Accident de travail au Conseil des États : Le plafond salarial de 5 millions de francs pour les dirigeants de l’UBS à considérer avec précaution.

Récemment, le Conseil des États a approuvé une motion pour un plafond salarial de 5 millions de francs dans le secteur bancaire, suite à un débat sur Credit Suisse. Inédite, cette initiative provient d’un membre de l’UDC. Le texte vise principalement les banques d’importance systémique, excluant les employés subalternes, et soulève des questions sur la gestion des crises et le rôle de l’État en cas de faillite. Les discussions au Conseil national déterminent l’ampleur de la régulation bancaire à venir.

Une grande surprise a eu lieu récemment lorsque le Conseil des États a voté en faveur d’une motion visant à instaurer un plafond salarial de 5 millions de francs dans le secteur bancaire. Ce vote fait suite à un débat approfondi sur le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) concernant la situation de Credit Suisse.

Fait intéressant, cette proposition n’a pas été initiée par la CEP ni par un parti de gauche, mais par un membre de l’UDC. Bien que les conseillers aux États soient des élus comme les autres, leur tendance à éviter le populisme est généralement plus marquée que celle observée au sein du Conseil national, souvent qualifié de « chambre du peuple ».

Un tournant inattendu au Conseil des États

La motion sur le plafond salarial adoptée par le Conseil des États sera prochainement examinée par le Conseil national. Plusieurs membres du Conseil des États semblent avoir pris ce vote de manière inattendue. Un « accident » a été mentionné, car personne ne s’attendait à une telle majorité. Bien que la gauche ait soutenu l’initiative, des conseillers de l’UDC et du Centre ont également voté pour, tandis que cinq représentants bourgeois ont décidé de ne pas participer au vote. Finalement, le plafond salarial a été approuvé par une mince majorité de 21 votes contre 19.

Le texte de l’initiative stipule que ce plafond s’appliquerait à l’ensemble du secteur bancaire. Jakob Stark, le conseiller aux États de l’UDC à l’origine de la proposition, a spécifié qu’il visait uniquement les banques d’importance systémique. Son objectif principal est de s’assurer que les « super-salariés » ne bénéficient pas d’une protection étatique en cas de crise.

Stark a clarifié que son initiative se concentrait sur les banques d’importance systémique, et que le plafond salarial ne concernerait que les membres de la direction et du conseil d’administration, excluant ainsi les employés subalternes. En pratique, cela toucherait principalement l’UBS.

Une réflexion sur la gestion des crises

Stark remet en question le plafond salarial de 5 millions de francs. Il estime que le chiffre exact peut être débattu, mais l’essentiel est de définir des limites salariales pour les banques qui pourraient être amenées à demander une aide de l’État. Concernant la rémunération du directeur général d’UBS, Sergio Ermotti, Stark a noté que c’était inférieur aux prévisions pour 2023. Il considère que les salaires pour 2024 sont acceptables dans le cadre actuel.

Si la question centrale est la garantie de l’État, n’est-il pas plus judicieux de s’assurer qu’UBS puisse faire faillite sans avoir recours à des fonds publics ? Stark a admis qu’un plan de crise solide pour la liquidation de la banque changerait la donne.

Un autre soutien à l’initiative, Hannes Germann, conseiller aux États UDC de Schaffhouse, a également souligné que ce n’était pas une demande à prendre littéralement, mais plutôt un signal symbolique. Il a reconnu que la mise en œuvre stricte de la motion aurait peu de chances de succès.

Il semble que le soutien de l’UDC ne soit pas garanti lorsque des décisions sérieuses doivent être prises. Comme l’a mentionné Thomas Matter, un conseiller national UDC, le groupe a rejeté l’initiative lors d’une réunion, bien que l’auteur de la motion n’ait pas été présent.

Lors d’une session au Conseil national, Leo Müller, conseiller national du Centre, a également exprimé des réserves concernant les plafonds salariaux absolus. Il a suggéré d’explorer la possibilité d’établir des rémunérations maximales basées sur le succès commercial, tout en reconnaissant les risques que cela comporte, notamment l’incitation à augmenter les salaires fixes.

Le chemin vers une régulation bancaire incertain

Suite au débat au Conseil national, il reste à déterminer jusqu’où le Parlement souhaite aller dans la régulation d’UBS. La gauche a déjà soumis plusieurs revendications, y compris des exigences de fonds propres plus strictes et une simplification de la structure d’UBS. Au sein du parti du Centre, beaucoup d’incertitudes demeurent, et l’idée d’attendre les recommandations du Conseil fédéral est souvent exprimée.

Lors de la crise financière de 2008, une alliance temporaire entre la gauche et l’UDC pour une régulation plus stricte des grandes banques avait vu le jour. Cependant, une telle coalition semble peu probable aujourd’hui. Selon Thomas Matter, l’UBS est désormais bien plus petite et mieux capitalisée qu’à l’époque, et il souligne l’importance de trouver un équilibre entre la protection des contribuables et le maintien de la compétitivité bancaire.