AfD : Une montée stable en vue des élections

AfD : Une montée stable en vue des élections

À l’approche des élections fédérales de 2025, l’AfD pourrait connaître une augmentation significative de ses voix, soutenue par une base électorale fidèle. Un moment clé a été l’approbation d’une proposition migratoire par le Bundestag grâce aux voix de l’AfD, soulignant son influence croissante. Alice Weidel, candidate à la chancellerie, incarne une direction unie et un discours bourgeois, tout en exploitant habilement les réseaux sociaux pour atteindre un public jeune. Malgré une communication parfois radicale, le parti cherche à séduire des électeurs modérés tout en renforçant son image.

Élections fédérales de 2025 : Une montée en puissance pour l’AfD

À l’approche des élections fédérales, l’AfD pourrait voir son pourcentage de voix considérablement augmenter. Les derniers sondages montrent une stabilité dans son soutien, témoignant d’un électorat fidèle. Quelles en sont les raisons ?

Une scène marquante a récemment illustré l’état d’esprit au sein de l’AfD. Quand une proposition controversée de la CDU et de la CSU visant à renforcer la politique migratoire a obtenu une majorité au Bundestag grâce aux voix de l’AfD, des applaudissements ont retenti parmi les membres du parti. Ce moment de victoire a été immortalisé par le porte-parole adjoint Stephan Brandner, qui a partagé un selfie avec les dirigeants du parti, Alice Weidel et Tino Chrupalla, ainsi que d’autres députés de l’AfD.

La stratégie de Friedrich Merz, candidat chancelier de la CDU, était de ne pas laisser l’AfD monopoliser le débat sur l’immigration. Cette manœuvre a permis à l’Union de gagner un point de pourcentage dans le ARD-DeutschlandTrend, tout comme l’AfD, sans effort significatif de sa part.

Actuellement, un électeur sur cinq envisage de voter pour ce parti d’extrême droite. Après une légère baisse en 2024, l’AfD a regagné le seuil des 20 % depuis le début de l’année, soutenue par l’incertitude liée à la fin de la coalition et une stratégie efficace.

Pour la première fois, un parti d’extrême droite a obtenu une majorité pour une proposition de l’Union au Bundestag.

Une direction unie au sein de l’AfD

Avec Alice Weidel en tant que candidate à la chancellerie, l’AfD bénéficie d’une figure qui incarne à la fois l’unité interne et la représentation externe. Aux côtés du co-président Tino Chrupalla, elle a su instaurer une atmosphère de calme au sein du parti, après des années de tensions entre les factions modérées et nationalistes, ce dernier étant dirigé par Björn Höcke.

Weidel met en avant le caractère économiquement libéral et bourgeois de l’AfD dans ses discours et interviews. Son apparence, avec une blouse blanche, un collier de perles et un blazer, renforce cette image. Lors d’un événement électoral à Heidenheim, le parti a même fait résonner des œuvres classiques de Mendelssohn, Chopin et Rachmaninow dans une salle comble, soulignant son engagement envers la ‘haute culture occidentale’.

Bien qu’elle se présente comme le visage bourgeois de l’AfD, lors d’un événement à Riesa, elle a également montré des liens avec des éléments d’extrême droite.

Un soutien fidèle pour l’AfD

Ces dernières années, l’AfD a su fidéliser un électorat. Selon le politologue Benjamin Höhne de l’Université technique de Chemnitz, il existe une ‘adhésion psychologique’ au parti, constituée de membres très loyaux, peu influencés par les performances quotidiennes ou les scandales. Ces électeurs trouvent dans l’AfD une vision du monde qui leur est propre, souvent alimentée par des théories du complot.

De plus, les sentiments d’extrême droite se sont récemment renforcés dans la société, particulièrement à l’est de l’Allemagne, comme le montre l’étude sur l’autoritarisme de Leipzig.

Exploiter les réseaux sociaux pour atteindre le succès

L’AfD a su s’adapter à l’ère numérique en se tournant vers les réseaux sociaux pour atteindre ses partisans. Cela a été particulièrement visible lors d’une discussion en direct entre Alice Weidel et le milliardaire technologique américain Elon Musk sur sa plateforme X, un moment marquant pour les supporters. Le soutien de Musk a permis d’accroître la visibilité et l’influence du parti.

La stratégie numérique de l’AfD a porté ses fruits, notamment sur TikTok et YouTube, où elle devance largement ses concurrents. Grâce à des comptes très suivis, le parti parvient à capter l’attention d’un public jeune, atteignant parfois plus de dix fois le nombre d’abonnés de ses rivaux.

Weidel, experte en économie, a notamment formulé des déclarations discutables sur des sujets comme l’immigration et l’économie.

Musk, une présence numérique influente

Lors du lancement de la campagne de l’AfD à Halle an der Saale, Musk a également été présent de manière numérique. Cet événement, qui a rassemblé environ 4 500 personnes, était marqué par une ambiance festive, avec des drapeaux allemands soigneusement disposés et une atmosphère conviviale, agrémentée de bière et de pop-corn.

Weidel, en s’inspirant de figures comme Musk et Trump, a déclaré : ‘Rendre l’Allemagne grande à nouveau.’ Tout cela a été orchestré avec un professionnalisme indéniable.

Une communication stratégique

Cependant, cette stratégie ne suffit pas à expliquer un éventuel doublement des résultats de l’AfD lors des prochaines élections fédérales par rapport à 2021. Selon le politologue Benjamin Höhne, le parti adopte une double stratégie : il cherche à séduire des électeurs plus modérés tout en renforçant sa structure. Par exemple, la direction du parti a annoncé une réorganisation de la branche jeunesse ‘Junge Alternative’ pour mieux contrôler ses activités.

Cette approche de normalisation a permis à l’AfD de sortir de l’image négative qui lui était associée et d’élargir son potentiel électoral. Contrairement à d’autres partis européens, l’AfD parvient aussi à attirer les femmes, réduisant ainsi l’écart traditionnel entre les sexes, comme le souligne Höhne.

Les intentions du parti étaient clairement affichées lors du congrès à Riesa.

Un langage à double tranchant

Néanmoins, le choix des mots reste parfois très radical. Par exemple, lors du congrès à Riesa, Alice Weidel a affirmé : ‘À bas les moulins à vent de la honte.’ En parallèle, elle a déclaré sans ambages : ‘Si cela s’appelle alors remigration, alors cela s’appelle remigration !’

Weidel s’adresse ainsi non seulement aux électeurs modérés, mais aussi à ceux qui privilégient des discours plus extrêmes, renforçant ainsi la position de l’AfD sur la