La possibilité de partir à la retraite à 63 ans sans pénalité est principalement destinée aux travailleurs exerçant des métiers physiquement exigeants, mais peu en bénéficient réellement. Une étude révèle que la majorité des retraités anticipés proviennent de professions moins sollicitées, comme des cadres ou des employés de banque. Les chercheurs plaident pour une réforme pour mieux cibler les métiers à forte charge de travail et prendre en compte les aspects psychologiques, afin de garantir une équité dans le système de retraite.
La possibilité de prendre sa retraite à 63 ans sans pénalité vise principalement à offrir une sortie anticipée aux personnes exerçant des métiers physiquement exigeants. Cependant, une analyse récente met en lumière que peu d’individus de ce groupe en profitent réellement.
Lors des discussions sur la retraite anticipée à 63 ans, l’accent est souvent mis sur des professions très sollicitées comme celles des serveurs, des infirmiers ou des aides-soignants, ainsi que sur le secteur du bâtiment. Néanmoins, il s’avère que la majorité de ces travailleurs ne parviennent pas à accumuler 45 années d’assurance, une condition essentielle pour bénéficier d’une retraite sans décote à cet âge.
Une étude de l’Institut de recherche économique de Berlin a révélé que de nombreux retraités anticipés bénéficiant de cette option proviennent en fait de métiers moins exigeants. Par exemple, plutôt que des ouvriers du bâtiment, ce sont principalement des cadres de la fonction publique et des employés de banque qui tirent parti de cette possibilité.
D’après cette étude, moins d’un tiers des individus qui prennent leur retraite sans pénalité ont été soumis à des charges de travail très élevées tout au long de leur carrière. Cela inclut non seulement des efforts physiques, mais aussi des facteurs psychosociaux comme le stress. En revanche, près de 40 % des personnes concernées ont connu des niveaux de sollicitation allant de léger à modéré.
Conditions de départ à la retraite
Après avoir complété 45 années d’assurance, la possibilité de partir à la retraite avant l’âge légal existe. Cependant, il est crucial de prendre en compte certaines conditions, comme l’indique l’Assurance retraite allemande. Les individus nés avant 1953 peuvent prendre leur retraite sans décote dès 63 ans, à condition d’avoir atteint les 45 années d’assurance. Pour ceux nés entre 1953 et 1963, cette possibilité est désormais conditionnée par des règles plus strictes, tandis que ceux nés après 1964 doivent attendre l’âge de 65 ans.
L’étude a examiné les parcours professionnels de près de 8 000 hommes nés en 1957 en Allemagne, révélant qu’un peu plus d’un cinquième d’entre eux a réussi à accumuler 45 années ou plus d’assurance.
L’Institut de l’économie allemande avertit que cela pourrait entraîner des pertes économiques et des répercussions graves sur le marché du travail.
Recommandations des experts
Face à ces résultats, les chercheurs soulignent la nécessité d’une réforme concernant la retraite à 63 ans. Hermann Buslei, un des auteurs de l’étude, affirme que la durée de la carrière professionnelle ne suffit pas à évaluer les charges de travail. Il suggère qu’un critère basé sur la capacité réelle d’emploi des assurés serait plus approprié pour définir les conditions de retraite anticipée.
Les évaluations concluent que le système actuel de retraite anticipée pour ceux ayant 45 années d’assurance est trop général et ne cible pas suffisamment les individus ayant exercé des métiers très exigeants. Lars Felder, également impliqué dans l’étude, propose d’introduire un système similaire à celui de l’Autriche, où en plus des 45 années d’assurance, au moins dix ans doivent être consacrés à des professions particulièrement difficiles.
Pour répondre aux exigences actuelles du monde du travail, il est également essentiel de considérer les charges psychologiques, selon M. Felder, en se basant sur la capacité d’emploi réelle de chaque individu.
Les chercheurs recommandent ainsi de privilégier la condition physique et mentale lors de l’évaluation de l’éligibilité à la retraite anticipée sans décote. Ils plaident pour une flexibilité qui permettrait aux retraités de continuer à travailler partiellement, en fonction de leur résistance personnelle. Cette réforme viserait à établir une plus grande équité et à pérenniser le système de retraite.
À partir du 1er juillet 2025, les retraités devraient bénéficier d’une augmentation générale de leurs pensions, avec une prévision officielle d’environ 3,5 %. Toutefois, cette augmentation reste à confirmer, car le gouvernement fédéral évaluera la situation économique et l’évolution des salaires au printemps prochain.
Cette analyse a été rapportée par Deutschlandfunk le 27 novembre 2024 à 17h08.