Carnet de campagne : Un nuage de courlis m’emporte


JTrois courlis jaillissent du chemin devant moi. J’attrape un éclair de becs blancs, tachetés de brun, incurvés, mais je continue à marcher. Ils attendent souvent que la marée se retire sur cette parcelle de prairie côtière proche des vasières dont ils aiment se nourrir. La boue est maintenant submergée, l’eau s’étend comme une seconde peau.

Un autre groupe sort de terre derrière les ronces : quatre, cinq, six. Puis un autre, et un autre, jusqu’à ce qu’il y en ait 20 dans les airs. Je continue à marcher. Comme les courlis, je regarde la marée. Je n’attends pas sa retraite mais plutôt de l’attraper à son point de basculement, lorsque l’eau devient suffisamment sûre pour nager mais encore assez agitée pour que je puisse attraper la force des vagues et me sentir, pendant un instant, emporté.

Courlis courlis sur un rocher dans le Firth of Forth, près de Blackness, Ecosse2GH71WG Courlis courlis (Numenius arquata) perché sur un rocher dans le Firth of Forth, près de Blackness, Ecosse
« Le long craquement du cri du courlis est comme un arc tiré sur une corde. » Photographie : Ian Rutherford/Alamy

Un souffle d’aile m’arrête alors qu’un autre groupe prend son envol. Au début, cela ressemble à des nuages ​​​​de courlis qui se soulèvent et s’envolent ensemble, mais ensuite les étourneaux commencent à se différencier – des corps plus petits et plus sombres parmi des ventres blancs et de longs becs. Les étourneaux scintillent à travers les plumes légères des courlis. Les courlis glissent à travers les tremblements des étourneaux.

Ensuite, c’est le son qui les sépare. Le long craquement du cri du courlis est comme un arc tiré sur une corde – un violoncelle, peut-être, ici sur la prairie accidentée – coupant à travers le bavardage des étourneaux, jusqu’à ce que l’on ait l’impression que l’arc ne se déplace plus sur des cordes mais sur des étourneaux, alors que le son se transforme en un tremblement prolongé qui correspond à leur balancement. Je reste immobile dans la musique. J’oublie la marée. J’oublie les vagues. Je n’ai pas besoin d’eau pour être emporté.

Les courlis sont confrontés à des déclins si importants des populations reproductrices et des aires de répartition au Royaume-Uni que ce rassemblement, bien que relativement petit, ressemble à une abondance. Debout, enveloppé par la foule, je demande : qu’ai-je fait pour mériter les courlis ? C’est une question qui reste suspendue dans l’air pendant un moment, prise parmi les corps pulsants avant qu’une dernière vague ne l’emporte.





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