Une ode aux bébés qui pleurent


Cbébé qui pleureJe t’entends.

Je n’ai pas d’autre choix que de t’entendre. Vous avez 10 rangées d’avance sur moi en économie, faisant rage comme Lear sur la bruyère. Soufflez, vents et craquez vos joues ! Vous défiez les dieux, les éléments, l’injustice de la vie. Vous pouvez également avoir du gaz.

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Qui est à vos côtés alors que vous interpellez l’univers ? Qui est avec vous à ce moment ultime ? Lear avait son fou, et vous avez vos parents. Présences blêmes, étirées, voûtées. Ils pèsent sur vous avec incertitude. Épuisé. Le plus horrible, avec le dernier de leur énergie, ils se chamailler : Même pendant qu’ils s’occupent de vous, ils se disent des choses calmes et viles. S’ils divorcent, bébé qui pleure, c’est ta faute.

Mais écoute : je t’apprécie. J’apprécie votre franc-parler. Ces corps dans lesquels nous sommes, ce ne sont pas toujours les meilleurs, n’est-ce pas ? Ils démangent, ils piquent, ils ont mal, ils gonflent, ils surchauffent. Ils se sentent bizarres. Ils se fatiguent. Ils nous rendent grincheux. (C’est-à-dire, maintenant que j’y pense, une autre chose que j’apprécie chez vous : l’ancien binôme esprit-corps ne s’applique pas. Vous n’êtes que de l’humeur. Ou de la physique. Votre système digestif et votre vie émotionnelle sont fondamentalement la même chose. .)

J’ai vécu une fois avec un bébé qui pleurait. Il a 20 ans maintenant. J’avais l’habitude de rentrer de mon boulot de pâtissier de nuit à trois heures du matin, de me faire un verre de whisky et de me coucher. Une heure plus tard, il me réveillait avec ses pleurs. Je pataugeais hors du lit, trébuchais vers son berceau et, assez souvent, m’évanouissais. Bam !Dehors froid sur le sol. Une pression artérielle basse, comme il s’est avéré. De plus, vous savez, pas de sommeil. La voix du bébé qui pleure m’arracherait impérieusement d’une forme d’oubli à une autre.

Quoi qu’il en soit, continue comme ça, petit tyran. Vous avez beaucoup de pouvoir, et pas de pouvoir du tout. Tu es un petit poing levé vers les cieux. Bientôt vous parlerez et la langue vous trahira. Vous direz des choses vagues et impuissantes et ferez de mauvaises blagues. Mais en ce moment votre protestation est très directe, très efficace. Ça me passe par la tête.


Cet article paraît dans l’édition imprimée de novembre 2022.



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