Analyse 2024 : Comprendre la perte historique de la Bundesbank

Analyse 2024 : Comprendre la perte historique de la Bundesbank

La Bundesbank annonce une perte record de 19,2 milliards d’euros pour 2024, soit près de 0,5 % du PIB allemand. Cette situation, causée par des investissements dans des titres à faible rendement et des taux d’intérêt élevés, impacte le budget fédéral, sans versement de bénéfices cette année. Bien que des pertes soient attendues pour les années à venir, la banque conserve des réserves solides. La BCE, également en perte, n’a pas réparti ses déficits, ce qui complique la situation pour la Bundesbank.

La Bundesbank fait face à une perte record dépassant 19 milliards d’euros, marquant le plus grand déficit de son histoire. Quelles répercussions cela aura-t-il sur le budget fédéral et que signifie-t-il pour la banque centrale ?

Pour 2024, la Bundesbank annonce une perte de 19,2 milliards d’euros, ce qui représente presque 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne, reflet de la valeur totale des biens et services produits l’année précédente. En 2023, la perte avait atteint 21,6 milliards d’euros, mais grâce à certaines provisions, la perte finale avait été réduite à 2,4 milliards d’euros. Joachim Nagel, président de la Bundesbank, a souligné que la mission d’une banque centrale n’est pas de générer des bénéfices, mais de combattre l’inflation.

Cette année, aucun versement ne sera effectué au budget fédéral en raison des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Impact sur le budget fédéral

En période de prospérité, la Bundesbank contribue au ministère fédéral des Finances en versant ses bénéfices, ce qui avait été le cas en 2019 avec près de six milliards d’euros versés. Néanmoins, cela ne signifie pas que la perte actuelle sera compensée par le budget fédéral. Malgré des pertes considérables, la Bundesbank conserve une base solide. À la fin de 2024, elle n’aura plus de réserves ni de provisions, mais dispose encore de 267 milliards d’euros de réserves latentes ainsi que d’importantes réserves d’or, qui ne peuvent pas être utilisées.

L’accent doit être mis sur des investissements pour créer « plus de marge de manœuvre » à l’avenir.

Achats massifs durant la pandémie

Les titres qui affectent actuellement le bilan de la banque centrale ont été acquis depuis 2015, période durant laquelle la BCE et d’autres banques centrales sont devenues des acheteurs majeurs d’obligations émises par des États, des banques et des entreprises en Europe. Ces mesures ont principalement soutenu les États et les banques en difficulté, avec une intensification des achats durant la pandémie.

Depuis un an et demi, ces programmes d’aide sont progressivement réduits. Actuellement, la Bundesbank et d’autres banques centrales européennes détiennent encore des titres d’une valeur totale de 4 300 milliards d’euros, qui génèrent peu d’intérêts. En parallèle, la BCE a augmenté ses taux directeurs au cours des deux dernières années et demie pour lutter contre l’inflation. Cela signifie également que la Bundesbank doit payer des intérêts plus élevés sur les dépôts des banques commerciales, avec une moyenne de 3,8 % en 2024, tandis que les revenus de ses portefeuilles de titres ne s’élèvent qu’à 0,5 %. C’est cette situation de forte dépense et de faibles revenus qui entraîne des pertes.

Il est peu probable que le secteur du crédit offre un soutien à la reprise économique.

Des années de pertes à prévoir

« Le pic est derrière nous », déclare Nagel. Toutefois, plusieurs années de pertes sont à prévoir jusqu’à ce que les titres à faible taux d’intérêt arrivent à maturité. Une fois cette phase de pertes passée, la banque devra constituer de nouvelles provisions pour les risques futurs. Nagel a mentionné qu’il viendra un jour où des bénéfices pourront à nouveau être versés, sans toutefois avancer de délai précis.

La Bundesbank n’est pas la seule à afficher des pertes ; la BCE a enregistré environ 7,9 milliards d’euros de pertes en 2023 et 2024, dont un bon quart est dû à la Bundesbank. Cependant, le conseil de la BCE a décidé de ne pas répartir ces pertes, les maintenant dans la comptabilité de la BCE jusqu’à ce que des bénéfices futurs soient réalisés. Actuellement, cela soulage la Bundesbank, mais tant que les pertes de la BCE persisteront, elle ne recevra pas de part des bénéfices lors des périodes plus favorables à venir.

Cette analyse a été rapportée par Inforadio le 25 février 2025 à 16h42.