La saison 3 de ‘Yellowjackets’ : une critique sur son déséquilibre croissant

La saison 3 de 'Yellowjackets' : une critique sur son déséquilibre croissant

L’été canadien transforme le quotidien des « Yellowjackets », qui évoluent d’une survie désespérée à la création d’une communauté. Cependant, les tensions internes persistent, notamment à travers la douleur de Shauna et la montée d’un culte autour de la nature. Les intrigues modernes manquent parfois de profondeur par rapport aux flashbacks captivants. Tandis que des moments de normalité émergent, les personnages naviguent entre secrets familiaux et relations compliquées, révélant les complexités de leur expérience.

Un Été Transformateur dans la Nature Sauvage

Au cœur de la nature canadienne, l’équipe de football des « Yellowjackets » a enfin vu l’été s’installer après des mois de survie. La neige a disparu, laissant place à des feuilles verdoyantes, et la cabane brûlée de la saison précédente a été remplacée par un village de fortune fait de bois. Pour ces survivantes, ce changement de saison représente une rupture profonde avec leur réalité, et pour les amateurs du drame de Showtime, ce nouveau souffle est à la fois tangible et symbolique.

Des Échos du Passé et des Tensions Persistantes

Dans la trame narrative contemporaine qui occupe une grande partie de la série, peu de choses semblent avoir changé. La saison 2 s’est terminée sur une note tragique avec la première perte majeure parmi les survivants adultes, un événement qui a bouleversé la dynamique du groupe. Alors que la jeune Natalie (Sophie Thatcher) devenait la leader de sa tribu, sa version adulte (Juliette Lewis) a tragiquement succombé à une surdose de fentanyl. Bien que Misty (Christina Ricci) ait été impliquée, pour certains personnages comme Lottie (Simone Kessell), cela représente un sacrifice pour « Lui », l’esprit de la nature qui les suit même après leur retour à la civilisation.

Même si la mort de Travis, l’ex-petit ami de Natalie, a été le catalyseur de la série, le sort de Natalie lui-même souligne l’intensification des défis auxquels les Yellowjackets font face. Cependant, malgré quelques scènes de deuil dans le premier épisode de la saison 3, les interactions modernes semblent étrangement banales. Les femmes, dispersées, semblent évoluer sans l’urgence de survivre qui animait leurs jeunes versions. Le retour de « Yellowjackets », après une longue attente due aux grèves à Hollywood, a révélé un défaut persistant : un fossé grandissant entre les flashbacks captivants et les intrigues contemporaines, souvent moins percutantes.

Cependant, l’intrigue principale continue d’évoluer. Alors que la menace de famine s’estompe, les Yellowjackets commencent à se développer en une véritable communauté, avec des célébrations et même un petit élevage de lapins et de canards. Étonnamment, le cannibalisme semble être un souvenir lointain, bien qu’il reste à voir jusqu’où elles iront dans leur quête de survie. Bien que la saison 2 ait vu le groupe passer d’une lutte désespérée pour la survie à une dynamique plus structurée, les tensions internes demeurent palpables.

Shauna (Sophie Nélisse) est hantée par la perte de son bébé, ce qui la rend plus en colère et hostile. Pendant ce temps, un groupe quasi-religieux s’est formé, prônant une connexion spirituelle avec la nature, tandis que l’entraîneur Scott (Steven Kreuger) reste un personnage clé, témoin des changements chez les jeunes femmes. La paranoïa et les luttes internes créent un mélange explosif, offrant certaines des scènes les plus marquantes de la série. Ce que « Yellowjackets » perd en réalisme, il le compense par des explorations psychologiques fascinantes.

La série parvient à capturer l’essence même de son attrait : comment la brutalité de la nature sauvage révèle les facettes les plus sombres et les plus lumineuses de ses personnages. Des moments de normalité surgissent de manière inattendue, offrant un contraste poignant avec leur situation extrême. Une joueuse, blessée, retrouve son calme en chantant une chanson des années 90, tandis qu’une autre rêve de souvenirs d’enfance. La nature sauvage agit comme un révélateur, mettant en lumière ce qui sommeille déjà en elles.

Dans la modernité des années 2020, Callie (Sarah Desjardins), la fille de Shauna (Melanie Lynskey), apporte une touche de légèreté. Elle devient un personnage plus complexe, conscient des secrets de sa famille, et sa dynamique avec sa mère enrichit l’histoire. De même, la romance entre Tai (Tawny Cypress) et Van (Lauren Ambrose) se réveille, mêlant dépression et mysticisme dans une exploration des liens perdus.

Cependant, les tentatives de maintenir Lottie et Misty dans l’intrigue semblent un peu artificielles. Après avoir été profondément impliquées dans un complot de meurtre, « Yellowjackets » choisit de minimiser les répercussions de leurs actions, ce qui peut créer un sentiment d’incohérence dans le récit. Les intrigues qui les entourent ne parviennent pas toujours à captiver, laissant les spectateurs désireux de voir comment ces histoires interconnectées évolueront à l’avenir.