« Khartoum » est un film qui illustre la résilience et la créativité d’une communauté soudanaise à travers les histoires entrelacées de cinq protagonistes, capturées par un collectif de cinéastes exilés à Nairobi. En se concentrant sur les conséquences du coup d’État de 2021 et la guerre qui a suivi, le film met en avant la diversité et l’harmonie des habitants, tout en préservant les souvenirs de joie et d’adversité. Une œuvre émotionnelle, alliant art et guérison.
Une Histoire de Résilience et de Créativité
Dans le film « Khartoum », une ville vibrante est dépeinte à travers les yeux de cinq personnages principaux et quatre réalisateurs, prouvant qu’une guerre violente ne peut éteindre l’esprit d’une communauté. La production de ce film a débuté avant le déclenchement d’un conflit en avril 2023, mais lorsque les cinéastes ont dû quitter le Soudan, ils se sont regroupés à Nairobi, au Kenya. Là, ils ont cherché refuge et ont trouvé des moyens innovants pour raconter une histoire profondément ancrée dans l’amour qu’ils portent à leur ville natale. Cette détermination et cette créativité font de « Khartoum » un incontournable du cinéma contemporain.
Des Protagonistes aux Histoires Entremêlées
Les cinq protagonistes — Lokain et Wilson, deux jeunes collecteurs de bouteilles ; Jawad, un bénévole engagé dans la résistance ; Khadmallah, le propriétaire d’un stand de thé qui crée un havre de paix ; et Majdi, un fonctionnaire pris entre l’oppression et le désir de liberté — apportent chacun une perspective unique à cette œuvre. Chaque histoire est capturée par un cinéaste différent, avec un collectif qui, une fois à Nairobi, se transforme en un véritable réseau de soutien, partageant leurs expériences et leurs récits.
Le film explore la période qui suit le coup d’État militaire de 2021, un moment où l’espoir s’estompe pour un avenir meilleur alors que des manifestations secouent la ville. Une fois la guerre déclarée, l’évasion devient leur seule option. À Nairobi, ils recréent le chaos du début de la guerre à travers différentes perspectives, les personnages jouant non seulement leurs propres rôles, mais aussi ceux des autres, rendant ainsi leur récit encore plus poignant.
Au-delà de la simple narration des horreurs de la guerre, « Khartoum » met en lumière la diversité et l’harmonie de ses habitants, capturant des visages d’âges et d’origines variés. La caméra, en gros plan, montre la beauté de cette coexistence, défiant les tentatives de division par les gouvernements et les préjugés. La passion des cinéastes pour leur ville se ressent dans chaque image, créant une œuvre empreinte d’émotion.
Accompagné d’une bande sonore nostalgique remplie de chansons familières, le film évoque un sentiment de fierté et d’appartenance, rappelant aux Soudanais des temps meilleurs tout en semant l’espoir d’un avenir radieux. En préservant non seulement les souvenirs de la guerre, mais aussi les moments de joie, les cinéastes parviennent à garder l’esprit de Khartoum vivant.
« Khartoum » est une œuvre brute, révélant l’authenticité et l’ingéniosité de ses créateurs. Ne prétendant pas être une documentation traditionnelle, le film joue avec divers éléments visuels, y compris l’animation, pour donner vie à une histoire inachevée. C’est à la fois un projet artistique et un processus de guérison pour ceux qui y ont participé. Les spectateurs, qu’ils aient été à Khartoum ou non, ressentiront cette chaleur et cette humanité, témoignant de la résilience d’une ville et de son peuple face à l’adversité.