Aebi Schmidt et Shyft : la fusion stratégique d’un leader américain dans la fabrication de véhicules sous l’impulsion de Peter Spuhler

Aebi Schmidt et Shyft : la fusion stratégique d'un leader américain dans la fabrication de véhicules sous l'impulsion de Peter Spuhler

Les entreprises industrielles suisses, telles qu’Aebi Schmidt, Holcim et Landis + Gyr, s’orientent vers le marché américain en raison de ses opportunités économiques. Aebi Schmidt projette une fusion avec Shyft Group, ce qui pourrait accroître sa part américaine à 75 %. Malgré des difficultés financières pour Shyft, Aebi Schmidt affiche une bonne santé économique, visant à devenir un acteur clé dans la fabrication de véhicules spéciaux, tout en conservant une présence significative sous son nom.

Les entreprises industrielles suisses trouvent de plus en plus d’opportunités aux États-Unis, un marché qui se distingue par sa dynamique économique, surtout en comparaison avec l’Europe et la Chine.

Holcim et Landis + Gyr font également le saut vers l’Amérique

Après Holcim, qui prévoit de coter séparément son activité américaine à la Bourse de New York, et Landis + Gyr, qui se concentre désormais exclusivement sur le marché américain, Aebi Schmidt prend également des mesures significatives pour s’implanter aux États-Unis. Ce fabricant de véhicules spéciaux basé à Frauenfeld, précédemment contrôlé par l’entrepreneur Peter Spuhler, envisage une fusion avec The Shyft Group.

Aebi Schmidt est né d’une fusion en 2007 entre le constructeur de machines agricoles Aebi de Burgdorf et le producteur de balayeuses Schmidt de la Forêt-Noire. À l’origine, ces entreprises étaient principalement orientées vers le marché européen. Cependant, grâce à plusieurs acquisitions aux États-Unis, Aebi Schmidt a vu sa part d’activité américaine croître, atteignant 53 % de son chiffre d’affaires total l’année dernière. Avec la fusion projetée avec Shyft, cette part pourrait grimper à 75 %.

Shyft : un partenaire en difficulté

Shyft, situé à Novi dans le Michigan, s’est jusqu’à présent concentré sur le marché américain, produisant des carrosseries pour des véhicules utilitaires destinés aux artisans et aux services de voirie municipaux, ainsi que des châssis pour camping-cars et des véhicules pour des entreprises logistiques telles que Fedex.

Avec environ 3000 employés, Shyft a récemment fait face à une baisse de son chiffre d’affaires et de sa rentabilité, contrastant avec la performance d’Aebi Schmidt. Cette dernière prévoit un chiffre d’affaires de 1,064 milliard de dollars cette année, tandis que Shyft a enregistré une chute de 15 % l’an dernier, avec des prévisions de baisse de 9 % pour l’année en cours, atteignant un chiffre d’affaires projeté de 800 millions de dollars.

Aebi Schmidt se positionne pour le succès

Au début de cette décennie, Shyft a affiché des marges à deux chiffres de 11 % en Ebitda, mais les prévisions pour 2024 indiquent une chute à près de 6 %. En revanche, Aebi Schmidt s’attend à une marge Ebitda ajustée d’environ 10 % cette année, un record pour l’entreprise.

Étant donné ces différences de performance, Aebi Schmidt est bien positionnée pour diriger la fusion, qui se fera par échange d’actions entre les actionnaires de Shyft et ceux d’Aebi Schmidt.

Peter Spuhler conserve son rôle d’actionnaire principal

Avec une part de 48 % dans la société fusionnée, Peter Spuhler et Gero Büttiker, un autre entrepreneur suisse, détiendront respectivement 35 % et 13 % du capital. Spuhler, âgé de 65 ans, envisage de réduire ses engagements et ne sera plus qu’un membre du conseil de surveillance de la nouvelle entité, tandis que James Sharman, l’ancien président de Shyft, assumera la présidence.

Barend Fruithof, actuellement à la tête d’Aebi Schmidt et considéré comme proche de Spuhler, continuera en tant que PDG et vice-président du conseil d’administration.

Réactions des investisseurs face à ce nouveau géant

Avec les défis rencontrés par Shyft, Fruithof devra démontrer ses compétences en gestion de crise. Bien qu’il soit confiant quant aux perspectives de Shyft, il admet que l’entreprise a récemment été affectée par un ralentissement de la demande. Cependant, il est optimiste quant à un retour à la croissance.

Il reste à voir comment cette fusion séduira les investisseurs. En tant qu’entité privée, Aebi Schmidt n’était pas sur le radar des investisseurs. Les actions de Shyft, qui avaient atteint plus de 50 dollars il y a trois ans, ont chuté à moins de 13 dollars récemment, mais ont rebondi de près de 9 % lors des premiers échanges après l’annonce de la fusion.

Avec cette fusion, Aebi Schmidt vise à se positionner parmi les trois principaux fabricants de véhicules spéciaux. Toutefois, elle devra rivaliser avec d’autres acteurs majeurs du secteur, comme REV et Palfinger, qui réalisent chacun plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires.

Fruithof a précisé que le nom de la société fusionnée n’est pas encore décidé, mais « Aebi Schmidt » sera présent de manière significative. La direction continuera à opérer depuis Zurich, et le siège légal demeurera à Frauenfeld.