Cheryl Dunye, après treize ans d’absence cinématographique, annonce son nouveau film « Black Is Blue », produit par Jingletown Films. Inspiré de son court-métrage de 2014, ce thriller érotique trans sci-fi explore la vie d’un couple trans noir face à l’intelligence artificielle. Dunye, cherchant des financements en Europe, souligne l’importance de la représentation des cinéastes de couleur et son engagement à soutenir la communauté marginalisée dans le secteur technologique. La pré-production est prévue pour début 2026.
Cheryl Dunye annonce son nouveau projet « Black Is Blue »
Après une pause de treize ans depuis son film « Mummy Is Coming », la réalisatrice américaine Cheryl Dunye, connue pour son œuvre emblématique « The Watermelon Woman », se prépare à réaliser un nouveau long métrage intitulé « Black Is Blue ». Ce projet sera produit sous l’enseigne de sa société, Jingletown Films, et s’inspire librement de son court-métrage du même nom, lancé en 2014. « Black Is Blue » fait partie des projets sélectionnés pour le CineMart, le marché de coproduction du Festival international du film de Rotterdam.
Un thriller érotique trans sci-fi
Dans une interview au festival, Dunye a partagé que l’idée de ce « thriller érotique trans sci-fi » a émergé lors des premiers mois de la pandémie. En revisitant des films classiques, elle a redécouvert son attrait pour le film noir, en particulier « Sunset Boulevard » de Billy Wilder. L’histoire se concentre sur un couple trans noir dont le destin est lié par l’intelligence artificielle : Blue, une femme trans noire d’une quarantaine d’années, ancienne cadre dans une multinationale, et Black, un homme trans d’une trentaine d’années, aspirant programmeur IA.
Dunye a commencé à développer « Black Is Blue » à son arrivée dans la Bay Area. « C’était un moyen d’explorer ma nouvelle communauté et de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les personnes marginalisées dans le secteur technologique », explique-t-elle. Alors que son court-métrage suscitait l’intérêt, l’appel pour un long métrage se faisait de plus en plus pressant, conduisant Dunye à revisiter le projet plusieurs années plus tard.
Elle souligne également les thèmes pertinents du film, en lien avec la technologie et la marginalisation des personnes trans. « J’ai conçu ce projet pendant le mandat de Trump, et bien que je n’ai pas réussi à le faire financer à l’époque, je constate aujourd’hui à quel point son histoire est d’actualité », confie-t-elle.
D’après Dunye, les studios indépendants n’étaient pas prêts à soutenir un projet centré sur la technologie trans, mais la situation semble évoluer. Après avoir exploré des pistes de financement aux États-Unis sans succès, elle a décidé de se tourner vers l’Europe, espérant trouver un environnement plus favorable à la création de son film. Elle cherche des coproducteurs, notamment en France et en Grèce, et des experts en VFX pour enrichir le projet lors de sa post-production.
La réalisatrice a également souligné le soutien qu’elle reçoit en Europe, notamment de la part de Marten Rabarts, le nouveau responsable de l’IFFR Pro, avec qui elle a collaboré par le passé. « Cela semblait être une synergie, un retour à mes racines créatives », déclare-t-elle.
Dunye a également réfléchi à l’impact de son film « The Watermelon Woman », souvent considéré comme le premier long métrage d’une réalisatrice lesbienne noire. Elle s’interroge sur la représentation actuelle des cinéastes de couleur et sur les obstacles auxquels elles font face dans l’industrie, notamment aux États-Unis.
« Le soutien et les réseaux pour les cinéastes comme nous sont limités. C’est pourquoi je m’oriente vers le modèle de coproduction pour réaliser ‘Black Is Blue' », conclut-elle.
En plus de « Black Is Blue », qui devrait entrer en pré-production au début de 2026, Dunye travaille également sur un nouveau projet avec la productrice Christine Vachon, un rêve qu’elle nourrit depuis longtemps. Lors du festival de Rotterdam, elle se réjouit d’échanger avec la cinéaste argentine Albertina Carri, témoignant de son engagement à inspirer la prochaine génération de cinéastes.