Migros et Nivea : stratégie promotionnelle ou lancement de marques à prix réduit en Suisse ?

Les consommateurs suisses espèrent une baisse des prix grâce à une révision de la loi sur les cartels. Migros, en réponse à des prix excessifs de Beiersdorf pour les produits Nivea, a lancé une initiative visant à tester cette réglementation. Une plainte a été déposée auprès de la Commission de la concurrence après des négociations infructueuses. L’issue de cette affaire pourrait influencer d’autres marques et la dynamique des prix sur le marché suisse.

Des Espoirs Pour Les Consommateurs Suisses

Les consommateurs en Suisse nourrissent de grandes attentes : un changement est enfin en cours dans la lutte contre les prix élevés. Les détaillants devraient désormais avoir plus de latitude pour s’opposer aux prix excessifs imposés par les fabricants, qui cherchent à maximiser leurs profits au détriment du pouvoir d’achat local. Cette évolution fait suite à la révision de la loi sur les cartels, attendue avec impatience.

Une Initiative de Migros Contre Beiersdorf

En réponse à cette situation, Migros a décidé de prendre les devants en lançant une initiative pour tester la réglementation, communément appelée « Lex Nivea », en se concentrant sur les produits de la marque Nivea. Concrètement, le détaillant accuse le fabricant de cosmétiques Beiersdorf de proposer des prix d’achat pour des gels douche et déodorants nettement plus élevés que ceux appliqués aux supermarchés allemands.

Une étude interne menée par Migros, révélée par le cabinet d’avocats Walder Wyss, met en lumière des augmentations de prix atteignant plus de 70 %, même pour des produits que les consommateurs suisses peuvent se procurer à des prix inférieurs en Allemagne. Face à cette situation, Migros a déposé une plainte auprès de la Commission de la concurrence (Weko) contre Beiersdorf, après plusieurs tentatives infructueuses de négociation sur les prix.

Beiersdorf, de son côté, assure avoir proposé à Migros des prix conformes aux standards du marché et à ceux d’autres clients en Allemagne, tout en réfutant les chiffres avancés concernant les différences de prix.

Pour les consommateurs, l’issue de cette affaire pourrait s’avérer déterminante. Si la Weko donne raison à Migros, cela pourrait inciter d’autres marques à reconsidérer leurs marges lors des négociations avec des détaillants suisses. Cependant, des experts en droit de la concurrence expriment des doutes quant à l’efficacité de la nouvelle réglementation pour encadrer les pratiques tarifaires des fabricants. Ils estiment que la loi révisée pourrait promettre plus qu’elle ne peut réellement accomplir, surtout en l’absence de sanctions immédiates.

Il reste également à établir si un abus de position dominante peut être prouvé dans ce cas. Pour cela, la Weko devra d’abord établir que Beiersdorf détient une position dominante sur le marché. Cela soulève la question de savoir si Migros peut facilement remplacer les produits Nivea par d’autres marques, et quelles seraient les répercussions d’une telle substitution sur ses ventes.

En ce qui concerne les précédents, la Weko a eu peu d’occasions de se prononcer sur le pouvoir de marché relatif, ce qui rend difficile toute prévision quant à l’issue de l’affaire Migros contre Beiersdorf. Bien que des cas antérieurs aient été jugés, ils ne sont pas directement comparables. Par exemple, le grossiste pharmaceutique Galexis n’a pas réussi à prouver un abus de pouvoir de marché dans ses négociations avec Fresenius, tandis que la maison d’édition Madrigall a été reconnue coupable d’abus de position dominante vis-à-vis du libraire Payot.

Pour Migros, qui aspire à se positionner comme un défenseur des prix bas, l’enjeu est de taille. La marque Nivea représente une part significative de ses ventes en gels douche et déodorants, avec un chiffre d’affaires estimé à environ 50 millions de francs. Les mois à venir seront cruciaux pour voir si cette situation conduira à la réalisation des attentes politiques entourant la « Lex Nivea ».