François Bayrou, le nouveau Premier ministre français, s’est engagé à renégocier la réforme des retraites tout en évitant de froisser l’opposition. Il a souligné la responsabilité collective concernant la dette publique, qui atteint 112 % du PIB. Avec une croissance limitée et un déficit budgétaire important, Bayrou a convoqué l’Assemblée nationale pour discuter des réformes nécessaires. Un comité sera formé pour examiner le relèvement de l’âge de départ à la retraite, tandis qu’un vote de défiance pourrait menacer sa position.
Le nouveau Premier ministre français, François Bayrou, a pris soin de ne pas irriter ses partenaires politiques et l’opposition lors de sa première déclaration officielle. Son objectif principal est de renégocier la réforme des retraites qui suscite de vives controverses.
Selon François Bayrou, la responsabilité de la dette publique élevée de la France incombe à tous. Avec une approche à la fois sérieuse et engageante, il a présenté un bilan des dettes publiques accumulées par les différents gouvernements au fil des décennies. Il a souligné que l’opposition a également joué un rôle dans l’endettement colossal de l’État, qui atteint environ 112 % du produit intérieur brut : ‘Tous les partis d’opposition ont également dansé ce tango fatal qui nous a conduits aujourd’hui au bord du gouffre.’
Pas de tabou sur la réforme des retraites
Suite à cette observation, Bayrou a mobilisé l’Assemblée nationale. Dans un contexte de croissance limitée à seulement 0,9 % cette année et d’un déficit budgétaire de 5,4 %, la France doit impérativement faire des économies. Cela fait partie du plan mis en place par les divers gouvernements au cours des derniers mois, y compris la réforme des retraites adoptée en 2023.
Cependant, cette réforme est précisément ce que l’opposition souhaite voir annulé, prônant des slogans tels que ‘abolir ou suspendre la réforme des retraites.’
Après une période tumultueuse marquée par des tensions, durant laquelle Bayrou a tenté d’inclure des éléments de gauche, il a annoncé qu’il allait s’attaquer à nouveau à la ‘réforme des retraites’. Il a promis qu’aucun sujet ne serait tabou.
Face à des partis divisés, Bayrou est confronté à la nécessité de créer une coalition gouvernementale solide.
Trois mois de négociations à venir
La question de l’âge de départ à la retraite, qui a été progressivement relevé de 62 à 64 ans par la réforme, sera également discutée. Un nouveau comité, rassemblant des représentants de tous les bords, se réunira en collaboration avec les syndicats et les employeurs pendant trois mois. La seule exigence inébranlable est que la réforme révisée assure un équilibre financier.
Cette proposition sera-t-elle suffisante pour maintenir l’opposition à distance et éviter un nouveau vote de défiance ? Il semble que oui. Bien que la coalition de gauche NFP ait conditionné l’abrogation ou la suspension de la réforme des retraites à l’abandon d’un nouveau vote de défiance, Bayrou a tenté de créer une division entre les populistes de gauche et les forces plus modérées.
Les socialistes, de leur côté, ont indiqué qu’ils préféraient d’abord attendre. Leur leader de groupe, Boris Vallaud, a affirmé après le discours de Bayrou : ‘Nous avons confiance dans le dialogue social. Mais je rappelle une fois de plus que notre objectif est d’abroger la retraite à 64 ans.’
À peine trois semaines après la chute du précédent gouvernement, la France se retrouve avec un nouveau gouvernement de centre-droit.
Un vote de défiance pourrait être périlleux
Un vote de défiance représenterait un risque pour le gouvernement de Bayrou, surtout si le Rassemblement National (RN) d’extrême droite décidait de s’y joindre. Cependant, le porte-parole du RN, Sébastien Chenu, a déclaré qu’il n’était pas encore prêt à agir. Son groupe se prononcera sur un vote de défiance dès que des actions concrètes seront mises en place. ‘Pour l’instant, nous n’avons entendu que des mots, surtout de la part d’un Premier ministre qui n’était pas très captivant,’ a ajouté Chenu.
Les Républicains conservateurs, quant à eux, ont réagi avec prudence, mais pensent que Bayrou s’engage dans la bonne direction. Leur représentant, Olivier Marleix, a exprimé sa satisfaction quant à la prise de conscience par le Premier ministre de la gravité de la situation. ‘Les taux d’intérêt augmentent. Les marchés doutent de la capacité de la France à rembourser ses dettes. C’est de l’argent public que nous gaspillons.’
Le budget, un enjeu crucial
Pour que le Premier ministre Bayrou puisse espérer rester en poste jusqu’à l’été, il doit garder les conservateurs à ses côtés. Plusieurs obstacles se dressent sur sa route. En début de mois de février, il devra présenter un projet de budget pour l’année en cours. Le précédent gouvernement de Michel Barnier a échoué à cette tâche, ce qui a conduit à une motion de défiance de la gauche et de l’extrême droite. Bayrou doit et veut éviter un tel destin. Sinon, la France pourrait se retrouver paralysée pendant des mois en 2025.
Ce sujet a été rapporté par Deutschlandfunk le 14 janvier 2025 à 19h35.