Apprivoiser la guerre : un regard historique sur ses leçons et espoirs.

Apprivoiser la guerre : un regard historique sur ses leçons et espoirs.

En 1928, le Pacte Briand-Kellogg, signé par quinze nations à Paris, condamne la guerre comme moyen de résoudre les conflits internationaux. Malgré l’adhésion d’autres pays, des violations par des nations comme le Japon et l’Allemagne montrent les failles de ce traité. Après la Seconde Guerre mondiale, les Nations Unies renforcent cette interdiction, bien que des exceptions comme la légitime défense existent. L’évolution vers une culture de paix, malgré des défis, est considérée comme un succès depuis 1928.

En effet, bien que les guerres soient officiellement interdites, il est évident que les interdictions ne suffisent pas à éradiquer tous les maux de notre société. Prenons comme point de départ le 27 août 1928 à Paris : suite à une initiative conjointe de la France et des États-Unis, un document important est signé par les représentants de quinze nations. Ce traité déclare, au nom de leurs peuples, selon l’article 1, « qu’ils condamnent la guerre en tant que moyen de régler les conflits internationaux et s’engagent à ne plus l’utiliser comme instrument de politique internationale dans leurs relations respectives ».

Avant 1939, près de cinquante autres pays, dont la Chine et l’Union soviétique, ont rejoint le « Pacte Briand-Kellogg », en plus des puissances occidentales. À l’exception de quelques nations d’Amérique latine, ce pacte a été largement reconnu dans le monde entier, établissant ainsi que aucun conflit interétatique ne devrait être résolu par la violence. De ce fait, les guerres d’agression sont devenues inacceptables selon le droit international.

Un tournant historique vers la paix

Ce pacte marque un tournant dans l’histoire des relations internationales. Auparavant, un concept de « ius ad bellum » autorisait les États à mener la guerre si une « cause juste » était invoquée. La violence organisée était alors perçue comme un moyen légitime pour les nations souveraines de défendre leurs intérêts. En résumé, le droit de mener la guerre était considéré comme une extension du pouvoir d’un État.

À quelle époque ce droit a-t-il été véritablement contesté ? Les chercheurs s’interrogent encore sur la période allant de la Première Guerre mondiale à celle du Congrès de Vienne en 1814/15. Cependant, une chose est certaine : en 1928, le pacte signé à Paris a mis un terme au droit à la guerre.

Lors de la cérémonie de signature, le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, évoque l’importance de cet événement historique : « Proclamer la paix est un acte noble, mais il est essentiel de l’organiser ». Il souligne la nécessité de remplacer l’ordre violent par un cadre juridique, un défi à relever dès le lendemain.

Malheureusement, il ne faut pas attendre jusqu’à 1939 pour voir les failles du pacte. Bien que le Japon et l’Allemagne aient signé le traité, ils ont ignoré ses principes en commençant des agressions, comme l’invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931 ou l’attaque italienne contre l’Éthiopie en 1935. Le principal problème réside dans l’absence de mécanismes pour sanctionner les violations, laissant le pacte vulnérable.

Cependant, malgré ces défis, le XXe siècle témoigne d’une volonté croissante de paix, où la guerre perd progressivement son acceptabilité. La communauté internationale s’efforce de prévenir les conflits, cherchant des moyens de contenir la violence lorsque cela est nécessaire.

L’essor des Nations Unies et la lutte pour la paix

Après la Seconde Guerre mondiale, la communauté internationale s’appuie sur les fondations établies en 1928 pour renforcer ses efforts en matière de paix. Le 24 octobre 1945, les Nations Unies voient le jour, se consacrant à la préservation de la paix mondiale. Leur charte stipule que les membres doivent s’abstenir de « toute menace ou usage de la force » contre l’intégrité territoriale d’un État, érigeant ainsi l’interdiction de la guerre en principe fondamental des relations internationales.

Cependant, cette interdiction n’est pas absolue. Le droit à la légitime défense demeure, permettant à un État attaqué de répondre par la force. De plus, le Conseil de sécurité de l’ONU a le pouvoir de prendre des mesures, y compris des sanctions, en cas de menace pour la paix.

En conséquence, l’« éveil de l’espoir » proclamé par Aristide Briand en 1928 ne s’est pas arrêté là. La communauté internationale a pris des mesures pour « organiser » la paix, imposant des sanctions aux États qui violent les principes de non-violence. Ainsi, l’ONU a comblé les lacunes laissées par le Pacte Briand-Kellogg.

Bien que des mesures punitives ne soient pas toujours appliquées, notamment en raison de la realpolitik et du pouvoir des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, l’histoire de l’interdiction de la guerre depuis 1928 est largement perçue comme un succès. Des experts tels qu’Oona Hathaway et Scott Shapiro soulignent cette évolution significative vers une culture mondiale de paix.