L’Autriche est confrontée à des défis politiques et économiques majeurs, avec un déficit public dépassant 3 % du PIB et une structure étatique lourde. Les tentatives de coalition entre les partis traditionnels ont échoué, laissant le Parti populiste FPÖ chargé de former le gouvernement. La récession persistante et les divergences sur les politiques budgétaires ajoutent à l’incertitude, tandis que des comparaisons avec la Suisse et l’Allemagne soulignent des approches divergentes en matière de gestion économique.
Actuellement, l’Autriche se trouve face à des défis majeurs pour établir un nouveau gouvernement. La coalition envisagée, surnommée « bonbon », n’a pas pu se concrétiser. Ce week-end, il est apparu clairement que le Parti conservateur ÖVP, le Parti social-démocrate SPÖ ainsi que le Parti libéral Neos sont incapables de s’accorder sur une alliance gouvernementale. En conséquence, le Parti populiste de droite FPÖ a été mandaté pour former le gouvernement, une première dans l’histoire politique autrichienne qui laisse planer de nombreuses incertitudes.
Les Défis Économiques de l’Autriche
La crise politique actuelle a des racines profondément ancrées dans des problématiques économiques. Les partis qui aspiraient à former la coalition « bonbon » n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le budget de l’État, ainsi que sur des questions cruciales liées à la politique économique. Un désaccord majeur a émergé : l’ÖVP et le SPÖ espéraient appliquer des solutions traditionnelles en masquant les problèmes avec des fonds, tandis que les Neos, axés sur la réforme, ont refusé cette approche, estimant que l’Autriche ne pouvait pas continuer sur cette voie.
Quelles sont donc les difficultés économiques qui pèsent sur l’Autriche ? Et comment se positionne-t-elle par rapport à la Suisse et à l’Allemagne ? Voici un aperçu à travers quatre graphiques.
Un Déficit Public Alarmant
La quête de formation d’un gouvernement est assombrie par un problème pressant : le déficit public de l’Autriche a récemment franchi la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB), un seuil fixé par le traité de Maastricht. Cela expose le pays à une procédure de déficit au sein de l’UE, et le futur gouvernement devra trouver des solutions pour rétablir l’équilibre budgétaire. Les négociations autour de la coalition « bonbon » ont échoué précisément à cause des divergences sur les réductions de dépenses et la nécessité d’augmenter les recettes fiscales.
Les problèmes économiques de l’Autriche sont ancrés dans une situation plus complexe. Depuis longtemps, le pays vit au-dessus de ses moyens, et son budget est régulièrement déficitaire. Ce n’est que durant les années fastes de 2018/2019 que le gouvernement ÖVP-FPÖ a enregistré un léger excédent, un événement rare depuis 50 ans.
Depuis la crise du Covid-19, l’État a multiplié les dépenses. Les aides mises en place durant cette période ont été particulièrement généreuses par rapport aux normes internationales, et elles ont été maintenues après le début de la guerre en Ukraine pour atténuer les effets de la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation. Malheureusement, ces aides ont souvent été distribuées de manière indiscriminée, sans se limiter aux plus nécessiteux. L’ancien ministre des Finances, Magnus Brunner, a reconnu il y a peu : « Nous avons trop dépensé. »
En revanche, la Suisse et l’Allemagne illustrent qu’il est possible de gérer différemment. La Suisse, par exemple, génère habituellement un excédent budgétaire, ce qui lui permet d’absorber des déficits durant des périodes difficiles comme celle de la pandémie. Cela est dû à un frein à l’endettement en vigueur depuis 2003, qui impose aux politiciens d’élaborer des budgets équilibrés.
L’Allemagne a également mis en place un frein à l’endettement depuis 2009, éliminant les déficits dans le budget de l’État durant les années 2010. Cependant, depuis la crise du Covid-19, le gouvernement allemand a eu recours à des stratagèmes pour contourner cette règle budgétaire, et récemment, la coalition « feu tricolore » a été confrontée à des tensions insurmontables, entraînant son effondrement sur la question du budget.
Une Structure de l’État Trop Volumineuse
L’Autriche souffre non seulement d’un déficit, mais aussi d’une structure étatique particulièrement lourde. Cela se traduit par un taux de dépenses publiques qui reste supérieur à 50 % de la production économique depuis des décennies. En 2024, ce taux a atteint 53 % du PIB.
À titre de comparaison, l’Allemagne, qui privilégie également un État conséquent, dépense environ 49 % de son PIB, tandis que la Suisse affiche un taux nettement plus bas de 32 %. Toutefois, ce dernier chiffre ne tient pas compte des contributions obligatoires pour l’assurance maladie et la retraite en Suisse.
La vision selon laquelle l’État doit prendre soin de ses citoyens de la naissance à la mort est largement répandue en Autriche, même au-delà des cercles les plus à gauche. Cela se traduit par des subventions parfois jugées excessives, comme le « bonus de réparation » introduit en 2022 pour encourager la durabilité des appareils électroménagers, qui s’applique même aux réparations de vélos, remboursant jusqu’à 200 euros pour des frais de réparation.
À une échelle plus large, cette lourdeur de l’État se manifeste également à travers un système de retraite pléthorique, où les Autrichiens prennent leur retraite relativement tôt par rapport à d’autres pays, avec des âges de départ à 62 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes. Cette situation contribue à la pression financière sur le budget, mais les réformes nécessaires sont souvent retardées par la politique.
Enfin, cette grande taille de l’État entraîne une forte pression fiscale : les citoyens et les entreprises sont soumis à une fiscalité élevée, avec des recettes d’État représentant environ 50 % du PIB. Dans ce contexte, toute augmentation des impôts pour combler les déficits budgétaires semble inenvisageable. Au contraire, le futur gouvernement devra impérativement envisager de réduire la taille de l’État.
L’Économie Autrichienne en Période de Récession
Le climat pessimiste qui règne dans le pays est également exacerbé par une récession durable. Depuis 2022, le PIB réel de l’Autriche est en déclin, marquant la phase récessive la plus longue depuis la Seconde Guerre mondiale. Les prévisions pour 2025 n’annoncent qu’un retour à une faible croissance.
En somme, l’Autriche traverse une période économique difficile, semblable à celle que connaît l’Allemagne, et doit faire face à des défis structurels qui nécessitent des réponses claires et efficaces.