La solitude émotionnelle de Rebecca, cam-girl sino-américaine à New York, est explorée dans « Bunnylovr ». Alors qu’elle jongle entre son emploi instable et sa vie en ligne, elle reçoit un lapin nommé Milk d’un mystérieux client, John. Ce geste soulève des questions sur sa solitude et ses relations complexes, notamment avec son père malade. Le film aborde subtilement des thèmes de consentement et d’isolement, tout en laissant le spectateur désireux de comprendre davantage le parcours de Rebecca.
La Solitude Émotionnelle de Rebecca dans « Bunnylovr »
Si vous n’avez qu’une connaissance superficielle des lapins, un fait surprenant que vous découvrirez dans le premier long métrage de la scénariste et réalisatrice Katarina Zhu, « Bunnylovr », pourrait vous toucher. En effet, les lapins, lorsqu’ils sont soumis à un stress intense ou à une peur soudaine, peuvent entrer dans un état de choc. Leur corps doux devient flasque, leurs oreilles froides, et sans intervention, cela peut même être fatal.
Cependant, pas de morts tragiques à craindre dans cette exploration intime mais légère de Zhu, centrée sur Rebecca, une cam-girl sino-américaine vivant à New York, brillamment interprétée par la réalisatrice elle-même. Les tourments existentiels et les poussées de panique sont subtilement présents tout au long du film, alors que Rebecca navigue entre son emploi sans avenir en tant qu’assistante personnelle et sa vie de travailleuse du sexe en ligne. Ces angoisses ne se manifestent pas de manière explicite, mais à travers une atmosphère de confinement et de solitude, habilement capturée par Zhu et sa directrice de la photographie Daisy Zhou.
Les Relations Complexes de Rebecca et l’Intrigue du Lapin
D’une certaine manière, le choix de la caméra se concentrant sur des gros plans dans « Bunnylovr » semble redondant, car l’isolement émotionnel de Rebecca est déjà palpable. Cependant, ces plans rapprochés prennent tout leur sens lorsqu’elle rencontre en ligne le mystérieux John (interprété par le talentueux Austin Amelio), un client qui lui offre généreusement 500 $ pour une session privée. Cet inconnu lui propose même un cadeau, un geste qui soulève des questions sur sa solitude : « Cela te rendra moins seule, » dit-il.
C’est alors qu’entre en scène le lapin évoqué par le titre du film, un adorable compagnon aux yeux sombres que Rebecca reçoit par la poste et qu’elle nomme Milk. Bien qu’elle hésite à accueillir un animal de compagnie dans sa situation actuelle, elle ne rejette pas fermement le cadeau. Peut-être que la compagnie d’un joli lapin ne serait pas si mal. Pendant ce temps, Rebecca partage son temps entre sa meilleure amie Bella (Rachel Sennott), une artiste d’un milieu privilégié, et son père William (Perry Yung), gravement malade et éloigné d’elle. Leur relation, marquée par des retrouvailles inattendues, apporte une dimension supplémentaire à l’exploration de sa vie.
Zhu excelle dans la représentation des luttes émotionnelles de Rebecca alors qu’elle navigue à travers les différentes facettes de sa vie, souvent marquées par l’isolement. La cinéaste interroge avec subtilité la psyché de Rebecca, une jeune femme confrontée aux complexités des relations en ligne et hors ligne, tout en jonglant avec son identité. Chaque connexion devient un point d’interrogation, surtout celle avec le mystérieux John, dont la présence est à la fois séduisante et inquiétante.
Il ne faut pas être un expert pour détecter les drapeaux rouges lorsque l’on considère le geste étrange de John d’envoyer un lapin à une inconnue. Sa demande de faveurs fétichistes à Rebecca soulève des questions dérangeantes sur le consentement et les limites personnelles. Pourtant, cette interrogation n’est pas pleinement explorée, laissant le spectateur sur sa faim. Le suspense s’intensifie lorsque Rebecca décide de rencontrer John en personne, créant une tension palpable qui rappelle les moments les plus sombres du cinéma.
Au final, la motivation de Rebecca pour rencontrer John peut sembler peu crédible, surtout après ses demandes inquiétantes. Ce voyage en Pennsylvanie apparaît plus comme un prétexte narratif que comme un développement authentique. Cependant, la relation touchante entre Rebecca et son père s’avère être le point fort du film, mettant en lumière la capacité de Zhu à traiter des thèmes profonds avec finesse.
À la fin, « Bunnylovr » laisse le spectateur désireux d’en apprendre davantage sur Rebecca et son entourage, tout en questionnant l’efficacité des gros plans sur leur connexion. Suivre le chemin intrigant du lapin de Zhu est une expérience captivante, mais laisse une impression d’inachevé.