Analyse de ‘Rabbit Trap’ – Une exploration de l’horreur folk sonore dans les profondeurs des bois [Sundance]

Analyse de 'Rabbit Trap' - Une exploration de l'horreur folk sonore dans les profondeurs des bois [Sundance]

Rabbit Trap, le premier long métrage de Bryn Chainey, explore l’horreur folklorique à travers le prisme d’un couple, Darcy et Daphne, qui s’installe dans un cottage gallois. Leur immersion dans la nature les mène à des enregistrements mystérieux et à l’apparition d’un enfant énigmatique. Le film mêle atmosphère envoûtante et tensions sous-jacentes, bien que son récit demeure simple et parfois déroutant. Avec une esthétique visuelle frappante, Rabbit Trap promet un potentiel narratif fascinant.

Une Exploration Sensorielle dans Rabbit Trap

« Avec vos yeux, vous entrez dans le monde. Avec vos oreilles, le monde entre en vous », commence une voix éthérée, tandis qu’une attaque sonore immersive secoue un cottage isolé au cœur de la campagne galloise. Loin d’être une simple introduction, cette interprétation auditive et visuelle dans le premier long métrage de Bryn Chainey, Rabbit Trap, annonce une approche novatrice de l’horreur folklorique celtique. Cependant, au fil du récit, le son, bien qu’initialement central, cède la place à une exploration du folklore énigmatique des Fae et à une narration plus complexe.

Un Couple Confronté à l’Inconnu

Les protagonistes, Darcy (Dev Patel) et Daphne (Rose McEwen), un couple marié, ont récemment emménagé dans ce cottage afin de donner vie à leurs projets créatifs. Darcy, preneur de son passionné, parcourt la campagne pour capturer des enregistrements audio de la nature, tandis que Daphne s’en sert pour composer sa musique unique. En s’immergeant dans les sons de la terre, ils deviennent malgré eux les récepteurs d’une réalité troublante. Les enregistrements de Darcy captent des murmures étranges, le menant vers un monde féerique. Bientôt, un mystérieux enfant (Jade Croot) fait son apparition, attiré par leur musique.

À partir de ce moment, l’étrangeté s’intensifie. Les spectateurs familiers avec le genre devineront rapidement le dilemme du couple. Chainey semble demander une suspension d’incrédulité, car bien que l’enfant soit désigné comme un garçon, le couple ne s’interroge que brièvement sur son nom, ignorant les non-réponses de ce dernier. L’origine de l’enfant demeure un mystère, et le cadre bucolique n’indique aucune présence voisine. Croot incarne un personnage à la fois inquiétant et attachant, créant une ambiance troublante à travers des attentions étranges et des questions intrusives.

Chainey parvient à créer un voyage captivant et mystérieux, avec Rabbit Trap oscillant entre une rupture non exprimée entre Darcy et Daphne. Les terreurs nocturnes de Darcy et les réflexions sur la carrière de Daphne offrent des éléments que le public peut interpréter à sa guise, sans jamais fournir de réponses claires. Que cette rupture soit le catalyseur de l’arrivée de l’enfant étrange ou simplement une manifestation de la magie folklorique, l’ambiance demeure volontairement floue. À la fin du film, le spectateur connaît à peine les personnages.

Ce sentiment d’évasion atténue la tension et la peur atmosphérique ; Rabbit Trap semble moins une œuvre d’horreur folklorique qu’un conte envoûtant. Bien que Chainey peine à établir un sentiment d’urgence ou une narration cohérente, il livre un film visuellement captivant, tourné avec une beauté saisissante. La conception sonore évoque la magie des forêts mystiques, tandis que Patel joue un Darcy nerveux et empathique, tandis que McEwen dépeint une Daphne dont la terreur l’ancre dans cet environnement, provoquant l’inquiétude de Darcy. Ce premier long métrage promet un potentiel immense, bien qu’il nécessite peut-être un peu plus de précision.

Bien que Rabbit Trap soit indéniablement captivant, son atmosphère ne parvient qu’à masquer un récit relativement simple, cherchant à complexifier sa simplicité par des éléments d’horreur folklorique, le dialogue cryptique de Croot et un certain désintérêt pour le couple principal. Le troisième acte, déroutant, obscurcit encore ce que le public est censé tirer de cette exploration des peurs parentales. Chainey, sans aucun doute un cinéaste talentueux, semble parfois se laisser emporter par des détails poétiques, rendant le message global difficile à saisir.

Rabbit Trap a fait ses débuts au festival Sundance.