Les nouvelles taxes douanières de 25 % sur l’acier et l’aluminium imposées par les États-Unis ciblent particulièrement les producteurs européens, entraînant des mesures de rétorsion de l’UE. Bien que cela crée des tensions commerciales, le chef économiste Cyrus de la Rubia estime que certaines industries en aval pourraient en bénéficier, tout en soulignant les risques d’une escalade des conflits. Bruxelles reste ouverte à des négociations pour éviter une détérioration de la situation économique.
Les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium instaurés par l’administration américaine ciblent principalement les producteurs européens. Toutefois, d’après le chef économiste de la Rubia, ces impacts sont gérables, et certaines industries en aval pourraient même en tirer profit.
Le moment tant redouté est arrivé. À partir d’aujourd’hui, les taxes de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium, annoncées par le président américain Donald Trump, prennent effet. De plus, les exemptions précédemment accordées aux marchandises en provenance de l’Union européenne seront également suspendues, selon un décret émis le mois dernier. En réponse, la Commission européenne a prévu des mesures de rétorsion sous forme de droits de douane. Ce jeu de ping-pong commercial semble inévitable. Dès avril, des droits supplémentaires de l’UE sur des produits américains comme le bourbon, les jeans, les motos, les bateaux et le beurre de cacahuète seront instaurés. D’autres mesures de rétorsion devraient suivre après consultation avec les États membres de l’UE à la mi-avril.
Les États-Unis représentent un partenaire commercial crucial pour l’Europe et l’Allemagne. Cependant, selon Cyrus de la Rubia, chef économiste de la Hamburg Commercial Bank, ce conflit douanier pourrait également offrir une occasion de redirection vers d’autres marchés et d’accélération des accords commerciaux avec le Mercosur et l’Inde. ‘Créer une zone de libre-échange sans la participation des États-Unis n’est pas une tâche simple, et leur implication serait sans doute préférable’, explique de la Rubia. Néanmoins, il souligne que ces efforts peuvent s’avérer bénéfiques. ‘En fin de compte, cela pourrait nous conférer un avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis, car il est plus aisé de travailler avec des chaînes d’approvisionnement globales.’
Bruxelles reste ouverte aux négociations
L’acier constitue un pilier fondamental de l’économie allemande. Environ 20 % des matières premières utilisées dans le secteur de la machine et 12 % dans l’industrie automobile proviennent du secteur de l’acier, selon la ‘Wirtschaftsvereinigung Stahl’. D’autres secteurs importants, tels que l’électrotechnique, la construction ainsi que la transformation des métaux, dépendent également fortement de l’acier. Ainsi, l’industrie de l’acier et de l’aluminium, ainsi que de nombreux secteurs en aval, jouent un rôle primordial. ‘Il serait préoccupant que des grands exportateurs comme la Chine, la Corée du Sud ou le Brésil inondent encore plus l’UE d’acier en raison de détournements commerciaux, entraînant une chute des prix’, avertit de la Rubia. Toutefois, il est vrai que ‘les industries en aval pourraient profiter de la baisse des prix, renforçant ainsi leur compétitivité.’
Malgré les premières mesures de rétorsion et les critiques sévères à l’égard de la décision de Trump, Bruxelles garde la porte ouverte aux discussions. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé qu’elle est toujours disposée à collaborer avec l’administration américaine pour trouver une solution négociée. ‘Nous croyons fermement qu’il n’est pas dans notre intérêt commun de surcharger nos économies avec des droits de douane dans un monde déjà assailli par des incertitudes géopolitiques et économiques’, a-t-elle déclaré.
Pour cette raison, l’UE a décidé, selon le chef économiste de la Rubia, de ne mettre en œuvre ses droits de douane de rétorsion qu’à partir du 1er avril. ‘L’Europe souhaite réellement éviter une escalade du conflit commercial, car cela nuirait à tous et finirait par ne laisser que des perdants.’ Le Canada a montré comment les droits de douane peuvent s’intensifier mutuellement. L’UE veut éviter une telle situation. ‘Cela dit, l’annonce d’une menace demeure pour le moment.’
Les droits de douane : une stratégie risquée
Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium récemment établis par le gouvernement américain représentent les premières mesures punitives depuis le début du second mandat de Trump, ciblant directement l’UE. Les experts considèrent ces droits de douane comme une approche risquée pour résoudre un différend commercial, car ils augmentent généralement les prix pour les consommateurs, affectant ainsi particulièrement les citoyens ordinaires. De plus, la compétitivité des entreprises américaines, dépendant de matériaux étrangers, pourrait également en pâtir en raison d’une hausse des coûts de production.
Trump a justifié ces droits de douane comme une protection pour les producteurs américains d’acier et d’aluminium. Cependant, on évoque également qu’ils servent principalement de levier de négociation. Selon de la Rubia, ces droits de douane sont en réalité des mesures de protection. ‘Trump cherche à préserver l’industrie nationale de l’acier et de l’aluminium face à la concurrence internationale et à la renforcer encore davantage.’ Cela pourrait même porter ses fruits. ‘Cependant, il prend le risque que d’autres secteurs déjà fragilisés, comme l’automobile ou l’aéronautique, subissent de graves dommages.’