Camille Rast, 25 ans : de l’échec au succès mondial en un temps record

Camille Rast, 25 ans : de l'échec au succès mondial en un temps record

À la fin de la saison de ski, Camille Rast se consacre au VTT, participant à des courses d’enduro en Europe. En 2023, une douleur au poignet l’incite à privilégier le plaisir et le repos. Championne de la Coupe du Monde, elle a surmonté des épreuves personnelles, dont une dépression après une mononucléose. Aujourd’hui, elle équilibre ambition et plaisir, gérant mieux ses attentes et adaptant son entraînement. Sa prudence lors d’une blessure au ligament croisé illustre sa maturité et sa détermination.

Quand la saison de la Coupe du Monde de ski touche à sa fin au printemps, c’est le signal pour Camille Rast de plonger dans sa deuxième passion : le VTT. Chaque été, elle s’est aventurée à travers l’Italie, la Slovénie et l’Autriche pour participer à des courses d’enduro. Elle avait prévenu son entraîneur qu’elle pourrait ne pas être totalement au top lors des entraînements du lundi, car les compétitions avaient également un impact sur son mental.

Pour l’été 2023, Camille a ressenti une douleur au poignet. Elle a interprété cela comme un signe indiquant que son emploi du temps estival était trop exigeant pour qu’elle puisse briller dans le ski. Cette année, elle a donc choisi de faire du VTT uniquement pour le plaisir, s’accordant plus de repos. « Nous avons pu affiner notre approche à l’entraînement », confie la jeune athlète de 25 ans lors d’un entretien. « L’entraînement était au cœur de tout, le reste a suivi. »

Le parcours inspirant de Camille Rast vers le succès

Aujourd’hui, Camille Rast est couronnée championne de la Coupe du Monde, ayant remporté le slalom à Killington et atteint le podium en géant. Les sacrifices qu’elle a faits en VTT font partie des nombreuses raisons de son succès actuel. C’est l’un des nombreux éléments sur lesquels elle a travaillé discrètement au cours des cinq dernières années. Après avoir traversé une période sombre en 2017, où elle a souffert de mononucléose suivie d’une dépression, elle a réussi à se reconstruire. À l’époque, elle était perçue comme un grand espoir suisse, ayant déjà terminé neuvième lors de sa cinquième course en Coupe du Monde.

Malgré cela, Rast a dû emprunter des chemins sinueux pour retrouver le sommet. Elle a dû d’abord s’accorder avec le monde du sport professionnel. « Le plus grand défi que je dois surmonter, c’est moi-même », a-t-elle déclaré dans le documentaire « Le Cirque du Ski », qui a récemment suivi d’autres athlètes comme Loïc Meillard et Delia Durrer.

Un équilibre entre ambition et plaisir dans le sport

Cet hiver-là, les choses ont enfin pris forme pour la Valaisanne. Bien qu’elle ait manqué le podium à plusieurs reprises, elle s’est révélée être une compétitrice capable de performer au-delà de ses capacités d’entraînement. Cependant, elle manquait encore de légèreté. Rast se perdait dans ses pensées en course, doutant de ses compétences. « Je voulais trop contrôler, prouver que je pouvais performer comme à l’entraînement », explique-t-elle. Son entraîneur, Denis Wicki, lui a conseillé de ne pas se focaliser uniquement sur la victoire.

Maintenant, Camille gère mieux son ambition. Le passage en mode compétition se fait naturellement, car « c’est probablement l’expérience qui joue ». Si elle oublie la course à l’arrivée, c’est que tout s’est bien passé.

Le contrôle reste cependant un point crucial pour Camille. Elle souhaite être impliquée dans la planification et préfère anticiper les problèmes. « Ce n’est pas une athlète ordinaire qui se contente de suivre son programme », précise son entraîneur de groupe, Heini Pfitscher, ajoutant qu’elle est mature et sait ce dont elle a besoin. Camille recherche également un équilibre entre structure et liberté, appréciant la variété dans son entraînement, notamment le saut et la conduite libre.

En 2022, Camille a partagé dans un magazine comment elle avait perdu ce côté léger et joyeux. Après son diagnostic de mononucléose en 2017, elle a continué à s’entraîner malgré l’épuisement physique et mental. Le plaisir de skier avait disparu, et elle se sentait intérieurement vide. Ce n’est qu’en février 2018 qu’elle a décidé de mettre fin à sa saison, s’engageant dans un traitement psychologique qui lui a permis de retrouver sa joie de vivre.

Elle considère aujourd’hui cette période difficile comme lointaine et ne souhaite plus en parler. Regrette-t-elle d’avoir partagé son histoire ? Camille est partagée. « Personne n’aime être constamment ramené à son passé, mais j’espère que cela pourra inspirer ceux qui traversent des épreuves similaires. »

Une approche réfléchie après une blessure au ligament croisé

Sa capacité à s’écouter a été mise en avant dès 2019, lorsqu’elle a subi une déchirure du ligament croisé. Sa réhabilitation a été fluide, et après six mois, le médecin lui a dit : « Vas-y, ski ! » Pourtant, elle a senti que ce n’était pas le bon moment. Elle a continué à travailler sur sa condition physique et n’a rechaussé ses skis qu’après huit mois, sous une belle couche de neige poudreuse, envoyant une vidéo à son médecin qui a applaudi sa prudence.

Durant l’hiver 2022-2023, Camille a fait le choix de changer de marque de skis, un nouveau défi qui l’attendait. Ayant toujours skié avec des skis Head, elle a fait le saut vers Salomon et a même pris le rôle de pilote d’essai. Camille adore se lancer dans de nouveaux projets. Pour son 18e anniversaire, ses parents lui ont offert un vieux van, qu’elle a transformé avec passion.