisive vers la vie n’ait eu lieu que sur notre planète. Les raisons de cette singularité demeurent encore floues.

Les perspectives de découverte de vie se profilent également sur des corps comme la planète naine Cérès et la lune Encelade de Saturne, où des carbonates riches en sodium ont été identifiés, indiquant peut-être l’existence de saumures similaires.

Une autre surprise révélée par l’analyse des échantillons d’astéroïdes est la présence de biomolécules existant sous deux formes miroir, comme la main gauche et la main droite. Curieusement, nos cellules ne contiennent que des acides aminés gauchers. On suppose que cette asymétrie ne s’est pas formée sur Terre, mais des études montrent qu’une préférence pour les acides aminés gauchers pourrait avoir existé dans le jeune système solaire, avant d’être apportée sur Terre par des météorites.

Les échantillons de Bennu ne semblent pas suivre ce schéma. Leur rapport entre acides aminés gauchers et droitiers est équilibré, soulevant des interrogations sur ce que cela signifie. Le précurseur de Bennu pourrait avoir été un corps atypique, ou il se pourrait que les météorites aient subi une forme de contamination.