Alaa Abdel-Fattah : les dirigeants soulèvent le cas d’un militant emprisonné avec le président égyptien à la COP27

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Le prisonnier politique le plus notoire d’Egypte, Alaa Abdel Fattah, qui est en grève de la faim et n’a plus que quelques jours à vivre selon ses partisans, a été évoqué par les dirigeants réunis à Charm el-Cheikh pour la COP27.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a dû répondre successivement au Premier ministre britannique Rishi Sunak et au président français Emmanuel Macron au sujet du prisonnier anglo-égyptien, icône de la révolution de 2011 en Égypte.

Sunak avait prévenu qu’Alaa Abdel-Fattah était « une priorité » pour Londres. Lundi soir, après avoir rencontré le président égyptien, il a dit « espérer voir son cas résolu au plus vite » et s’est engagé à continuer à « faire pression pour que des progrès soient faits », selon un porte-parole de Downing Street.

Macron a déclaré que le président al-Sissi était « déterminé » à veiller à ce que la santé d’Alaa Abdel-Fattah « soit préservée » et espérait que « les prochaines semaines et mois apporteront des résultats ».

Le porte-parole du président égyptien s’est contenté d’évoquer ces pourparlers sans en dévoiler le contenu.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, président désigné de la COP27, a assuré à CNBC qu’Alaa Abdel-Fattah « reçoit tous les soins nécessaires en prison ».

Toutes ces affirmations sont rejetées par les proches d’Abdel-Fattah, dont sa sœur Sanaa Seif, présente à Charm el-Cheikh où elle rencontre des responsables et donne des interviews.

Depuis le 2 avril, Alaa Abdel-Fattah, la bête noire du président al-Sisi, ne boit qu’un verre de thé et une cuillerée de miel par jour dans sa prison de Wadi al-Natroun, au nord-ouest du Caire.

Incarcéré à plusieurs reprises depuis 2006, il a cessé de manger mardi dernier et de boire complètement dimanche à l’ouverture de la COP27 à Charm el-Cheikh, à l’autre bout du pays.

Lundi, trois journalistes égyptiens ont annoncé qu’ils entamaient une grève de la faim pour exiger sa libération.

« Nous arrêtons de nous nourrir maintenant parce qu’Alaa Abdel Fattah est en danger de mort », a déclaré à l’AFP Mona Selim lors d’un sit-in au Caire avec Eman Ouf et Racha Azab.

Ils réclament « la libération de tous les prisonniers d’opinion », qui sont plus de 60 000 en Egypte, selon des ONG.

Les militants de la COP27 multiplient les publications sous le mot-clé #FreeAlaa sur les réseaux sociaux et plusieurs intervenants de la société civile ont terminé leurs discours par la phrase « Vous n’avez pas encore été vaincu », titre du livre d’Alaa Abdel-Fattah.

« Il ne reste plus beaucoup de temps, au mieux 72 heures, pour libérer Alaa Abdel Fattah. Si (les autorités égyptiennes) ne le font pas, ce décès sera dans toutes les discussions de la COP27 », a prévenu la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, le dimanche.

A Beyrouth, une centaine de personnes ont manifesté lundi devant l’ambassade britannique.

« Il incarne la lutte du monde arabe contre les régimes autoritaires depuis 12 ans », a déclaré la journaliste et militante Diana Moukalled, qui a brandi un portrait en noir et blanc de l’activiste accompagné du mot-clé #FreeAlaa.

Abdel-Fattah, ingénieur de formation et blogueur pro-démocratie, qui a été pendant des années de toutes les révoltes en Egypte, a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations ».

Il a été une figure de proue du mouvement politique Kefaya dans les années 2000, puis de la révolution de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, des grandes marches contre l’islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tard et enfin des manifestations contre Abdel Fattah al-Sissi.

Depuis son incarcération, il est devenu « le symbole de l’arbitraire du régime », raconte Agnès Callamard.

Selon Amnesty, depuis que l’Égypte a réactivé sa Commission des grâces présidentielles en avril, 766 prisonniers d’opinion ont été libérés.

Mais 1 540 autres sont retournés en prison, dont Sherif al-Roubi, une figure de gauche qui a été réincarcérée après avoir obtenu la grâce, note l’ONG.

« Le président avait annoncé une initiative qui était censée mettre fin à l’emprisonnement pour opinion, mais en réalité, c’est le contraire qui est vrai », a déclaré la journaliste Mona Selim.

Bien que sa constitution garantisse la liberté de la presse, l’Égypte compte une trentaine de journalistes en prison. Selon Reporters sans frontières (RSF), Le Caire est 168e sur 180 au classement 2022 de la liberté de la presse.

Alaa Abdel-Fattah a été emprisonné pour la première fois en 2006, sous Hosni Moubarak. Il est revenu sous le maréchal Mohammed Tantaoui, chef de facto du pays entre 2011 et 2012, sous Morsi puis sous le président al-Sissi depuis 2019.

C’est de sa cellule qu’il est devenu citoyen britannique, en pleine grève de la faim, sa mère Laila Soueif étant née à Londres.

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