Abus sexuel sur mineurs : la conservation des données et la suppression rapide, au cœur des préoccupations des États membres de l’UE

Projet de loi de lutte contre le matériel d’exploitation sexuelle d’enfants : les préoccupations des pays de l’UE

Les gouvernements de quinze pays européens ont récemment donné leur avis sur un projet de loi visant à lutter contre le matériel d’exploitation sexuelle d’enfants (CSAM). Les commentaires, consultés par EURACTIV, mettent en évidence des préoccupations importantes telles que le cryptage de bout en bout, la suppression rapide de ce matériel et la préservation des preuves.

Cryptage de bout en bout

La proposition CSAM de la Commission européenne a suscité la controverse car elle introduit la possibilité pour les autorités judiciaires d’émettre des ordonnances de détection ciblant les fournisseurs de services de communication considérés comme présentant un risque important de diffusion de matériel pédopornographique. Cela signifie que des services tels que WhatsApp ou Gmail pourraient être invités à mettre en œuvre des outils basés sur l’IA pour analyser automatiquement leur plate-forme et signaler le contenu suspect à l’autorité compétente. Cependant, cette mesure a été contestée car elle est en contradiction avec le chiffrement de bout en bout, une technologie basée sur le principe que seules les personnes impliquées dans la communication peuvent la lire.

L’Allemagne a demandé un ajout au texte stipulant que « aucune technologie ne sera utilisée qui perturbe, affaiblit, contourne ou modifie le chiffrement ». Berlin a également exprimé des inquiétudes concernant les dispositions sur les ordonnances de détection.

Conservation des données

L’Estonie a exprimé des préoccupations concernant la conservation des données, affirmant que « pour enquêter sur le crime, il est nécessaire d’obtenir des données qui ont été créées bien avant que le contenu criminel n’ait été découvert ». Le pays a ajouté que si le fournisseur de services commence à conserver les données, par exemple 24 heures ou une semaine après la publication du matériel, au moment où il est découvert, il se peut qu’il n’y ait pas suffisamment de données pour identifier la personne qui l’a publié.

La Slovaquie a déclaré qu’il devrait y avoir une durée minimale et une durée maximale de conservation des données, tandis que l’Italie a suggéré que la personne signalant le contenu suspect ne devrait pas pouvoir rester anonyme, afin que les autorités puissent identifier le lanceur d’alerte.

Conservation des preuves

Dans une récente proposition de compromis, la présidence suédoise du Conseil de l’UE a proposé de donner aux fournisseurs de services la possibilité de commenter l’intention de l’autorité judiciaire de supprimer du contenu de leur plateforme. Cependant, la Finlande a souligné que « l’ajout proposé signifierait que le fournisseur de services devrait stocker le matériel quelque part pour pouvoir le faire ». Ils ont soulevé la question de savoir si cela pose problème dans le cas du matériel CSAM. L’Irlande s’est également inquiétée de la préservation des éléments de preuve.

Suppression de contenu

Les opinions sur le délai dans lequel le fournisseur de services doit retirer le matériel, une fois découvert, varient d’un État membre à l’autre. Les Pays-Bas ont souligné que toutes les PME ne disposaient pas de personnel 24 heures sur 24 pour pouvoir retirer le matériel en une heure, comme cela a également été suggéré. Selon la Roumanie, « si le contenu est jugé nuisible ou illégal, alors chaque heure où il reste en ligne pourrait potentiellement causer des dommages supplémentaires ». Ils sont donc favorables à une limite de temps d’une heure, et Malte aussi.

Communication vocale

Les Pays-Bas estiment que « la communication vocale et le texte devraient rester en dehors du champ d’application du règlement », car ils sont très critiques à l’égard de la détection de la communication vocale. Selon le gouvernement néerlandais, il n’y a aucune mention de communication vocale, seulement d’images, de vidéos et de photographies.

Informer les victimes

Les Pays-Bas ont également soulevé la question de savoir si les victimes devraient être informées chaque fois que du contenu est partagé à leur sujet, notant que, dans certains cas, des images ont été signalées plus de deux millions de fois. Les Néerlandais ont donc demandé s’il était prévu que la victime soit informée de chaque incident et si la confrontation constante à cela n’était pas réellement préjudiciable à la victime.

En conclusion, les préoccupations des États membres de l’UE concernant le projet de loi de lutte contre le CSAM mettent en évidence la nécessité de prendre en compte les problèmes liés à la vie privée et à la protection des données. Les gouvernements doivent trouver un équilibre entre la protection des enfants vulnérables et la protection de la vie privée des utilisateurs en ligne.

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